Non loin de l’A36, le concessionnaire automobile Nedey a racheté l’ancien bâtiment de l’usine Poclain en 2019, à l’entrée de Technoland II, pour reconditionner des véhicules d’occasion. Un bâtiment de 8 000 m2, sur un terrain de 4,4 ha. Actuellement, une unité de débosselage des véhicules touchés par des impacts de grêles s’est aussi installé depuis les intempéries de juin et juillet 2022.
Derrière le bâtiment, un consortium, constitué autour de Nedey, prévoit de construire un site de production et de distribution d’hydrogène vert, fabriqué à partir de déchets de bois. Le projet doit être baptisé Nede’Hy. Seulement quelques noms sont connus dans ce consortium. Le premier est la société française Haffner energy, basée à Vitry-le-François, qui porte « la brique technologique », explique Frédéric Barbier, à la tête d’un cabinet de conseils aux entreprises et qui accompagne le groupe Nedey dans le projet. Le procédé s’appelle Hynoca. L’autre acteur connu est le groupe suisse Corbat, un scieur située à Vendlincourt et Glovelier, dans le Jura suisse. Les deux acteurs développent un projet similaire en Suisse, comme l’avait présenté Le Trois, en novembre 2022 (lire notre article). Le conseil régional Bourgogne-Franche-Comté a également émis un accord de principe pour intégrer le capital du projet ; les modalités sont en cours d’études.
Le dossier a été déposé à l’Ademe, l’agence de la transition énergétique, fin septembre, dans le cadre d’un appel à projet visant à construire des écosystèmes territoriaux hydrogène, EcosysH2. L’appel à projet vise des projets assurant production, distribution et consommation. Il demande aussi de conforter 100 % les débouchés du projet.
1er site de production d’hydrogène du nord Franche-Comté
La biomasse récupérée va être chauffée à 500 °C, sans oxygène, dans le cadre d’un procédé de thermolyse. De cette étape, on récupère déjà un biochar, une sorte de poudre de carbone, noire, qui sert d’amendement au sol ; on peut donc le valoriser dans l’agriculture locale. Ensuite, on chauffe à 1 100 °C, dans un procédé de vaporeformage, pour obtenir un gaz de synthèse, renouvelable, qui a déjà des applications industrielles. Si on le purifie, on obtient alors de l’hydrogène. Avec ce procédé complet, un camion livrant 30 tonnes de biomasse va générer 5,5 tonnes de biochar et, en bout de chaine, 1 tonne d’hydrogène indiquait en novembre 2022 Haffner. Surtout, le bilan carbone de ce procédé est négatif, notamment grâce au biochar, puissant puits à carbone permettant de réduire les émissions de CO2 ; pour 30 tonnes de biomasse traitée, Haffner energy estime que 12 tonnes de CO2 sont séquestrées. Le bilan carbone est aussi négatif, car la ressource est un excédent inutilisable et trouvé à proximité. En France, la filière biochar nécessite toutefois d’être structurée et renforcée.
Les déchets de bois utilisés pour le procédé ne doivent pas être encore valorisés ; ce n’est pas une technologie de remplacement. Il faut valoriser du déchet non encore valorisé. Le projet a consolidé ses différentes sources d’approvisionnement, qui seront situées « dans un rayon de 50 km », assure Frédéric Barbier. Et les déchets seront « labellisés », note-t-il.
Si ce projet va au bout – le feu vert de l’Ademe pour son financement est attendu début 2024 – il sera le premier producteur d’hydrogène vert du nord Franche-Comté ; à titre de comparaison, la première étape de la station hydrogène de Danjoutin produira 400 kilos par jour et 800 kilos dans un second temps, lorsqu’il faudra alimenter les 27 bus Optymo.
Le projet s’appuiera sur les acteurs de l’écosystème hydrogène du territoire. Un premier projet avait été envisagé à Badevel, sur l’ancienne scierie du village. Mais là, le projet prend une dimension beaucoup plus importante. Les débouchés potentiels offerts par les entreprises installées à Technoland II, sont aussi intéressantes, notamment les acteurs de la logistique. Les communes de Badevel et d’Étupes ont marqué leur intérêt pour acheter de l’hydrogène. Et Pays de Montbéliard Agglomération s’est engagé à acheter deux bennes à ordure ménagère et sept bus alimentés par de l’hydrogène, a annoncé Charles Demouge, président Les Républicains (LR) de l’agglomération, à l’occasion du forum Hydrogen business for climate.
L’investissement est estimé entre 20 et 25 millions d’euros.