Au sein de l’amphithéâtre de la CCI, une cinquantaine de chefs d’entreprises, étudiants et professeurs sont concentrés sur le spectacle se déroulant sur scène. Des rires se font entendre. La troupe Reflet Théâtre performe leur pièce « Sobriété énergétique à tous les étages ». Un événement organisé par le club « les entreprises s’engagent » du Territoire de Belfort. Cette communauté regroupe une centaine d’entreprises du territoire pour deux objectifs : les accompagner et les aider à s’engager sur différentes thématiques. « Ce sont surtout des thèmes environnementaux et sociétaux », explique Magali Guédot, chargée de mission développement à la préfecture du Territoire de Belfort.
Le thème de ce mardi soir était la sobriété énergétique. Et, ce n’était pas un sujet choisi au hasard. « On ne l’avait pas encore abordé et cela tombait pendant le festival de la transition écologique et numérique », expose Magali Guédot. La troupe de théâtre a relevé le défi de mélanger humour et sensibilisation. « On amène un peu de légèreté à quelque chose qui peut paraître très corporatiste », expose Chadia Amajod, comédienne. Dans cette pièce, deux cousins et leur tante repensent le concept de sobriété énergétique en rejouant des scènes de leur vie salariale et quotidienne. Lille, Nice, Annecy, la troupe parisienne joue cette pièce dans toute la France.
Donner des clés aux dirigeants
Selon le baromètre de l’engagement des entreprises, 90 % des chefs dirigeants ont conscience qu’il faut s’engager, mais seulement 34 % d’entre eux le font réellement. Un baromètre du Crédit agricole souligne aussi la difficulté d’appréhender, dans le quotidien de l’entreprise, cet enjeu environnemental (lire notre article). L’objectif de la soirée était de donner des clés de réflexion aux chefs d’entreprises qui souhaitent s’engager dans une démarche durable. D’ailleurs, certains se retrouvent dans les situations jouées sur scène : la recherche d’un référent sobriété, la mise en place de gestes durables dans l’entreprise ou encore le décalage avec la nouvelle génération… Et ça fait même réagir. « Nous aussi on éteint les écrans le temps de midi », se félicite une spectatrice, en aparté, alors qu’un voisin susurre: « Nous, on a mis en place le tri sélectif ».
Sur scène, les personnages des deux cousins recréent un faux entretien d’embauche. Le plus jeune joue le candidat préoccupé de la politique écologique de l’entreprise. La cousine, de son côté, représente la génération qui ne comprend pas cet intérêt. Un échange humoristique, mais qui rappelle chez les dirigeants des situations vécues. « On se rend bien compte que l’on ne peut pas manager les nouvelles générations comme les générations baby boomers », admet Déborah, responsable commerciale.
Des pistes de réflexion
« C’est aussi l’occasion que les dirigeants échangent entre pairs », explique Magali Guédot. Avant de partir, la troupe donne une mission aux spectateurs : donner des objectifs à l’État, aux entreprises et aux consommateurs pour s’engager dans une démarche de sobriété. Par groupe d’une dizaine, tout le monde réfléchit. Pour une grande majorité des personnes, l’État doit être exemplaire. « Ils doivent nous montrer l’exemple », lance un étudiant depuis son siège. Du côté des entreprises, ce qui ressort le plus est le manque de sens. « Il faudrait fixer des objectifs précis », propose une autre spectatrice. Pour les consommateurs, l’objectif est simple : s’engager à appliquer des gestes simples pour réduire leur bilan carbone.
À la fin de la séance, la nuit est déjà tombée à l’extérieur. Mais les échanges se poursuivent entre les participants. L’occasion de revenir sur le spectacle auquel ils viennent d’assister. « Je trouve que la façon dont le sujet a été traité était très pertinente », souligne Éric Barthélémy, chargé de mission relations entreprises et partenariales, au conseil département du Territoire de Belfort. Pour Julien Neyer, directeur de LK Eurocar, cette pièce lui a donné des pistes de réflexion, notamment sur l’intégration des collaborateurs dans les changements. En route.

