Par Taimaz SZIRNIKS – AFP
Le constructeur automobile a publié mercredi un bénéfice net en forte baisse sur l’année 2024, à 5,5 milliards d’euros (-70%), pour une marge opérationnelle de 5,5%. Le groupe met notamment en cause ses difficultés en Amérique du Nord, en passe d’être réglées selon lui. Après le départ de Carlos Tavares, évincé en décembre, le groupe prévoit de rebondir en 2025 avec un nouveau directeur général et le lancement de modèles ambitieux comme la Citroën C3 Aircross et la Fiat Grande Panda. Le groupe a par ailleurs provisionné 768 millions d’euros supplémentaires pour ses rappels liés aux dangereux airbags Takata.
Prévisions floues
« Bien que 2024 ait été une année très contrastée pour l’entreprise, avec des résultats en deçà de notre potentiel, nous avons franchi d’importantes étapes stratégiques », a déclaré le président du conseil d’administration de Stellantis, John Elkann, cité dans le communiqué. Mais le groupe reste flou dans ses prévisions, annonçant « une croissance positive du chiffre d’affaires avec une marge opérationnelle courante à « un chiffre » », et un vrai rétablissement à partir du second semestre.
Stellantis traverse une passe très difficile après des années de profits record, et a pioché 6 milliards d’euros dans sa trésorerie pendant l’année. Au deuxième semestre 2024, avec des ventes en baisse, des véhicules vendus moins chers, et des usines parfois à l’arrêt, Stellantis a tout juste atteint l’équilibre avec 0,3% de marge.
Les quinze marques du groupe ont vu leurs livraisons de voitures baisser de 12% au cours de l’année 2024, plombées notamment par un recul de 25% en Amérique du Nord. Sur ce marché-clé pour le groupe, le chiffre d’affaires s’effondre (-27%, à 63,4 milliards d’euros) à cause d’une baisse des ventes avec l’arrêt de certains modèles (Dodge Charger et Challenger, Jeep Cherokee et Renegade) et de promotions lancées pour réduire les stocks de véhicules.
Les concessionnaires américains voyaient les voitures s’empiler sur leurs parkings à cause de tarifs jugés trop hauts par les clients. Après s’être attaqué aux stocks européens au premier semestre, le groupe a multiplié les offres en Amérique du Nord et y a fait baisser ces stocks de 20% sur un an, soit plus que prévu jusqu’ici. Au total, le groupe a réduit ses stocks de 268 000 véhicules en un an.
En Europe, le chiffre d’affaires baisse de 11% à 59 milliards d’euros, et une fin d’année marquée par la transition entre deux générations de véhicules, ainsi que plusieurs retards de lancement dus à des problèmes de qualité.
En Amérique latine, la baisse des monnaies argentine et brésilienne a empêché le groupe de profiter de ventes pourtant en augmentation (+4%). La marque de luxe Maserati a confirmé être au fond du trou avec seulement 11 000 voitures vendues sur l’année, et doit se relancer avec un nouveau patron.
En attendant le successeur de Tavares
Alors que Stellantis s’est démarqué dans le secteur automobile depuis sa création en 2021, par des marges à deux chiffres, ses prévisions pour 2025 reflètent « le stade précoce de la reprise commerciale » du groupe ainsi que « les incertitudes accrues du secteur » automobile, précise la direction.
Le directeur général du groupe Carlos Tavares a fait les frais de ces difficultés fin 2024 et le conseil d’administration de Stellantis doit annoncer le nom de son remplaçant au premier semestre. L’équipe de direction intérimaire a déjà entrepris de solder l’ère Tavares, réputé pour sa dureté, en annonçant une « collaboration accrue avec les concessionnaires aux États-Unis et en Europe pour accélérer le retour à la croissance », une « communication intensifiée avec les fournisseurs », et un « dialogue plus soutenu avec les gouvernements ».
Le groupe a aussi redonné de l’autonomie à ses dirigeants dans les différentes zones géographiques, créé une direction mondiale de la qualité et une nouvelle direction marketing.
Stellantis prévoit de verser un dividende de 0,68 euro par action, sous réserve de l’approbation des actionnaires. Le constructeur automobile Stellantis dévisse de
plus de 5% à la Bourse de Paris dans les premiers échanges, après avoir publié
mercredi un bénéfice net en forte baisse en 2024 et encaissé un important recul de ses marges au second semestre. Le titre du groupe perdait 5,04% à 12,80 euros dans un indice CAC 40 en hausse de 0,62%, vers 09h20.