Loéva Claverie
En début d’après-midi, alors que la ville transpire déjà sous un soleil brûlant, la petite salle du 19, Crac (Centre régional d’art contemporain) de Montbéliard, offre une fraîcheur salvatrice. Sur les tables disposées sur les côtés gauche et droit de la pièce, des installations intrigantes se présentent. Douze étudiants du Master 1 en Produits et services multimédias en technologie de l’information, de l’Université Marie & Louis Pasteur, y exposent et présentent au public leurs créations, réalisées tout au long de l’année dans le cadre du projet Rhizome.
Un projet réitéré chaque année pour les étudiants du niveau Master 1, le thème de cette édition étant « Ecologie et intelligence artificielle ». « Rhizome c’est l’idée de l’interconnexion, des choses qui ne vont pas en ligne droite. C’est un projet qui allie tous les enseignements du M1, comme le son, le graphisme », explique Ahmed Mostefaoui, professeur du Master. « L’écologie est un thème qui nous tient à cœur et avec l’émergence de l’IA générative, l’objectif était que nos étudiants la voient comme un allié plutôt qu’avec un œil peureux. »
Ces derniers ont d’ailleurs eu carte blanche pour leur projet. Seule contrainte : travailler avec l’IA générative.
Faune en détresse
En rentrant dans la salle, des taches de couleur sur la droite attirent l’œil. Plateau de jeu, cartes, flyers et petites figurines s’étalent sur la table dans un joyeux mélange. Il s’agit du projet « Faune en détresse », conçues par Elora Perrin, Julie Alves, Victoria Steib-Audy et Agathe Eccher. Pensé de manière similaire à un jeu de l’oie, le jeu a pour objectif « la prévention de l’impact de la pollution sur les animaux », expliquent ses créatrices.
Le but du jeu ? Être le premier animal sauvé. Pour cela, les joueurs – représentés chacun par une figurine animale – doivent avancer sur le plateau avec le dé et répondre à des questions. Une bonne réponse : le joueur reste sur sa case. Une mauvaise réponse : il recule d’une case. Le but final est de rallier le sanctuaire situé au milieu du plateau.
Sur chaque carte de question figurent trois réponses possibles, ainsi qu’un QR code menant à des images ou des vidéos explicatives en rapport avec la question. Elles sont destinées à illustrer les impacts physiques et psychologiques des pollutions sur les animaux. « La conséquence peut être comportementale, par exemple les abeilles désorientées à cause de la pollution », explique une des inventeuses. Ces vidéos et images peuvent se lire sur téléphone ou tablette.

Les créatrices se sont servies de l’IA pour monter les vidéos et ont utilisé des algorithmes pour générer les cartes. Les questions et les réponses ont été faites avec l’aide du chatbot Chatgpt. Dans ce projet qu’elles qualifient d’ « hors norme », « tout le reste est physique ». Soit les pions, le plateau, les cartes. « Le but était d’allier physique et numérique », résument-elles. « C’est l’approche qu’on a identifiée comme étant la plus facile, pour atteindre un public jeune, qui est beaucoup sur les écrans. C’est participatif donc plus efficace qu’un documentaire. »
Ces quatre projets ne sont pas destinés à être développés, mais Ahmed Mostefaoui s’est avancé en annonçant qu’ils pourront à nouveau être présentés au grand public lors d’une journée sur le multimédia et l’IA, qui sera probablement organisée courant novembre ou décembre 2025.