Le 35e régiment d’infanterie vient de valider un programme de stage commando, créant ainsi le centre d’instruction commando de l’As de trèfle. Un outil d’entraînement qui vise à aguerrir les Gaillards. Reportage.
Le 35e régiment d’infanterie vient de valider un programme de stage commando, créant ainsi le centre d’instruction commando de l’As de trèfle. Un outil d’entraînement qui vise à aguerrir les Gaillards. Reportage.
Il est 9 h 45. Le brouillard vient de se lever. Au fort de Chèvremont, une trentaine de militaires du 35e régiment d’infanterie s’activent sur un parcours d’audace regroupant 9 agrès pas loin d’évoqués une via ferrata ; il est installé sur le mur de l’enceinte militaire construite en 1889-1890. Les traits des soldats sont tirés. Même le maquillage qui camoufle le visage de ces Gaillards n’arrive plus à dissimuler la fatigue accumulée depuis près de 10 jours.
La veille au soir, ils ont fait une longue marche. Ils sont partis du fort de Giromagny, ont rejoint la planche des Belles-Filles, puis l’étang des Belles-Filles avant de filer à la roche du Cerf, à Lepuix-Gy. Là-bas, une descente en rappel les attendait pour terminer leur nuit d’efforts. Ils ont ensuite rejoint le fort de Chèvremont vers 5 h. À 6 h, le réveil claironnait. Et c’était reparti pour une nouvelle journée de stage commando.
Ces jeunes soldats participent au premier stage du centre d’instruction commando du 35e régiment d’infanterie, qui vient d’être labellisé. « C’est un outil pour entraîner nos Gaillards sur le plan physique, technique, tactique et psychique », explique le colonel Jean Augier, le chef de corps du régiment, à l’initiative de ce programme complet. « J’ai profité du travail de mes prédécesseurs (notamment la création de la piste d’audace au fort de Chèvremont, NDLR), indique l’officier, et de ce que souhaite le général Burkhard, chef d’état-major de l’armée de terre. »
« Ancrer l’esprit guerrier »
Pendant 15 jours, les soldats ont multiplié les marches, les exercices de combat en corps-à-corps, les bivouacs, les parcours d’audace, les exercices nautiques, les descentes en rappel. Avec une volonté : les confronter à l’imprévu et à l’incertitude. « On les prépare aux conditions plus dures, à des conditions dégradées », explique le colonel. On cherche à « ancrer l’esprit guerrier et à le forger », poursuit-il. « Ils apprennent à se dépasser, à aller au bout d’eux-mêmes », complète le capitaine Thomas, chef de stage et instructeur commando. Les gestes sont répétés pour être reproduits « efficacement », de nuit et avec tout le barda. Mais l’apprentissage se fait avec un important déficit de sommeil. « Le but, c’est qu’ils prennent conscience de ce qu’ils peuvent faire », valide le lieutenant Steve, moniteur-instructeur commando.
Dorénavant, les jeunes recrues participeront à ce stage d’initiation commando de 15 jours, à la fin de leur 6 mois d’intégration. Cet outil pourra aussi être déployé pour poursuivre l’aguerrissement des soldats des différentes sections du régiment, avec des formats sur 3 semaines. À la fin du stage « ils reçoivent un insigne métallique », indique le chef de corps. Une reconnaissance qui valide ce stage commando. Un stage qui contribue à la préparation et à l’aguerrissement des Gaillards. Dans cette approche, le colonel Jean Augier rappelle l’héritage du colonel de Maud’Huy, qui a dirigé le 35e régiment d’infanterie de 1910 à 1912. : « Il a travaillé sur l’excellence tactique et la force morale pour bien préparer les hommes aux combats. Sa bonne préparation aux combats a permis de sauver des vies. C’est un bel héritage », glissait, au mois de janvier, le colonel Jean Augier. Le régiment belfortain est l’un des seuls à avoir des mentions de victoires à l’été 1914 sur son drapeau (Alsace, Ourcq). La préparation a sûrement beaucoup compté.
Quentin, 1re classe, au 35e RI depuis 2 ans et 7 mois
« C’est une expérience à faire. Malgré toutes les missions que j’ai déjà faites, je n’avais jamais fait ce genre d’aguerrissement. Pour développer les compétences, il n’y a rien de mieux. On se dépasse. C’est stimulant. Il y a de la fierté. Cette nuit, on a dormis en bivouac, sur une bâche en plastique. On a arrêté à 5 h. Pendant 20 minutes, on s’est lavé avec des lingettes et on a mis du talc sur les pieds, pour éviter de transpirer et limiter les frottements. Et à 6 h, on était réveillé. Le manque de sommeil, ça ralentit. Parfois, on a du mal à comprendre des consignes simples. Mais ça va. On se donne à fond.”