8 000 emplois doivent être créés dans la filière hydrogène d’ici 2030 a annoncé Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Énergie, à l’occasion d’une visite à l’usine Gen-Hy, dans le pays de Montbéliard, où il a confirmé le soutien de l’État à hauteur de 100 millions d’euros à l’entreprise (lire notre article), dans le cadre du Piiec (projet important d’intérêt européen commun). « Toute filière qui se structure a besoin de soutien », a-t-il assuré, alors qu’il venait décliner la nouvelle stratégie hydrogène de la France, « re-calibré ». « Il faut parler métier », a noté le ministre pour « susciter des vocations » dans ce domaine.
Lors de cette visite, il a aussi confirmé le soutien de l’État au projet d’école hydrogène porté par le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté ; 6 millions d’euros sont fléchés vers ce projet, par France 2030, pour un projet qui s’élève à près de 15 millions d’euros. « La formation, c’est la mère des batailles », a-t-il assuré, louant l’investissement de Marie-Guite Dufay, présidente socialiste du conseil régional. 10 millions d’euros avaient été espérés par les acteurs régionaux. La filière hydrogène a identifié 84 métiers, qui sont majoritairement des métiers à adapter à cette technologie.
« Cœur du réacteur »
Aujourd’hui, on dénombre près de 90 formations qui informent, sensibilisent ou forment à l’hydrogène en Bourgogne-Franche-Comté, « dont l’essentiel est dans le nord Franche-Comté », valide Marie-Guite Dufay. Que ce soient des études secondaires ou des études supérieures. Le ministre a, sur ce sujet, été accueilli au Crunch Lab de l’UTBM, où il a échangé avec des étudiants suivant une formation dans ce domaine. « Parmi les formations spécialisées, citons le parcours CMI Hydrogène Énergie et Efficacité Énergétique (Université Marie-et-Louis-Pasteur) et le Mastère spécialisé Hydrogène- Énergie à l’UTBM, sans compter les doctorats insérés dans les laboratoires de recherche (Femto-ST, ICB, Drive), indique le projet déposé par la Région à France 2030. L’expertise universitaire a irrigué les enseignements dans les niveaux Master, Licence et BUT, ainsi que, sous l’impulsion du Rectorat et de la Région, plus de dix formations de Bac Pro à BTS. La formation professionnelle est aussi concernée, avec la Licence Pro Maintenance des systèmes industriels H2 de l’UIMM Franche-Comté́, ainsi que la création d’une sensibilisation ATEX pour toutes les formations industrielles financées par la Région auprès des demandeurs d’emploi. »
« C’est un label qui mobilise l’ensemble de l’appareil régional de formations », apprécie Marie-Guite Dufay. « Les industriels trouveront ici le terreau idéal pour les compétences », souligne Marie-Guite Dufay. « Les compétences sont le levier le plus important pour les entreprises, appuie-t-elle encore, en marge du discours du ministre. Les compétences sont le cœur du réacteur. »
Ce projet d’école hydrogène est porté par le conseil régional, une singularité. Il a répondu à un appel à manifestations d’intérêt (AMI) dédié aux compétences et métiers d’avenir (CMA). D’autres structures, en France, ont été retenues par cet appel à projet. Le projet de Bourgogne-Franche-Comté seul réunit surtout un consortium de 19 partenaires, publics et privés. Une autre particularité. On compte par exemple l’université Marie-et-Louis-Pasteur, le Pavillon des sciences, le centre de formation des apprentis de l’industrie, Forvia, Danielson, H2SYS, le Pôle véhicule du futur, Genh-hy ou encore l’union des industries et des métiers de la métallurgie. La Région intervient comme une cheffe de fil.
Coordonner
Cette école n’est pas un lieu. Elle ne délivre pas de diplômes ni de formations. Son objectif est de compiler les offres de formation autour de l’hydrogène, de les réguler, pour notamment voir si tous les besoins de la filière sont comblés. Elle vise à identifier les trous dans la raquette. La mission de l’école est de faire connaître les formations existantes, d’orienter les apprenants vers ces formations et de mieux rediriger les formations vers les entreprises. Elle pourrait, par exemple, créer un « portail d’information dédié à l’h2 », comme elle le suggère dans son rapport soumis à France 2030
Cette école hydrogène compte bien créer d’autres formations ou colorer des parcours existants : des formations en sécurité comprenant des modules autour des zones ATEX (où le risque explosif est important). Elle pourrait aussi créer des modules qui complèteraient des formations existantes. Les entreprises attendent aussi de la sensibilisation à la question énergétique dans des fonctions supports : juridique ; technico-commercial…
L’argent permettra de financer l’équipe de projet, mais aussi des équipements pédagogiques, validés par les entreprises : on évoque un tracteur hydrogène à l’Agrocampus de Vesoul (Haute-Saône) ou des groupes électrogènes d’entreprises locales (H2SYS). Les entreprises pourraient aussi ouvrir leurs sites pour former, en proposant leur plateau technique.