Fabien Dorier
Avant toute chose, qu’Alexandre Pierre soit rassuré s’il lit ces lignes : aucune intention de notre part de lui porter la poisse. On sait les footballeurs superstitieux (même s’il ne faut pas, car… cela porte malheur) et jusqu’à son appel définitif, puis son départ indemne en sélection, le gardien sochalien n’est que virtuellement retenu pour la Coupe du Monde qui se tiendra cet été en Amérique du nord.
Alexandre Pierre et sa sélection d’Haïti se sont qualifiés il y a quelques jours pour le rendez-vous planétaire de 2026. Il s’agit d’un événement pour l’un des pays les plus pauvres du monde, qui n’avait pas été à pareille fête depuis cinquante-deux ans. C’en est aussi un pour le FC Sochaux-Montbéliard : l’appel d’un joueur en sélection n’est pas une évidence quand on évolue en National, le troisième échelon du football français.
Seulement quatre Coupes du Monde sans joueurs passés par Sochaux
Pour autant, rares sont les éditions de la Coupe du Monde (4 sur 22 pour être précis) depuis 1930 à ne pas avoir retenu un joueur ayant porté le maillot sochalien dans sa carrière. À lui seul, le capitaine sochalien Étienne Mattler a même participé aux trois premières éditions de la compétition ! En 1938, il est convoqué, comme toute la défense du club, chez les Bleus. Un ensemble (mal) surnommé Ligne Maginot, en hommage aux fortifications censées défendre la France face à l’Allemagne… et qui furent contournées en 1940.
Après-guerre, les joueurs ou ex-joueurs sochaliens ont continué à représenter la France, tels François Remetter et Jean-Jacques Marcel pour monter sur la troisième marche mondiale en 1958. Rust, Bats, Genghini et Stopyra en firent de même en 1986. Et s’il n’y a pas eu de Sochaliens champions du Monde en 1998 et en 2018, deux figuraient dans les finalistes malheureux de l’édition de 2022 : Ibrahima Konaté et Marcus Thuram. Deux éléments qui peuvent très raisonnablement être sélectionnés en 2026.
Dans les sélections étrangères également
On nous opposera qu’Alexandre Pierre, franco-haïtien, défend les couleurs d’une sélection étrangère. Le FCSM affiche également dans ce domaine un beau bilan. Le premier étranger à disputer une Coupe du Monde en ayant évolué dans les rangs sochaliens se nomme Ismaïl Raafat, un Egyptien qui a participé à l’édition 1934 avant de jouer en Franche-Comté.
Plus récemment, Omar Daf a brillé en 2002 avec le Sénégal, comme Ryad Boudebouz en 2010, avec l’Algérie. À l’image de l’attaquant croate Ivan Perisic, finaliste avec la Croatie en 2018, le contingent d’anciens Sochaliens appelés est toujours plus conséquent. Ils étaient huit au coup d’envoi de la Coupe du Monde 2022, battant le record de 2010 (sept éléments).
Alexandre Pierre, même s’il sera le premier de la zone dite CONCACAF (Amérique du nord et Caraïbe) à représenter le FCSM en Coupe du Monde, compte de nombreux prédécesseurs… Et l’on écrit cela sans vouloir lui porter la poisse, bien sûr.
