Lionel. Mathieu. Thibault. Ils sont trois frères. Et ils dirigent conjointement Vermot, depuis 2019, la société créée par leurs parents, Denis et Geneviève, en 1989. L’histoire commence à Saint-Geoges-Armont, dans le pays de Clerval. Une commune de 125 âmes. Le couple s’installe comme exploitant agricole. Nous sommes dans les années 1970. Ils élèvent des vaches laitières, pour la fromagerie de Clerval. La ferme est à une poignée de kilomètres de l’usine, installée aujourd’hui dans la zone d’activités de Rang, en bordure d’A36. Pas loin des terres de naissances des trois gaillards.
Aux tournants des années 1980, l’élevage évolue. On adopte notamment le principe de la stabulation libre ; les vaches y circulent librement pour manger, boire, se coucher. À force de passer le racleur, Denis Vermot s’aperçoit que le béton de la stabulation glisse. Les vaches se blessent. Le risque est grand d’en perdre une. « Il cherche alors une solution car il s’aperçoit qu’il n’est pas le seul à avoir ce problème », confie Mathieu Vermot, le cadet de la fratrie. Il est en charge de la communication, du marketing et de l’informatique de la société.
Denis Vermot découvre dans les Vosges le principe du rainurage du béton. Il cherche alors une machine pour le faire. Il en trouve une. « Elle n’était pas très efficace », confie Mathieu. Alors, Denis crée sa machine. Plus puissante. Et plus lourde. Donc plus efficace. Mais l’utilisation de cet outil qui s’apparente à un motoculteur est particulièrement pénible. C’est ainsi que nait l’idée de fabriquer une automotrice. Il s’associe avec un fabricant. Et la première machine voit le jour en 1997. Sa petite sœur nait en 1999. Elle est jaune. Elle est ainsi baptisée « J1 ». Les rainures façonnées font 10 à 13 mm de profondeur, 18 mm de large et on compte 60 mm entre chaque rainure.
Une machine conçue à 100 % par Vermot
À l’automne, les trois frères ont dévoilé les contours de la J9, dernière évolution de la gamme. Nouveauté : elle a été totalement conçue et fabriquée par Vermot. Depuis 2020, l’entreprise s’est dotée d’un bureau d’études. Pour les chantiers, mais aussi pour ses machines. La dernière version de la machine est plus réfléchie, les pièces sont faites en petite série afin de faciliter la maintenance. Elle dispose de plans en 3D. On sort de l’ère artisanale. La dernière-née de la famille affiche 5,6 tonnes sur la balance, propose 170 chevaux sous le capot, 1,75 mètre de large pour une amplitude de travail d’1,7 mètre. Sa hauteur ? 2,5 mètres. Ses trois rotors sont dotées de molettes carbures.
« Notre expérience nous a permis de développer une machine robuste, facile à entretenir et adaptée aux contraintes réelles des chantiers. Concrètement, cette machine offre une durée de vie supérieure à 20 ans, des coûts et des temps d’entretien optimisés, ainsi qu’une empreinte environnementale réduite », détaille Thibault Vermot, responsable technique de l’entreprise. « Cette machine est bien plus qu’un simple outil pour nous. Elle représente la concrétisation de notre vision : concevoir, fabriquer et innover au service des agriculteurs, mais aussi d’autres secteurs en forte demande », expliquent Lionel, Mathieu et Thibault Vermot. Récemment, ils ont notamment été sollicités par un industriel pour faire une rigole dans une usine. Ils avaient la réponse.
Dans l’atelier, on trouve des équipements qui feraient pâlir de nombreux industriels. Des machines chinées ici et là comme un centre d’usinage cinq axes, une découpeuse plasma ou encore une plieuse. Dans ses équipes, Vermot dispose de mécaniciens, mais aussi de mécano-soudeurs. « Nous sommes hyper réactifs en cas de panne », assure Thibault Vermot, le benjamin. Surtout, l’entreprise est autonome. Un vrai choix de l’équipe en place. L’esprit agricole, sans aucun doute.
Près de 3 000 chantiers assurés par an
L’équipe dirigeante poursuit aussi la diversification de l’activité. Elle propose ainsi une méthode de scarification, qui consiste à déglacer les bétons pour donner une meilleure adhérence. Cela peut être fait après un rainurage, au bout d’une bonne dizaine d’années, afin de prolonger la durée de vie. Vermot propose encore du rainurage à partir de disque diamant, plus précis et du rainurage de caillebotis. Surtout, elle se penche toujours sur de nouvelles activités ou de nouveaux outils.
L’entreprise, qui compte plus d’une trentaine de salariés (la moitié à Rang) intervient en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Belgique ou encore en Suisse. Elle assure près de 3 000 chantiers par an. Elle enregistre un chiffre d’affaires de plus de 4 millions d’euros, dont plus d’un tiers se fait à l’export. En 2024, l’entreprise a traité 70 hectares de dalle béton.
Après le développement de la nouvelle machine, les trois frères planchent sur un projet d’extension de leur usine, en 2026, « en doublant la surface d’atelier », explique Mathieu Vermot. Le chantier implique de déménager leur chaudière biomasse. Ils veulent l’agrandir et proposer un réseau de chaleur aux voisins. C’est en cours de discussions. Ils vont aussi installer des panneaux solaires sur la toiture. « Il y a toujours des améliorations en cours », confie Mathieu. Et cela fait près de 40 ans que ça dure.