Par Corentin DAUTREPPE, Ornella LAMBERTI pour l’AFP
Les représentants du personnel d’Hermione Retail, la société regroupant les Galeries Lafayette propriétés de l’homme d’affaires bordelais Michel Ohayon, avaient déjà exercé leur droit d’alerte en décembre afin d’obtenir des informations sur la situation d’HPB (Hermione, People & Brands). “Un mois après le lancement de cette procédure, la direction refuse de communiquer les documents demandés par l’expert sur la trésorerie de l’entreprise ou la justification des flux avec la société holding” HPB, ont dénoncé jeudi les représentants du personnel par communiqué.
Contactée par l’AFP, la direction du groupe HPB n’avait pas réagi dans l’immédiat. En outre la CFDT, premier syndicat au sein du groupe Hermione Retail, a appelé ses salariés à débrayer mardi. La déléguée syndicale centrale CFDT au sein du groupe, Muriel Scanzi, a précisé à l’AFP que le débrayage devait avoir lieu à de 12H00 à 14H00. Hermione Retail détient 26 magasins Galeries Lafayette répartis “sur l’ensemble du territoire français”. Il s’agit des magasins situés à Belfort (qui a prévu de débrayer mardi 14 février elle aussi), Besançon, Agen, Amiens, Angoulême, Bayonne, Beauvais, Caen, Cannes, Chalon-sur-Saône, Chambéry, Dax, La Roche-sur-Yon, La Rochelle, Libourne, Lorient, Montauban, Niort, Rouen, Saintes, Tarbes et Toulon, acquis en 2018 par Michel Ohayon.
HPB avait annoncé en août 2021 vouloir acquérir quatre nouveaux magasins à Tours, Pau, Rosny ainsi que l’Outlet de Coquelles, toujours selon son site internet, avec pour ambition d'”intensifier (son) maillage territorial”. L’objectif de HPB était de proposer aux villes d’y dynamiser l’offre commerciale avec une solution “tout en un”, puisque l’entité détient des enseignes généralistes (Galeries Lafayette), mais aussi spécialisées sport, jouet ou textile.
Mais l’actualité concernant les différentes enseignes propriétés de Michel Ohayon a assombri ses perspectives: Camaieu, ancien fleuron nordiste du prêt-à-porter, a été liquidé abruptement fin septembre, laissant plus de 2.000 salariés sur le carreau.
"Effectif réduit au minimum"
Go Sport a été placé en redressement judiciaire ces dernières semaines, et d’éventuels repreneurs ont jusqu’au 10 mars pour se faire connaître. Est également concerné par d’éventuelles offres de reprises l’enseigne Gap France. Faisant également partie de la galaxie d’enseignes reprises par Michel Ohayon, rachetée pour un euro symbolique en 2021, elle fait l’objet d’interrogations de la part de salariés de Go Sport. Ils sont intrigués par une remontée de quelques 36 millions d’euros de leur enseigne, financièrement mal en point, vers HPB.
HPB a de son côté annoncé mi janvier “l’acquisition de Gap France par Go Sport” pour un montant de 38 millions. Un an plus tôt Gap avait été racheté pour un euro. HPB “a racheté plusieurs enseignes elles-mêmes en grande difficulté financière: Camaïeu, Go Sport, Gap”, s’inquiète de son côté l’intersyndicale de Hermione Retail dans le communiqué. Les syndicats CFDT, CGT, CFE-CGC et CFTC des Galeries Lafayette estiment que “les projets qui avaient été annoncés sont au point mort, l’effectif est réduit au minimum” et que “le blocage des livraisons de marchandises depuis quelques jours renforce encore les craintes des représentants du personnel sur la pérennité de l’entreprise et de ses 750 emplois”.
En outre trois holdings de l’homme d’affaires Michel Ohayon ont été placées en redressement judiciaire pour le non remboursement de plus de 200 millions d’euros d’emprunts, une procédure judiciaire réclamée par Bank of China, qui n’a perçu “aucun remboursement”, après échéance, de trois prêts – de 56, 70 et 75 millions d’euros. Ces trois holdings liées au fonds d’investissement la Financière immobilière bordelaise (FIB) de Michel Ohayon, avaient permis le financement de l’exploitation ou du rachat de trois hôtels luxueux: le Grand Hôtel de Bordeaux, le Waldorf Astoria Trianon Palace de Versailles et le Sheraton de Roissy, situé sur le terminal 2 de l’aéroport Charles de Gaulle.