(AFP)
Les grandes entreprises européennes vont devoir publier à partir de 2024 leur scope 3, qui totalise les émissions de gaz à effet de serre en amont de la production (transport, déplacements professionnels, investissements) et en aval (déchets, utilisation et fin de vie des produits).
Même s’ils sont en plein virage électrique, les constructeurs automobiles sont parmi les industriels les plus exposés, car 98 % de leur émissions sont indirectes, liées notamment au carburant qui fait rouler le véhicule. Pour mesurer leurs émissions, la plupart des constructeurs utilisent le test WLTP, réalisé en laboratoire, contrairement aux tests en conditions réelles dont les émissions sont plus importantes.
À 45,2 tonnes de CO2 par véhicule vendu, les constructeurs sous-estiment leurs émissions, selon T&E. Elles seraient au moins 50 % supérieures, à 68,2 tonnes en moyenne, selon une méthode de calcul ajustant les émissions avec un usage réel et prenant en compte une durée de vie plausible des véhicules, de plusieurs centaines de milliers de kilomètres.
Des entreprises assez transparentes
L’ONG met notamment en cause Stellantis, Hyundai-Kia ou BMW qui ont les résultats les plus divergents. Chez certains constructeurs comme Renault-Nissan, Honda ou Ford, les émissions pour chaque euro investi seraient supérieures à la moyenne des compagnies pétrolières Shell, BP et Exxon, selon T&E.
Ces données pourraient miner le score des constructeurs en matière de normes comptables environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). “Pour que l’on puisse parler d’investissement +verts+, il faut que les données soient fiables”, a souligné dans un communiqué Marie Chéron de T&E France.
L’ONG demande notamment à ce que ce scope 3 soit mieux encadré et mieux pris en compte dans les notes ESG, qui conditionnent de plus en plus d’investissements. Selon Matthieu Maurin, cofondateur de l’Iceberg datalab, un fournisseur de données extra-financières sur les entreprises, il y a bien “un écart d’au moins 20 %” entre les données publiées par les constructeurs et leurs propres calculs. Toutefois, “ces entreprises publient leurs données et sont assez transparentes sur la façon dont elles sont calculées, contrairement à d’autres secteurs”, comme l’agroalimentaire, tempère l’expert.