Olivia Frisetti et Corentin Teissier
“J’ai voulu prouver que les femmes étaient tout autant légitime que les hommes dans ce milieu”, lance Kayane, assise sur le canapé en cuir de la salle d’interview au sein de la Necronomi’Con. La jeune gameuse de 31 ans, toujours pressée par le temps, revient sur son vécu. “J’ai commencé à jouer avec mes grands frères dès mes 4 ans.” Puis elle ajoute : “A l’école, on me collait l’étiquette de la geek boutonneuse insociable”. A 9 ans, Kayane rêve de rencontrer des gamers. Elle participe alors à des tournois mixtes le week-end. ”J’allais en tournois pour me faire des amis mais on m’a fait comprendre que je n’y avais pas ma place”, renchérit-elle. Dès ses premiers pas dans le monde du jeu vidéo, elle se heurte aux critiques sur son jeune âge et son genre.
Le constat est clair, aujourd’hui, les critiques envers les femmes ne s’ébranlent pas. “Ça progresse dans le mauvais sens. Beaucoup de gameuses sont harcelées et reçoivent des commentaires de haine sur internet”, s’agace-t-elle. La streameuse soulève le manque d’effort des plateformes comme Youtube ou Twitch : “La modération est trop laxiste”, souffle-t-elle avant d’ajouter : “Surtout certains forums qui préfèrent laisser passer le harcèlement pour l’audience plutôt que le bien-être des femmes”.
Entre son contenu et sa présence aux conventions, la trentenaire sait faire la différence : “Les gens derrière leur écran et la communauté que je rencontre me montrent deux mondes très éloignés”, explique-t-elle. Elle remarque aussi que la parole se libère au sein du monde du gaming grâce à une prise de conscience collective. Malgré l’accentuation du harcèlement, Kayane renchérit : “Je me sens plus soutenue par les hommes qu’avant. Ça a un côté rassurant, on se sent enfin comprise”.