Six abstentions, cinq votes contre et deux pour : le comité de groupe européen d’Alstom n’a pas manifesté un réel enthousiasme pour le projet de fusion.
Les élus du comité de groupe européen d’Alstom, invités à donner un avis consultatif, ne se sont pas opposés jeudi au rapprochement du constructeur ferroviaire français avec le groupe allemand Siemens, permettant au processus de se poursuivre, a-t-on appris de sources syndicales.
Il y a eu six abstentions, cinq votes contre et deux pour, a indiqué Daniel Dreger, secrétaire adjoint CGT du comité de groupe européen. “Ce vote, organisé à bulletin secret, reflète le peu d’enthousiasme de la représentation européenne pour ce projet”, a déclaré Claude Mandart, délégué syndical central CFE-CGC.
Lors d’une réunion à la mi-janvier, le comité de groupe européen avait retardé son vote, dans l’attente notamment de précisions sur la stratégie. Le comité avait alors été suspendu jusqu’au 31 janvier, puis de nouveau reporté à jeudi.
Fin janvier, l’intersyndicale d’Alstom France s’était de son côté prononcée “fermement” contre ce “projet de filialisation d’Alstom dans Siemens”. Elle avait prévenu qu’elle rendrait “un avis défavorable” lors de sa consultation en comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire. Ce CCE extraordinaire d’Alstom France aura lieu le 15 février, ont précisé MM. Dreger et Mandart.
Qualifiant le projet d’“opération financière“, l’intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CGT et Force ouvrière juge que “les garanties pour la préservation des sites et des emplois sont loin d’être concrètes et sérieuses” et “les craintes de plus en plus fondées sur l’avenir” d’Alstom, avait-elle indiqué mercredi dans une lettre ouverte au ministre de l’Economie Bruno Le Maire. “Nous percevons mal l’intérêt stratégique, économique et industriel pour Alstom d’un tel rapprochement que cela soit à court et à moyen terme”, écrivent les quatre syndicats, qui demandent à être reçus par le ministre.
Annoncée en septembre, la fusion d’Alstom avec les activités mobilité de Siemens doit donner naissance au numéro deux mondial du matériel ferroviaire roulant et au numéro un de la signalisation ferroviaire, dans un contexte de forte concurrence chinoise. L’assemblée générale des actionnaires d’Alstom doit approuver la fusion en juillet. Siemens va apporter ses activités ferroviaires et signalisation à Alstom, en échange de la moitié du capital du groupe français, dont il pourra dépasser les 50,5% du capital après quatre ans. Il sera majoritaire au conseil d’administration. Alstom, qui fabrique notamment le TGV ou des rames de métro, emploie 32 800 salariés, dont 9 000 en France.
(AFP)