William Molle, responsable qualité à la plateforme courrier de Belfort, sort du site avec deux caméras en main. Il se dirige vers une fourgonnette siglée La Poste. Méthodiquement, il installe deux caméras sur le toit. Une à l’avant du véhicule, l’autre à l’arrière. L’équipement sert à mener un diagnostic voirie et signalisation, pour la mairie de Belfort. Il termine actuellement de sillonner les 188 km de routes, rues et autres ruelles de la cité du Lion, conformément au contrat passé entre la collectivité et Geoptis, une filiale du groupe La Poste, créée en 2017. « Nous devenons une société multi-services », convient William Molle. « Le groupe doit se réadapter », valide Sophie Higelin, ingénieure d’affaire Nord-Est, à Geoptis, face à la baisse constante de l’activité courrier. « Qui mieux que nous connaît l’intégralité d’un territoire, argumente William Molle. On le sillonne tous les jours ! » C’est en s’appuyant sur son réseau des facteurs que le groupe La Poste propose ce service. « Nous avons une importante force de frappe, qui intervient six jours sur sept », ajoute la cadre de l’entreprise. Et c’est une prestation neutre en carbone, car elle n’ajoute pas, dans l’écrasante majorité des cas, de véhicules supplémentaires sur la route pour mener la mission.
Si Belfort est aujourd’hui parcouru de part en part pour sonder l’état de la voirie et de sa signalisation, quatre autres communes du Territoire de Belfort ont déjà souscrit à ce service : Essert, Cravanche, Vetrigne et Bourogne. Et dans un périmètre proche, la commune de Champagney a aussi utilisé ce service. Geoptis propose également des mesures de la couverture mobile 3G et 4G, des mesures de la qualité de l’air et des mesures de la déperdition de chaleur des bâtiments.
« C’est une aide à la décision »
Le ciel gris de cette journée d’automne ne permettra finalement pas de poursuivre la tournée. Il faudra attendre un ciel plus clément. « Il faut de bonnes conditions climatiques », indique William Molle, pour que la captation d’images soit bonne. Il ne faut pas non plus qu’il ait plu avant, ce qui provoquerait des réverbérations sur la chaussée et entraînerait des images de mauvaise qualité. Il ne faut pas non plus dépasser les 50 km/h, afin de garantir une bonne qualité d’images.
Les images sont ensuite transmises à un centre situé au Mans (Sarthe). Une quinzaine de personnes, formées, étudient les images, en suivant la méthodes des Ponts et Chaussées. Geoptis s’appuie sur une compétence déjà existante à La Poste, celle des personnes intervenant dans les centres de tri et capables de lire les adresses alors que la machine patine. « Ils qualifient les images, les analysent et les interprètent », détaille Sophie Higelin. « C’est un outil qui permet d’avoir un audit exhaustif », glisse William Molle, qui a beaucoup sillonné les routes belfortaines pour mener la mission. Les caméras disposent aussi d’un signal GPS, qui permet de confirmer les rues où est passée le véhicule, mais aussi de localiser les anomalies. Geoptis fournit une note à la collectivité, avec des préconisation de travaux ou d’entretien et des priorités en fonction de l’état de la voirie, mais aussi de sa fréquentation. L’intelligence artificielle est là seulement pour flouter les gens et les plaques d’immatriculation sur les images. Ces diagnostics permettent d’améliorer la connaissance des territoires. « C’est une aide à la décision » résume Sophie Higelin.
Toujours plus de services
Dans le cadre de cette diversification, le groupe La Poste propose également un service de portage de repas à domicile, un portage de médicaments à domicile, des veilles de ses parents, en proposant des visites du facteur à domicile ou de la téléassistance. Aux entreprises et collectivités, La Poste propose aussi Proxi vigie bien ; le facteur inspecte de manière ponctuelle ou régulière l’état extérieur des bâtiments pour en détecter les anomalies.
L’audit de voirie, c’est 60 % du chiffre d’affaires de la société. Depuis 5 ans, ce sont près de 500 clients qui ont été séduits par le service, majoritairement des communes, mais aussi des Départements, des Régions ou des communautés de communes. L’entreprise croit à « vitesse grand V », valide l’ingénieure. Elle compte près de 50 personnes aujourd’hui. 50 % des clients sont des communes de moins de 10 000 habitants. Le plus petit contrat fut celui de Vétrigne, avec 3,5 km, et le plus grand Colmar, avec 250 km. La plateforme de Belfort emploie 170 agents.