Claudine RENAUD – AFP
Qu'est-ce que le rétrofit ?
Le rétrofit permet de modifier la motorisation d’un véhicule thermique en le transformant en véhicule électrique à batterie, à combustible hydrogène ou en véhicule hybride rechargeable, grâce à un kit de motorisation compatible. Le marché démarre: seuls 1.000 à 2.000 véhicules ont été rétrofités cette année en comptant les deux-roues, selon l’association des Acteurs de l’industrie du rétrofit électrique (AIRe).
Quel est son potentiel ?
Mais l’objectif est de rétrofiter près de 74.000 voitures particulières et deux roues d’ici à 2028, avec une ambition de 120.000 unités pour les véhicules utilitaires dont plus de 2.000 poids lourds. Sans remplacer la vente de véhicules électriques, “ça peut être très utile pour certains”, souligne le ministère de la Transition énergétique auprès de l’AFP. “Pour les transporteurs, il y a une vraie logique économique, vu le prix des camions, et pour quelqu’un, comme un artisan qui fait 50 à 100 kilomètres en passant par une Zone à faible émission (ZFE), ça s’adapte bien”, ajoute-t-on.
Peut-on rétrofiter tous les véhicules ?
Le marché a démarré avec des voitures anciennes, Renault R5, 4L ou 2CV Citroën. Il concerne aujourd’hui des modèles courants comme le bus Crossway d’Iveco, l’utilitaire Trafic de Renault, le cyclomoteur 103 de Peugeot et bientôt la Clio et la Twingo. Une bonne dizaine de kits de motorisation alternative ont été homologués. Une trentaine d’autres devraient suivre, selon le ministère. Depuis mardi, il est possible de faire du rétrofit sur des véhicules spéciaux: dépanneuses, camping-cars, véhicules accessibles aux personnes en fauteuils roulants, grues mobiles…
Est-ce sans danger ?
Un véhicule neuf est homologué avec certaines caractéristiques, notamment de poids. Dans le cas d’une conversion à l’électrique, le moteur est certes plus petit et léger mais les batteries beaucoup plus lourdes. C’est pourquoi les kits de rétrofit doivent être homologués. Des essais vérifient la conformité de la conversion, la tenue de route, la suspension et le freinage. Depuis mardi cependant, ces essais sont facilités.
Passe-t-on obligatoirement à l'électrique ?
Non, il est autorisé d’équiper sa camionnette ou sa voiture avec un kit au gaz GNV ou GPL, un rétrofit hybride, hybride rechargeable ou hydrogène thermique. Depuis mardi, ces opérations sont facilitées car l’entreprise qui réalise la conversion est dispensée de demander l’avis technique du constructeur pour des véhicules âgés de plus de cinq ans. “Cela élargit le spectre des transformations autorisées, ça l’ouvre à des technologies parfois pas encore matures, comme le kit hydrogène qui en est encore au stade de prototype”, estime Xavier Senecal, responsable des enseignements professionnels au lycée de référence de la profession, le Garac à Argenteuil, près de Paris. “Aujourd’hui, les gens réfléchissent à deux fois avant de changer de voiture, ils sont un peu perdus et conservent plus longtemps leur véhicule thermique. Le rétrofit permet une solution transitoire”, dit-il.
Où faire le rétrofit de sa voiture ?
Le rétrofit est surtout proposé par de petites entreprises spécialisées, certaines relativement confidentielles. Elles sont rares pour la conversion au gaz. Une vingtaine adhèrent à l’AIRe qui a rejoint au printemps le syndicat des professionnels de l’automobile Mobilians. De plus en plus d’acteurs apparaissent mais sans couvrir encore l’ensemble du territoire.
Le rétrofit est-il rentable ?
Le rétrofit figure parmi “les trois gestes les plus importants que les ménages peuvent adopter pour accélérer leurs transitions énergétiques”, souligne mardi dans son rapport annuel l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui cite aussi l’achat d’un véhicule électrique ou celui d’une pompe à chaleur. Le coût total de détention, additionnant l’achat et l’usage, est “deux ou trois fois plus économique” que l’électrique neuf, assure sur son site une entreprise de rétrofit grenobloise.