« C’est un investissement historique à Belfort », a déclaré Damien Meslot, maire de la ville (Les Républicains), ce jeudi lors d’une conférence de presse. Soulignant que c’est la première fois depuis 2013 qu’Alstom injecte des fonds pour agrandir ses infrastructures locales. Le terrain de 12 000 m², a été cédé par la ville à l’euro symbolique à la société d’économie mixte Tandem, qui s’occupera des travaux avant de revendre le bâtiment à Alstom. « Quand Alstom va bien, Belfort va bien », a ajouté le maire. Poursuivant : « Cette construction confortera Belfort comme le moteur industriel du nord Franche-Comté. Cela fait partie de nos enjeux de souveraineté. »
Le bâtiment, dont la livraison est prévue pour le second trimestre 2026, mesurera 250 mètres de long, permettant d’accueillir une rame complète de train ; sa superficie est de 3800 m2. Équipé d’une voie unique, d’une fosse pour vérifier les organes de roulement, de deux ponts, d’un accès en toiture et de dispositifs permettant de soulever une rame entière, cet atelier sera un poste de travail ultra-fonctionnel. « On sera en capacité de tout faire. C’est un poste de travail de plus de 200 m de long dont on avait besoin en complément », a précisé David Journet, directeur d’Alstom Belfort. L’atelier sera destiné « à la préparation des services commerciaux des nouveaux trains et à la mise en fiabilité des équipements ».

Développement de l’activité
« C’est un investissement majeur pour nous qui va compléter nos infrastructures sur nos sites historiques. On continue à écrire les pages d’une relation historique avec l’usine dans la ville. Et cela va dans un plan plus large de développement de l’activité pour améliorer notre compétitivité », a détaillé David Journet.Alstom, qui était descendu sous la barre des 500 salariés il y a quelques années, emploie aujourd’hui environ 800 personnes à Belfort, incluant une centaine d’intérimaires et de prestataires. Cet investissement est vu comme un signal fort pour la pérennité du site. Le directeur a ainsi rappelé que le site de Belfort « allait bien » et était diversifié : « Il ne se limite pas à la production des TGV M. » Il est également impliqué dans la maintenance de locomotives, la rénovation de tramways, et mène des projets de recherche et développement sur des énergies alternatives, notamment l’hydrogène. Quant à la poursuite de l’activité sur le long terme, David Journet assure avoir « une bonne visibilité sur le cahier des charges ».
Concernant le lieu, le choix du parking Albert-Charles Meyer comme emplacement va nécessiter des ajustements urbains. Ce lieu, habituellement utilisé pour la fête foraine, continuera d’accueillir les manèges, mais les caravanes et camions seront délocalisées, sans plus de détails pour le moment. « Des discussions sont en cours. Il faut que tout le monde trouve sa place dans notre ville », a précisé Damien Meslot.
L'opposition questionne le don
Par téléphone, Samia Jaber, conseillère municipale d’opposition de gauche à la Ville, se questionne, quelques heures après la parution de l’article. « Nous avons appris par la presse la nouvelle. L’acquisition du terrain n’est même pas encore passée au conseil municipal.» Sans s’opposer à cette décision, elle regrette qu’il n’y ait pas eu l’ombre d’un débat.
Y-a-t-il des perspectives d’emplois ? Des clauses ont-elles été mises dans le contrat, une clause de revoyure par exemple ? Quel type de bail va être signé ? « Nous défendons l’idée qu’il doit y avoir des clauses avec des contraintes. Il y a d’autres possibilités que de se jeter dans les bras de grosses entreprises du CAC 40 sans condition. Quand il fallait défendre Alstom, nous étions dans la rue. Mais désormais, l’entreprise va bien et il aurait fallu mettre des conditions, notamment pour s’assurer qu’elle va continuer à créer de l’emploi.» Elle met notamment en relief les aides données à des entreprises comme Faurecia : « 800 000 millions, sans engagement derrière, et on voit ce que cela donne. Nous sommes mauvais sur ces sujets. »
Le maire, recontacté, explique qu’il présentera le projet devant le conseil municipal le 30 janvier : « L’opposition aura l’occasion de poser des questions. Mais rien n’interdit que je fasse une conférence de presse avant pour parler du projet et dire que je vais le proposer au conseil municipal.» Il réaffirme son ambition, un brin taquin : « La politique est l’art des choix. Le choix est de vouloir céder à l’euro symbolique le terrain pour que Tandem puisse construire un bâtiment qui sera revendu à Alstom. Pour une fois qu’Alstom se développe, c’est du bonheur. Profitons-en et célébrons-le tous ensemble. »