Avec AFP
Carlos Tavares a bénéficié, pour 2024, d’une rémunération atteignant 23,1 millions d’euros, en baisse de 37% par rapport à l’année 2023 (36,5 millions). La rémunération du dirigeant était composée d’une majorité de primes variables liées aux résultats de l’entreprise, et Stellantis a vu ses marges divisées par deux en 2024, provoquant sa mise à l’écart.
Début décembre, des informations de presse en France et en Italie, avaient évoqué des primes de départ allant de 50 à 100 millions d’euros pour le patron portugais. Stellantis avait démenti ces chiffres « surévalués ». D’après le rapport annuel, le groupe Stellantis, maison mère des marques Peugeot, Fiat ou encore Chrysler, a conclu un accord avec M. Tavares prévoyant 2 millions d’euros en indemnités de départ « tel que requis par la loi néerlandaise » puisque son siège est situé à Amsterdam. M. Tavares doit toucher en plus « 10 millions d’euros au titre d’un bonus dans l’atteinte d’une étape de transformation de l’entreprise », concernant notamment l’électrification des gammes de véhicules.
La rémunération de l’ex-patron pour l’année 2024, elle, est composée d’une part fixe de 2 millions d’euros à laquelle s’ajoutent plusieurs primes atteignant 20,5 millions d’euros. D’abord « 10 millions comme prime pour atteinte d’une étape dans la transformation de l’entreprise » et « 10.514.494 euros représentant le reste de la charge des primes long terme, réglé en action de la société », précise le rapport.
Pour l’année 2024, Carlos Tavares a aussi touché 500.000 euros de « prestations de retraite » de la part de Stellantis. En revanche, aucun bonus de performance n’a été versé au dirigeant, les objectifs financiers n’ayant pas été atteints.
Mercredi, le groupe Stellantis a présenté des résultats annuels avec un bénéfice net en fort recul sur l’année 2024 à 5,5 milliards d’euros (-70%) et une marge opérationnelle à 5,5% après un exercice marqué par les difficultés, notamment en Amérique du Nord. La rémunération de l’ancien patron, l’une des plus élevées dans l’industrie automobile, a souvent fait l’objet de polémiques en France et en Italie. Depuis son arrivée à la tête de Stellantis, fondé en janvier 2021 à la suite de la fusion de PSA et Fiat-Chrysler, Carlos Tavares a touché plus de 100 millions d’euros de rémunération.
La CFDT dénonce une prime de départ "indécente" pour Carlos Tavares
La CFDT s’indigne du montant de 12 millions d’euros versé à Carlos Tavares au moment de son départ de Stellantis. Une somme jugée « difficile à avaler » par le syndicat, alors que les augmentations salariales des employés restent limitées.
Selon la CFDT, l’ex-PDG devait initialement percevoir 2 millions d’euros en indemnités de départ, conformément au droit néerlandais. Pourtant, 10 millions supplémentaires lui ont été attribués sous forme de bonus, en récompense d’une « étape de transformation de l’entreprise ». Une annonce qui contraste fortement avec la récente négociation salariale, marquée par la rigueur budgétaire. « On espérait un réveil éthique, mais non, comme toujours c’est l’appât du gain qui l’emporte », déplore le syndicat.
La CFDT pointe un profond déséquilibre entre les décisions de la direction et la réalité vécue par les salariés. « Comment comprendre une telle somme et une telle rémunération quand l’augmentation pour les plus bas salaires sera de 28 € ? », s’interroge-t-elle. Le syndicat rappelle également que la part variable des cadres et des salariés éligibles sera amputée de moitié en raison d’objectifs non atteints.
Si le versement d’une prime de partage de la valeur (PPV) est salué, la CFDT insiste sur la nécessité de privilégier des revalorisations salariales durables. « On ne bâtit pas une politique de rémunération sur des primes », martèle-t-elle. Pour le syndicat, la direction doit impérativement restaurer la confiance en interne : « C’est bien tout un pan de la politique sociale de l’entreprise qui est à revoir. » Il attend désormais du futur CEO des « gestes forts en faveur des salariés » pour rétablir un dialogue social apaisé.