Le rappeur belfortain Pihpoh, très attaché à ses racines, un peu chauvin – selon ses termes – revient en force avec un nouveau single, La Parisienne. Refrain entêtant, flow caractéristique et beat dansant : ce titre était une belle occasion de parler musique, concert, et album à venir, intitulé Césure. Rencontre.
Le rappeur belfortain Pihpoh, très attaché à ses racines, un peu chauvin – selon ses termes – revient en force avec un nouveau single, Parisienne. Refrain entêtant, flow caractéristique et beat dansant : ce titre était une belle occasion de parler musique, concert, et album à venir, intitulé Césure. Rencontre.
Tu as enregistré le clip un an jour pour jour avant sa sortie. Ce n’était pas prévu comme ça à la base, le confinement retardant un peu la sortie de ton titre. Par rapport au confinement, qu’est-ce que cela t’a apporté d’un point de vue artistique ?
Avec mon équipe, on a eu vraiment de la chance. Pendant le premier confinement, on a pu aller en studio, à Belfort. On a fait attention, on n’était pas 15 et on en a profité pour créer, peaufiner les choses car on savait bien qu’au moment où on allait tous respirer, il allait falloir envoyer les choses. Ça nous a permis de prendre du recul sur certains projets qu’on avait. Ce n’était pas la période la plus idéale en termes d’inspiration, parce que moi j’aime bouger, rencontrer les gens et voir d’autres choses. Donc là, forcément, c’était un peu plus compliqué. Ce qui était chouette, c’est que la plupart de mes titres étaient créés ou pratiquement finis. J’avais juste à peaufiner, j’avais déjà créé l’EP (extented play, c’est-à-dire un album de 6-7 chansons, NDLR). Je me suis penché dessus 3-4 mois avant. Quand c’est arrivé, je me suis dit : « Ok, les gars. On choisit tant de titres et puis on y va. » Le confinement m’a permis d’enregistrer le feat avec Gaël Faye. Il court tellement partout… Encore plus que moi ! On a réussi à le faire ce titre.
Tu anticipes ma question. J’ai vu que tu faisais deux collaborations sur ton futur album, avec Gaël Faye et Claudio Capéo. Comment sont-elles nées ?
Avec Claudio, on se connait depuis très, très longtemps. J’ai ouvert plusieurs concerts pour lui, notamment sur sa tournée de Zénith. Gaël Faye, je le connais depuis encore plus longtemps. On a fait les toutes premières scènes hip-hop sur Paris ensemble en 2009-2010. J’ai fait sa première partie au Moloco il y a un an et demi. Je le voyais vraiment sur un de mes titres, je voulais qu’il fasse un couplet dessus. Je pensais que la problématique allait lui plaire, et je ne me suis pas trompé. Ça m’a vraiment touché.
Combien de titres retrouvera-t-on finalement ?
Il y en aura sept !
Comment tu définirais ton rap ? Est-ce qu’il a évolué avec les années et avec le confinement ?
Il faut espérer que ça soit comme le vin, que ça se bonifie avec le temps ! De là à dire qu’il s’est amélioré, j’espère, parce que je fais de plus en plus attention et je prends de plus en plus de recul. Je m’entoure de personnes compétentes, qui ont des regards avisés sur les textes. Je peux leur faire relire. En fait, oui, mon entourage s’est bonifié. Mes paroles, ma musique, au-delà du rap – parce qu’on parle de musique avant de parler d’une esthétique – ont muri.
Les personnes avec qui tu travailles… Plutôt de Paris ou du Territoire de Belfort ?
Je suis resté très chauvin. Je suis allé chercher les personnes les plus compétentes pour m’accompagner sur scène et en studio, natifs de Belfort. Le cocon vient d’ici.
Est-ce que tu as des muses, des personnes qui t’inspirent pour ton rap ?
Dans le rap, il y a des gens comme Oxmo, Roce, mais aussi Gaël Faye qui m’inspirent. Dans la chanson française, il y a Brel, Gainsbourg. Prévert en auteur, et surtout, ma muse si on doit en définir une : c’est tout ce qui m’entoure. J’ai du mal à parler de moi. Je trouve qu’au bout d’un moment, on tourne un peu en rond à ne parler que de soi. Je trouve ça chouette de parler de ce qui nous entoure plutôt que de parler de soi.
C’est vrai que Jacques Brel, Serge Gainsbourg était de vrais paroliers. Pourtant, c’est Aznavour que tu avais choisi pour ta reprise qui t’a propulsé à l’Olympia.
Au départ, pour ma reprise lors du concours des Musiciens du Métro (retrouver notre article ici), je voulais faire Le Poinçonneur [des Lilas] de Gainsbourg. Mais il me fallait de la matière textuelle, je voulais un flot assez rapide. À cette époque, j’ai choisi le morceau d’Aznavour car c’est le morceau qui raconte mon histoire : le métro qui allait m’emmener du métro à l’Olympia. J’ai marqué le coup avec le morceau Je m’y voyais déjà. Quand j’ai réussi à la structurer et à reprendre cette phrase mythique pour en faire un refrain, j’ai vu que ça collait bien. Mes compositeurs ont réussi à trouver tout de suite l’arrangement qui fallait. La cerise sur le gâteau, c’est qu’Aznavour avait validé la reprise. Le choix s’est fait naturellement, c’était prévu pour que ça se passe bien.
Pour tes instrus, comment bossez-vous avec Pierre Michelet et Arnaud Krivaneck ? D’abord instrus ou d’abord paroles ?
Je trouve [mes inspirations] que sur instru. Toujours. C’est fatigant, usant pour les compositeurs car ils me proposent beaucoup de choses et, parfois, ça ne me parle pas. Mais à force, ils commencent à vraiment bien me connaître. Mes gammes, mes harmonies, mineur, majeur, ce qui va le plus me toucher. Je bosse avec eux depuis 10 ans déjà.
Retour en arrière…
Ton plus beau concert ?
Les Eurockéennes, c’était vraiment fou (2018, NDLR).
Le concert qui s’est le plus mal passé ?
Il y en a plein ! Il y en a un, je ne sais plus où en Suisse, où il y avait deux personnes dans la salle : les techniciens. Il y avait un orage de ouf, coupure de courant, mauvaises conditions réunies.
Le pays où tu as préféré aller en tournée, pour la richesse culturelle ou ce que tu as pu voir ?
Le Brésil. J’ai pu y aller quatre fois. J’y suis super attaché.
Quelle première partie que tu as faite, t’as le plus marqué ?
Iam. C’était il y a longtemps. Mais il y en a eu plein, avec Claudio Capéo, Gad Elmaleh.
Ta plus belle rencontre artistique ?
Jesers. Il vient du rap, il fait aussi du slam, musique du monde. Il vient de Mulhouse. C’est mon grand frère de sang.
Tes prochaines dates de concert ?
30 juillet à Langogne, et 31 juillet en Suisse.
Dans tes instrus, il y a un vrai lien entre la variété, le hip-hop et le rap. C’est ce que tu préfères ?
Je ne me suis jamais fixé de barrières. C’est toujours à l’instinct. C’était d’ailleurs parfois un peu difficile pour avoir des albums homogènes. J’aime bien partir dans tout les sens. Le rap c’est une esthétique, mais ça reste de la musique. Ce qui m’intéresse, c’est la musique. J’ai aussi été super influencé par la musique brésilienne. Dans l’album, on retrouvera des touches d’Amérique latine grâce à tous les voyages que j’ai pu faire.
Le morceau que tu préfères ? Celui dont tu es le plus fier ?
Je les aime tous. Il y en a un qui m’a marqué parce qu’on l’a tourné au Maroc. Celui qui sortira en septembre. Vous verrez.
Sur le single que tu viens de sortir, il y a un gros travail sur la métaphore. D’où vient le nom Parisienne ? Est-ce là où tu as commencé à fumer, Paris ?
C’est par rapport à la marque Parisienne, marque suisse de cigarettes. J’avais envie de m’amuser à jouer sur le rapport à la cigarette. Je me suis dit que les gens, sans voir le clip, pourront penser à un lien amoureux avec une femme. Je voulais qu’ils soient décontenancés en voyant le clip et qu’ils puissent l’interpréter comme ils avaient envie.
Début septembre, tu dévoiles un nouveau morceau, à quoi doit-on s’attendre musicalement ? Même vibe que Parisienne ?
Pas du tout. Ce ne sera pas du tout le même concept que le premier morceau.
Trois mots pour décrire ton nouvel album ?
Césure ça marche ? Non, je dirais “amour”, “addiction” et “évasion”.