Les militaires parlent du « brouillard de la guerre », comme le souffle cette élue de gauche du pays de Montbéliard. Une idée attribuée à Carl Von Clausewitz, développée dans De La Guerre. L’expression souligne l’incertitude des informations dans un conflit. Depuis dimanche soir et l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, par Emmanuel Macron, les événements se précipitent. Ils se répondent d’heure en heure. Se contredisent. Se relancent. À l’échelle nationale. Mais aussi à l’échelle locale, par ricochet. Des noms de candidats circulent, se confirment, avant d’être complètement abandonnés.
L’acte 1 se déroule ce mardi 11 juin. À la mi-journée, Éric Ciotti, président du parti Les Républicains, annonce une alliance de son parti avec le Rassemblement national. De nombreux cadres du parti, dont Ian Boucard dans le Territoire de Belfort ou les élus de la majorité LR du conseil départemental du Doubs présidé par Christine Bouquin (lire notre article), témoignent de leur indignation et appellent à la démission d’Éric Ciotti, élu à la tête du parti en décembre 2022. Selon Le Figaro, la moitié des sympathisants LR approuvent pourtant cette alliance.
Un accord entre les deux partis est signé dans la foulée. 75 circonscriptions sont libérées par le Rassemblement national à un candidat du parti Les Républicains confirme Jacques Ricciardetti, délégué départemental du RN dans le Doubs, conseiller régional, ancien maire de Tressandans, commune de la 3e circonscription du Doubs.
Depuis dimanche, son nom a circulé, comme celui de Nathalie Fritsch, candidate en 2022, pour représenter le Rassemblement national le 30 juin dans cette circonscription du Doubs. Selon les accords de mardi, la circonscription revient à un candidat Les Républicains confirme Jacques Ricciardetti.
Jacques Ricciardetti : « S’il faut coller les affiches de Matthieu Bloch... »
Pendant quelques heures, le nom de Philippe Duvernoy, adjoint à la maire de Montbéliard, en charge de la sécurité, a été évoqué. C’est finalement celui de Matthieu Bloch qui est retenu dans la 3e circonscription ; il était candidat en 2022 dans… la 4e circonscription où se situe le village de Colombier-Fontaine, dont il est maire. Le président des Républicains du Doubs confirme sa candidature, dans l’après-midi, ce mercredi 12 juin. Au détriment de celle de Philippe Duvernoy, qui attendait, ce mercredi, de savoir s’il était investi ou non.
Matthieu Bloch était, par contre, plus mesuré sur l’alliance avec le Rassemblement national, lorsqu’il est questionné sur le sujet. L’exclusion d’Éric Ciotti et la folle journée au siège du parti à Paris, ce mercredi, en acte 2, rebattent les cartes. Le Niçois a lancé une pétition pour « soutenir le rassemblement des droites » et a confirmé qu’il reste le président, après avoir indiqué que la décision était « illégale ». Marion Maréchal-Le Pen s’émancipe, de son côté, d’Éric Zemmour – pourtant élue sous sa bannière aux élections européennes ce dimanche 9 – pour appeler à soutenir les candidats LR-RN.
Jacques Ricciardetti estime qu’il y aura « sûrement » des recours et « [ces] accords » sont « plébiscités » par la base. Ils ont été réalisés « en bonne forme juridique quand il (Éric Ciotti, NDLR) était président des LR », glisse-t-il. « Jusqu’aux dernières nouvelles », le logo du RN doit bien être « à côté » de celui de LR sur l’affiche de Matthieu Bloch. « Aujourd’hui, c’est Matthieu Bloch qui a récupéré le gant », indique-t-il. « Chez nous, c’est très clair. »
De son côté, la maire LR de Montbéliard, Marie-Noëlle Biguinet, est très discrète sur le dossier. Des positions qui suscitent d’importantes réactions. « Biguinet sauve sa ville », souffle un élu proche de la majorité, qui estime que ces élus devront faire face « à leurs responsabilités ». Jacques Ricciardetti, dit se retirer « sans amertume » de l’élection. « S’il faut coller les affiches de Matthieu Bloch, [je le ferai]. »
Le Doubs est décidément au cœur de l’explosion du parti Les Républicains. Quand les questions se posent autour des soutiens de Matthieu Bloch, Annie Genevard, la députée du Doubs, est nommée co-présidente du parti avec François-Xavier Bellamy, après l’exclusion d’Éric Ciotti par le comité exécutif ; il ne sera pas investi par le parti.
Qu’en sera-t-il de Matthieu Bloch ? Va-t-il poursuivre ? Les événements se bousculent. Encore et toujours. Avec leurs conséquences à l’échelle locale : « Avec LR et Reconquête, on ne sait pas ce qu’ils font là-haut », glisse, pour sa part, un militant RN du nord Franche-Comté. Qui a bien saisi que les choses vont encore bouger. Et que les conséquences sur la gouvernance de Pays de Montbéliard Agglomération sont certaines alors que les postures vis-à-vis du Rassemblement national vont être bousculées.