(AFP)
La juridication commerciale, qui examinait en parallèle la situation de plusieurs de ses filiales, en a placé certaines en redressement et a prononcé quelques liquidations, qui sont venues s’ajouter à la quinzaine de sites d’ACI Group déjà concernés par ce type de mesures.
« Nous avons une ou deux propositions de refinancement qui nous permettraient déjà de financer la période d’observation et le tribunal – et le procureur qui est allé dans le même sens – les a prises suffisamment au sérieux pour nous accorder ce délai de respiration », a déclaré à l’AFP Me Jean-Marie Chanon.
Philippe Rivière, visage crispé avant l’audience, en est ressorti visiblement plus détendu. Se disant « optimiste », il a assuré à l’AFP qu’il avait proposé des « solutions pérennes et de long terme » pour sauver son groupe et ses salariés.
"Boulimie"
Les syndicats n’ont pas plus confiance en leur patron, déchu du mandat de gestion de sa société, confiée à des administrateurs judiciaires.
Philippe Rivière « achetait, achetait, achetait, avec boulimie » et « siphonnait les trésoreries des entreprises pour pouvoir se repositionner en sauveur », assène Fabrice Fort, coordinateur de la CGT Métallurgie de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui parle d’un « Bernard Tapie bis ».
Devant le tribunal de Lyon où la CGT avait organisé une manifestation, le syndicaliste accuse aussi l’État d’être « responsable » de la situation « avec le scandale des aides publiques accordées à ce genre de montage avec nos impôts, sans contrepartie, sans contrôle, sans transparence ».
Créé en 2019 par Philippe Rivière et Patrice Rives, ACI Group a racheté, à tour de bras et au pas de charge, une trentaine d’entreprises en difficulté, notamment spécialisées dans la fourniture de pièces pour les industries de la défense, de l’aéronautique et du nucléaire civil. Son patron, friand des médias et des réseaux sociaux, posait volontiers en défenseur de la « souveraineté industrielle française ».
Fonds vautours
Selon Bercy, la holding ACI Group a réalisé un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros en 2024 et compte à ce jour 33 entités et 1 327 salariés. Mais elle accuse une dette de 56 millions d’euros selon la CGT.
Le ministre de l’Economie Roland Lescure, qui suit de près ce dossier, a promis que l’Etat se pencherait sur « toutes les filiales les unes après les autres », dont certaines « vont bien » et d’autres « moins bien », pour « tenter de trouver des repreneurs ».
La CGT a accusé mardi, lors d’un point-presse à Paris, le gouvernement et la Banque publique d’investissement (BPI) de « dérouler le tapis rouge aux fonds vautours » pour reprendre les entreprises industrielles en difficulté.
Le syndicat a dressé un état des lieux des plans sociaux dans l’industrie, et sa secrétaire générale Sophie Binet a énuméré les exemples de projets de reprise d’entreprises industrielles en proie à des difficultés, comme l’aciériste Novasco (ex-Ascometal), où plus de 500 emplois vont être supprimés.
Lors de la reprise, au mois d’avril, Usiduc comptait 20 collaborateurs, selon ACI Group, pour un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros ; le repreneur envisageait de ne reprendre que dix-sept salariés.