Depuis mardi, 13 h, une petite centaine de salariés, selon la CGT, tiennent un piquet de grève à l’entrée de la rue de la Découverte, au cœur du Techn’Hom, à Belfort. Les accès sont bloqués de part et d’autre de la rue, même si les salariés qui souhaitent travailler peuvent accéder à pied au site. Les grévistes travaillent à l’usine d’Arabelle Solutions où sont fabriqués les turbines à vapeur Arabelle (lire notre article) et des alternateurs. « Le mouvement vient des ouvriers », assure Sylvain, bobinier, non loin du feu de palettes alimenté depuis deux jours. Aujourd’hui, ils sont soutenus par la CGT.
En 2025, une prime de 1 000 euros était dans les tuyaux. Elle pouvait être poussée à 1 500 euros en cas de « sur-performance », explique Lionel Mattes (CGT), élu au comité social et économique de l’entreprise, tant de l’établissement à Belfort qu’à l’échelle nationale. La prime devait être distribuée en novembre et décembre, replace-t-il. Il avait été convenu avec la direction de rediscuter l’ensemble des primes de l’année 2025 ; une réunion était au programme le 10 octobre. Lors de la présentation, selon la CGT, une nouvelle mouture est proposée par la direction. On évoque alors des primes de 1 600 euros en 2026, 2027 et 2028. « Ils sont revenus avec une proposition totalement différente », indique le délégué syndical. Mais surtout, « rien en 2025 », tance-t-il. Les primes n’apparaissent plus.
Mardi, la nouvelle se répand. Les syndicats n’ont pas encore été alertés officiellement les salariés. À la machine à café, les ouvriers échangent. S’indignent. Et se comptent. Ils filent voir leur direction. L’absence de réponse les décide. Ils sortent les chariots élévateurs, rassemblent des palettes, bloquent les accès et allument le feu. En début d’après-midi, mardi, ils installent le piquet de grève. Non loin, un rotor doit justement intégré l’usine. Il patiente pour le moment sur le plateau d’un semi-remorque.

« Un point de non-retour » conduit à la grève
« On montre notre mécontentement », indique Valentin, qui s’écarte de la sono, pour être plus audible, ce jeudi après-midi. « On ne lâchera pas tant qu’il n’y aura pas d’ouverture de négociations », prévient-il. « Du jour au lendemain, on nous dit qu’on a 0 », critique Sylvain. Surtout, ils perdent une prime au moment des fêtes de fin d’année. « Si nous bloquons, c’est que nous sommes à un point de non-retour, replace Sylvain. Et qu’on n’a pas de réponse. » Personne n’est empêché d’aller travailler assurent les grévistes, qui se relaient sur le piquet entre les différentes équipes de journée et de nuit. « On fait une grève qu’on aurait jamais dû faire », poursuit-il. Valentin dénonce le « mépris » et « la déconnection » de la direction. « Les revendications, elle les entend mais ne les comprend pas », dénonce Valentin, qui assure qu’ils ne « lâcheront rien ».
Arabelle solutions est engagé dans un plan ambitieux, qui suit notamment la relance du programme nucléaire français (lire notre articles). Des investissements sont prévus. La montée en cadence doit suivre. « Arabelle Solutions est nouvelle entreprise, replace Lionel Mattes (elle et issue du rachat par EDF de la branche nucléaire de GE, ex-Alstom, NDLR). Il faut donner envie aux salariés de venir. »
Sollicitée, la direction d’Arabelle Solutions a transmis un communiqué de presse à la rédaction du Trois : « Nous avons toujours respecté le dialogue social. Ce mouvement a été initié sans échanges préalables, bien que nous ayons proposé un temps de discussion avec nos représentants du personnel. Nous restons engagés dans la recherche de solutions constructives, au service des intérêts des salariés comme de ceux de l’entreprise, dans un climat propice au dialogue. »