C’est une page importante de l’histoire du Moloco, à Audincourt, qui se tourne. David Demange, qui a mené la mise en place de la scène de musiques actuelles (Smac) au début des années 2010 a pris la direction de la Rodia, à Besançon. Depuis le 1er mars, il est remplacé par Matthieu Spiegel, qui était directeur du festival international de musique universitaire (Fimu) de Belfort depuis 7 ans. À la Pentecôte, on l’a encore vu à Belfort, pour favoriser la transition. Depuis, « la page se tourne définitivement », convient celui qui a aussi été programmateur au Noumatrouff, à Mulhouse (Haut-Rhin). « Je suis toujours arrivé dans des projets avec des ADN forts et un capital historique fort », relève Matthieu Spiegel, très enthousiaste par ce nouveau challenge.
Son focus est placé sur l’accompagnement des jeunes groupes. Leur détection. « Il y a beaucoup de talents dans le pays de Montbéliard ou le Territoire de Belfort », souligne Matthieu Spiegel. « Si on n’est pas pro-actif, leur premier réflexe est de partir vers les métropoles », alerte-t-il. Il vient donc de lancer deux dispositifs d’accompagnement, que les groupes soient amateurs ou en voie de professionnalisation : Moloc’Up et Co’Banger. Le premier s’adresse aux esthétiques rock, avec des groupes à guitare ; ils ont souvent eu des contacts avec les studios de répétition du Moloco. Le second dispositif s’adresse plutôt à l’univers rap et aux musiques électroniques. Moloc’Up propose une aide artistique, des résidences ou un accompagnement pour trouver un label ou un manager. Les groupes retenus dans le dispositif Co’Banger ne connaissent pas souvent l’environnement des salles de concert. L’idée du dispositif est de rendre ces groupes « sensibles au live », leur montrer « que c’est important pour leur histoire », explique Matthieu Spiegel. Aujourd’hui, sept groupes sont accompagnés par les deux dispositifs, qui se place en amont de l’accompagnement d’Iceberg, qui était déjà un palier supplémentaire vers la professionnalisation. « C’est un travail de fourmi », souligne le nouveau directeur. Surtout, l’accompagnement des groupes se projette sur 2 ou 3 ans.
« Grand écart »
Si Matthieu Spiegel veut apporter « un nouveau regard » au Moloco, il ne veut pas le faire au détriment du passé. Il veut notamment poursuivre le travail de création, sur lequel la salle est bien identifiée. Il réfléchit à quelque chose de pluridisplinaire, pourquoi pas avec le théâtre de Marionnette de Belfort et La Poudrière.
Le covid a durablement fragilisé les salles de concert. Mais depuis quelques mois, la dynamique est de retour. Le public aussi. On retrouve les ferveurs d’antan. Mais c’est tout frais. Et il faut surtout intégré qu’une partie de la jeunesse, qui aurait dû découvrir les concerts à cette période, n’a toujours pas mis les pieds dans une salle de concerts. C’est un véritable défi. « Il faut que les jeunes voient la musique actuelle autrement que dans les festivals ou dans les Zenith », estime surtout Matthieu Spiegel. La programmation doit donc maintenir les dates classiques, lien de confiance avec son public, et caler des moments plus orientés vers la jeunesse. Comme ce le sera le week-end des 8 et 9 décembre, avec Mass Hysteria programmé le vendredi soir et Werenoi le samedi soir. « Nous voulons cultiver cet exercice du grand écart », explique le directeur. Il travaille également sur un nouveau festival, qui sera dévoilé à la rentrée, qui doit notamment impliquer l’ensemble du pays de Montbéliard, composé de 72 communes. « C’est un nouveau cycle qui démarre », confie-t-il. Et la jeunesse est au cœur du projet.