Sous un soleil enfin généreux sur le site du Malsaucy, les Eurockéennes s’animent. Depuis 19h, des festivaliers affluent sur le stand de France Bleu, curieux des sondages et tendances de votes en cours dans le pays. À 20h, ils étaient une vingtaine à sauter de joie devant le fief de la radio, à l’annonce des résultats. Regard ému, joie, soulagement, alors que le Nouveau front populaire est annoncé en tête dans le pays, avec en deuxième place le groupe de la majorité et en 3e place, le Rassemblement national. Dans les files pour se restaurer, quelques accès de joies. Des applaudissements. Les réactions oscillent entre émotion et soulagement. L’ambiance reste sereine, sans débordement. La fête prime, avec en tête d’affiche le grand concert de David Guetta. Dans la Greenroom, l’une des scènes du festival, une soixantaine de professionnelles s’affaire pour maquiller gratuitement les festivaliers et festivalières, qui ressortent le visage de toutes les couleurs, mirés de multiples paillettes. Tout sourire.
Dans la foule, les festivaliers se pressent pour assister à la première de la soirée, avec le groupe Bagarre, sur scène à 20h. « Le groupe a pleuré de joie quand je leur ai annoncé les résultats du second tour », raconte comme anecdote un journaliste de France Inter, parti les interviewer quelques minutes avant leur concert. Les festivaliers, eux, scrutent leurs téléphones, pour certains. Commentent discrètement le résultat. Ils sont en fait assez peu. La majorité profite de l’instant présent, loin des enjeux politiques, et beaucoup se refusent de donner leur avis sur le scrutin.
Dans un espace feutré, loin du tumulte, où se restaurent quelques invités du festival, un groupe de quatre hommes débat. « C’est une catastrophe ! », commentent-ils. L’un d’eux vit dans la 2e circonscription de Haute-Saône, où Emeric Salmon, du Rassemblement national, a été élu dès le 1er tour. « Je vote à droite, mais cela ne me choque pas que le député RN ait été réélu au 1er tour. Les gens de la campagne sont en colère, ont peur de l’étranger. » Le commercial de carrière, d’une quarantaine d’années, se désole du score de ce soir. « Je ne tolère pas les extrêmes. » Cette première place du Nouveau front populaire le rebute : « Cette extrême-gauche, c’est juste horrible. » Son ami Bruno, 59 ans, ajoute avec ironie : « Au moins, j’aurai peut-être la retraite à 60 ans. » Pour lui, le vote pour le Nouveau front populaire n’est qu’un rempart contre l’extrême droite, se déclarant lui-même de la droite « classique ».
Un peu plus loin, un groupe de jeunes femmes fume au bord de l’eau. Téléphone en main, Chloé, Belfortaine, 25 ans, explique : « J’ai voté pour Florian Chauche (député sortant LFI de la 2nde circonscription du Territoire de Belfort, battu). Quand je vois qu’il perd d’un point face à un député d’extrême-droite, je suis dégoûtée. Il n’est pas d’ici, il ne connaissait pas nos communes. Comment c’est possible ? » Son ami, Benoît, historien, venu de Paris, tempère. « Nous avons voté pour le Front populaire. Et au niveau national, c’est un choix qui a payé. » Tout à côté, un homme rigole. Il refuse de donner son nom, mais le dis haut et fort : « Ce pays, à partir d’aujourd’hui, va être ingouvernable. Mais je ne suis pas là pour parler de ça. » Main dans les poches, il se dirige vers le stand de boissons, replaçant sa casquette sur le sommet de son crâne. Ainsi, les Eurockéennes suivent le cours de leur dernière soirée, alors que les festivaliers se pressent dans la fosse, encore boueuse, pour voir David Guetta. 22h30, il démarre. Offrant le dernier show de la soirée, avant de clôturer le festival. Rendez-vous le 3, 4, 5 et 6 juillet 2025 pour la prochaine édition.