[mis à jour à 17h15]
Environ 110 salariés étaient en grève aujourd’hui à Alstom, sur le site de Belfort. La raison ? « On va passer de 23 à 12 jours de RTT annuels », explique Alain Lugenbuhler, de la CFDT. Le 13 décembre, la direction a acté lors du comité social économique la décision de réduire le nombre de jours de RTT.
Depuis 1999, les sites français d’Alstom ont pu passer de 39 à 37h en réduisant le nombre de jours de réduction du temps de travail. Chaque site a décidé des modalités pour une application locale. À Belfort, le choix avait été fait de conserver les 39h à la suite d’une « concertation entre les délégués syndicaux, les salariés, la direction », explique encore Alain Lugenbuhler. « Le 13 décembre, tous les syndicats ont donné un avis négatif pour repasser sur du 37h, mais cela n’a pas été écouté », détaille le délégué syndical CFDT.
Selon les syndicats, la direction souhaite baisser le nombre de jours de RTT pour éviter les jours de fermeture de l’entreprise alors que les autres prestataires continuent de fonctionner. Cet argument les révolte. « Depuis le début, il y a des groupes pour que tout le monde ne prenne pas les RTT au même moment. Et qu’il n’y ait pas de jour de fermeture. Or, la direction n’applique plus les groupes depuis un bon moment. C’est elle qui a préféré les fermetures », commente André Fages, de la CFE-CGC.
« Une continuité de service existe bien », poursuit-il. Aussi, car un certain nombre de jours de RTT était articulé selon l’activités des services. Il y avait une gestion « d’ajustement de la charge surtout dans les secteurs de production », qui permettait à la direction de prévoir un calendrier des périodes où pouvaient être pris les jours des RTT. 11 jours sur les 23 étaient mis à disposition de l’employeur et dépendaient donc de ce fameux calendrier. « Sur ça aussi, ils n’ont pas été corrects. Au départ, ils nous présentaient un calendrier en fin d’année. Et puis au fur et à mesure, les modifications de ce tableau ont été de plus en plus fréquentes. Puis à chaque CSE Alors les salariés ne pouvaient plus s’organiser », détaille Alain Lugenbuhler. L’amerture est là.

300 salariés concernés
Selon André Fages, de la CFE-CGC, cette décision était dans l’air depuis un an, mais selon l’accord de 1999, il n’était possible de changer les modalités qu’au début d’une nouvelle année. « Ils ont aussi attendu les élections professionnelles », poursuit-il. « Dans les autres sites, les salariés ont été consultés », pointe Alain Lugenbuhler. « Nous avons peut-être une carte à jouer sur ce point, nous sommes encore en train de voir sur quel volet on peut se défendre. »
Cette mesure prise par la direction concernera tous les salariés à l’exception des cadres. Sur les 580 salariés du site, ce sont donc 300 salariés qui sont concernés entre les ouvriers et les techniciens. Sur une journée de travail, ils travailleront vingt minutes de moins par jour, sur la pause du midi, « ce qui est loin de leur changer la vie, contrairement à de vrais jours de repos », expose Eddy Cardot, délégué syndical de la CGT.
Lors d’un premier débrayage au mois de novembre à ce sujet, une petite centaine de personnes sont sortis. Ce mardi 9 janvier, ils se sont réunis bâtiment 18 pour un premier jour de grève. La mobilisation est assez importante. Une centaine de salariés se sont réunis, soit un tiers du personnel concerné. Et « 100% de la production des salariés permanents », annonce l’intersyndicale. « La direction ne réagit pas pour le moment », expliquent les représentants syndicaux, présents devant l’usine ce mardi matin. La mobilisation satisfait les syndicats. « Cela fait des années qu’on avait du mal à fédérer », remarque Alain Lugenbuhler.
Le but de ce premier jour de grève : décider des prochaines actions pour protester contre ce changement de paradigme. « Cela peut passer par des blocages, des grèves un jour par semaine, on doit décider de cela ensemble », expose André Fages.
Contactée, la direction d’Alstom expose : « Cette réduction des RTT correspond au plan du projet du site pour répondre aux besoins de compétitivité.» Elle reprécise que cette réduction s’applique depuis le 1er janvier, après un dialogue social construit à partir du mois de septembre 2023. Elle se dit « consciente » que cette mesure puisse être « compliquée » mais elle espère atteindre une « reprise totale des activités le plus rapidement possible ». Les délégués syndicaux, eux, indiquent que la grève sera reconduite mercredi 10 janvier malgré un échange avec la direction aux alentours de 15h.