La Banque de France a récolté 9 000 bilans d’entreprises en Bourgogne-Franche-Comté pour établir une synthèse de l’année 2022 qui lui permet de mesurer la résistance des entreprises face à l’inflation . L’enquête a été menée avec des entreprises de cinq secteurs différents : commerce, construction, industrie, services aux entreprises et services aux particuliers. Un focus a été fait sur plusieurs sous-secteurs, tels que l’hébergement, la restauration, le tourisme et la filière automobile.
Quelles conclusions ? Les situations financières des entreprises « sont à l’épreuve de la hausse des coûts, mais restent tout de même assez solides ». Plusieurs phénomènes sont visibles : comme la croissance des chiffres d’affaires des entreprises. Elle est importante. Moins qu’en 2021, où le rebond post-Covid a joué un rôle très important, mais pour autant, l’année 2022 se positionne favorablement par rapport à l’avant-crise. Attention tout de même. « Cela reste mesuré, car les chiffres d’affaires intègrent un effet prix important, porté par l’inflation », tempère la Banque de France.
On remarque aussi que les marges brutes progressent pour 51% des entreprises. Dans la construction, par exemple, c’est encore plus important : 56% des entreprises interrogées ont vu leur marge brute progresser. Un facteur plutôt positif. Mais qui lui aussi doit être nuancé car grand nombre d’entre elles déclarent que les marges brutes sont déjà en retrait par rapport à 2021. Aussi, elles ne bénéficient que faiblement de la hausse des revenus de l’activité. La valeur ajoutée est rognée fortement par la hausse des prix des achats et des charges externes. 57% des entreprises ont un taux de valeur ajoutée 2022 en retrait de celui de 2021. Cela se ressent particulièrement dans l’industrie, avec 64% des entreprises qui déclarent avoir une valeur ajoutée en retrait par rapport à l’année 2021.
Des investissements en progression
Les besoins de trésorerie générés par l’activité sont en augmentation « et s’accompagnent d’une quasi-stabilité d’ensemble de la dette bancaire », précise la Banque de France qui ajoute qu’en 2022, 58% des entreprises ont réduit leur endettement bancaire. Elle explique aussi que leur position bancaire est en majorité plus favorable qu’avant le covid. Cela leur permet d’investir, à un rythme ralenti, mais en progression tout de même. +4% par rapport à 2021.
La Banque de France a aussi interrogé les entreprises sur leurs carnets de commandes au 1er semestre 2023. La plupart déclarent que les carnets de commandes sont réduits, mais satisfaisants. L’activité est stable, mais « sans tendance nette », « correcte, mais sans plus ». « L’activité dans tous les secteurs se maintient en 2023, là où nous avions peur d’une récession l’année dernière, on peut constater que nous n’y sommes pas. L’activité résiste », affirme Marie-Claire Staquet, directrice départementale de la Banque de France. Pour 2024, les entreprises affirment toutefois n’avoir aucune visibilité sur les carnets de commandes, ce qui inquiète.