Pôle emploi vient de publier son enquête sur les besoins en main d’œuvre des entreprises, réalisée en fin d’année 2021. Les entreprises envisagent de recruter, s’appuyant sur un contexte économique dynamique en 2021. Le contexte international lié à la guerre en Ukraine risque de modérer certaines ardeurs. Mais des besoins restent persistants, notamment dans le domaine du service à la personne : aides à domicile ; aides-soignants…
Pôle emploi vient de publier son enquête sur les besoins en main d’œuvre des entreprises, réalisée en fin d’année 2021. Les entreprises envisagent de recruter, s’appuyant sur un contexte économique dynamique en 2021. Le contexte international lié à la guerre en Ukraine risque de modérer certaines ardeurs. Mais des besoins restent persistants, notamment dans le domaine du service à la personne : aides à domicile ; aides-soignants…
Le taux de chômage diminue. Les projets de recrutement sont en hausse. Tout comme les déclarations d’embauche. Mécaniquement, on observe une tension sur le marché de l’emploi. Cinq secteurs sont particulièrement concernés, où les demandes sont fortes : l’hôtellerie-restauration ; l’industrie ; le service à la personne ; le bâtiment travaux publics ; la logistique. Les offres d’emplois dans le commerce, la vente et la grande distribution sont en hausse de 113 % dans le Territoire de Belfort entre mars 2021 et février 2021, de 103 % dans l’hôtellerie, restauration, tourisme, loisirs et animation ou encore de 56 % dans l’industrie.
Lors de la réalisation de cette enquête, fin 2021, 105 421 projets de recrutement étaient envisagés en 2022 par les entreprises en Bourgogne-Franche-Comté, en hausse de 11,8 %. Évidemment, cette volonté peut être « revue en fonction de la tension internationale », acquiesce Jean-François Locatelli, directeur territorial Doubs-Territoire de Belfort de Pôle emploi. Il y a de « l’incertitude » née de l’invasion russe en Ukraine, que l’on ne percevait que de manière lointaine fin 2021.

Aide à domicile, Atsem, aide-soignant, animateur…
Cette dynamique de recrutement est toutefois moindre dans le nord Franche-Comté, où les projets de recrutements n’augmentent que de 4,1 % par rapport à 2021. L’Aire urbaine est particulièrement marquée par l’industrie automobile qui, si elle a des projets est aussi dans une période de transition délicate, liée depuis un an à la pénurie de semi-conducteurs, mais aussi à l’électrification du parc automobile, qui doit conduire à une diminution des besoins en main d’œuvre. Dans cette dynamique, 28,4 % des entreprises disent vouloir embaucher en 2022 en Bourgogne-Franche-Comté (23,1 % en 2021), contre 27,2 % dans le nord Franche-Comté (24,5 % en 2021).
Dans ce territoire, 52 % des projets de recrutement sont enregistrés dans le pays de Montbéliard (4 490), 40 % dans le Territoire de Belfort (3 410) et 8 % dans le pays d’Héricourt (680), soit 8 580 projets de recrutement. 64 % de ces intentions d’embauche se situent dans le secteur des services dans le nord Franche-Comté (53 % en Bourgogne-Franche-Comté), sachant que ce secteur comprend notamment les intérimaires, qui peuvent être particulièrement sollicités dans l’univers industriel. Les missions de logistiques sont aussi inscrites dans ce secteur des services. L’industrie manufacturière représente 13 % des projets d’embauche (10 % en Bourgogne-Franche-Comté), confirmant le poids du secteur dans le nord Franche-Comté et sa dynamique de locomotive pour d’autres activités (logistique, ingénierie, intérim, nettoyage professionnel…).
Mais ce que l’on recherche le plus dans l’Aire urbaine, ce sont d’abord des aides à domicile, des aides ménagers et des travailleurs familiaux (944), puis des agents d’entretien de locaux (y compris des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles), des employés libre-service, mais aussi des aides-soignants et enfin des professionnels de l’animation socio-culturel (voir ci-dessus). Ces 5 métiers représentent 30 % des projets de recrutement. À l’échelle régionale, c’est le métier de viticulteurs qui est le plus à la peine.

Des recrutements difficiles
Selon cette enquête, près de 6 projets de recrutement sur 10 sont toutefois jugés difficiles, contre près de la moitié un an avant. Cela représente une hausse de 10 points sur un an (de 48,4 % à 58,2 %). Les recrutements sont jugés difficiles à 68,5 % dans le Territoire de Belfort, contre 51,3 % dans le pays de Montbéliard et dans certains secteurs : le BTP, dont les métiers de couvreurs, charpentiers, menuisiers et ouvriers de l’agencement et de l’isolation, plombiers, chauffagistes, chefs de chantier, conducteurs de travaux ; aides à domicile, médecins, spécialistes de l’appareillage médical.
Dans l’industrie, il n’y a pas forcément beaucoup de projets de recrutement, par contre, tous les recrutements sont jugés difficiles, notamment lorsque l’on évoque des postes d’ouvriers qualifiés (chaudronniers, tôliers, métalliers, ouvriers qualifiés de la maintenance en électricité et électronique). Le recrutement des aides à domicile et des aides ménagers semblent tout aussi difficile. C’est pour contrer ce problème qu’Amaëlle (ex Domicile 90) s’est par exemple dotée de véhicules électriques sans permis, pour permettre à des agents sans permis de conduire d’être aide à domicile, tout en réduisant la facture du carburant.
Dans ces difficultés de recrutement, les chefs d’entreprises estiment que la cause est à 86,1 % liée à la pénurie de candidats. Le profil inadéquat est évoqué dans 71,4 % des cas. Le déficit d’image de l’entreprise est évoqué dans moins d’un cas sur cinq. Ces difficultés à recruter s’inscrivent surtout dans une dynamique de recul du nombre de demandeurs d’emploi. « La notion de marché du travail n’a jamais été aussi signifiante, analyse le directeur territorial de Pôle emploi. Ce sont plutôt les candidats qui vont choisir où ils vont aller, dans les entreprises mieux-disantes. » De fait, les demandeurs d’emplois encore inscrits sont souvent les candidats les plus éloignés de l’emploi ou dont les compétences ne correspondent plus au marché actuel. Et les secteurs les plus en tension recherchent des profils spécifiques qui, s’ils existent, sont déjà embauchés. La demande n’est donc pas en adéquation avec l’offre. Un effort de formation est nécessaire, mais aussi de lever « des freins périphériques (santé, mobilité, garde d’enfant », dixit Jean-François Locatelli, pour favoriser ces recrutements. Il rappelle la mise en place de 7 705 immersions professionnelles en 2021, en Bourgogne-Franche-Comté, pour présenter un métier et lever quelques clichés. Pôle emploi peut aussi prendre en charge jusqu’à 400 heures de formation d’un candidat au recrutement, avant qu’il ne prenne son poste dans l’entreprise, dans le cadre d’une préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI) ; 942 dispositifs de ce type ont été signés en 2021 en Bourgogne-Franche-Comté.
Le directeur territorial invite surtout les chefs d’entreprise à investir rapidement dans une politique de ressources humaines, pour préparer l’avenir, soit en formant ses salariés à des besoins futurs, soit en créant les conditions pour rendre son entreprise attractive à l’embauche. Des outils existent à Pôle emploi pour aider à recruter, insiste-t-il, que l’on peut mobiliser grâce au 28 conseillers entreprises de Pôle emploi, répartis dans l’Aire urbaine. Car cette enquête sert surtout à identifier les besoins, guider les conseillers et proposer les formations.