L’été dernier, tous les espoirs étaient fondés sur la mise en place d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) pour gérer le club professionnel ; les collectivités en avaient même fait une condition de leur soutien. Cette structure économique, qui repose sur le principe « d’un associé, une voix », allait alors pouvoir associer les Sociochaux, qui ont largement participé à l’effort pour sauver le club avec 780 000 euros récoltés (lire notre article). Un modèle encore peu vu dans le foot, qui existe seulement au SC Bastia et qui a permis de réinventer un nouvel modèle de gouvernance autour du foot.
Au FC Sochaux-Montbéliard (FCSM), ce modèle s’est heurté à plusieurs obstacles de taille. Le premier est celui des acteurs qui ont investi dans le sauvetage du club. Les 46 investisseurs locaux ont misé des montants allant de 30 000 à 1 million d’euros. Des montants très inégaux qui ont rendu – très – difficile de faire entendre le principe du « une personne, une voix ». Pour y arriver, il aurait fallu former des « groupes d’actionnaires », mais cela aurait pu freiner de nouveaux actionnaires de se lancer, explique dans un communiqué l’association Sociochaux. Or, le club en a grandement besoin pour se pérenniser. Si le modèle bastiais a pu inspirer, le nombre d’actionnaires beaucoup plus important du FCSM a compliqué la tâche.
Il y a eu aussi la volonté des collectivités de ne pas entrer dans la gouvernance du football professionnel. Avec une volonté de leur part d’avoir un regard, sur le financier, sur la formation, mais non sur le côté sportif. « Ce consensus qui s’est dégagé correspond à la fois aux demandes des collectivités et des investisseurs privés », expose encore l’association.
Ce modèle a froissé quelques Socios, qui ont communiqué par mail pour exposer que le « pacte des socios » reposait sur la création d’une SCIC pour toute la structure. L’association rassure. Au sein du conseil d’administration, Mathieu Triclot, le président, aura une place assurant un droit de regard et de contrôle au-delà du seul rôle d’actionnaire. « Cela reste une situation rare et dont nous devons mesurer toute la valeur : des supporters-actionnaires avec une part importante du capital et un rôle garanti à la gouvernance », communique-t-il.
« Moins spectaculaire politiquement »
Les collectivités auront aussi leur rôle à jouer dans ce match. Avec une place au conseil d’administration, elles bénéficieront d’un rôle de censeur, ce qui « garantit contrôle et transparence sur l’usage des fonds publics », détaille encore l’association. Avec ce modèle, l’argent des collectivités, en partie, interviendra sous la forme d’un capital, avec la possibilité de récupérer à terme cet argent après avoir aidé le club à se relancer.
Elles auront aussi un rôle important à jouer dans la SCIC. Neuf collectivités locales vont l’intégrer. Ce modèle populaire, qui sera « effectif » au printemps, aura la charge de l’organisation et de toutes les décisions qui concerneront les finances du château de Seloncourt, le centre de formation du FCSM ainsi que le développement du football féminin. La structure sera dirigée par tous les investisseurs du projet FCSM 2028, c’est-à-dire les Socios, les collectivités et les investisseurs privés.
« C’est moins spectaculaire politiquement mais plus adapté et le modèle reste novateur avec les Socios dans le conseil d’administration », commente Pierre Wantiez, le président délégué du club.
Il sait la place importante qu’ont eue les Socios. « Ils sont une force sociale. 9 000 personnes dans le coin, ça va compter », poursuit-il. Le modèle choisi est ambitieux, explique-t-il. « Novateur » et vu nul part ailleurs. La SCIC a vocation à associer tout le monde. La SASP a vocation à continuer d’attirer des investisseurs. Et le défi est grand. « On sait ce qu’on doit. On sait aussi que notre modèle a ses limites. Qu’on n’ira pas forcément en coupe d’Europe. Mais aujourd’hui, le modèle correspond à un équilibre qui protège tout le monde. »
Cette protection est d’autant plus importante que la situation reste encore très fragile. Un plan social est en cours pour redresser le club, car le FCSM fait face à une « masse salariale disproportionnée » et une vingtaine de départs ont été actée. Pour la pérennité du club, de nouveaux apports sont espérés, attendus et nécessaires pour couvrir l’exercice 2024-2025.