Il était 21 h 41, ce samedi 22 février 2003. Jacques Chirac est président de la République. Et Dominique de Villepin a prononcé son célèbre discours au siège des Nations-Unies, à New York, où il expose son opposition à une intervention militaire en Irak, quelques jours auparavant. Dans l’Est de la France, la terre tremble. Un séisme de magnitude 5,4 sur l’échelle de Richter secoue le quart nord-est de l’Hexagone. L’épicentre se situe à proximité de Saint-Dié-des-Vosges. Il ne fait pas de victimes, ni de dégâts importants. Mais il fragilise de nombreux édifices, dont les galeries historiques de la maison Lourdel, à Delle, qui abrite la mairie.
Cette bâtisse d’exception, qui accueille aujourd’hui l’hôtel de ville, a été construite au XVIe siècle. Au XVIIIe siècle, une galerie extérieure en bois est aménagée, « en direction du tertre du château », rappelle sa notice des Monuments historiques. Le séisme a fortement endommagé l’ensemble. « Cela a fortement impacté les galeries dont les structures se sont déboîtées et ont dû être étayées », détaille la présentation du projet par la fondation du patrimoine. Le mur en pierre qui soutient la galerie menaçait aussi de s’effondrer, fragilisant la structure globale de la maison Lourdel. « Si on ne le faisait pas, ça fragilisait le bâtiment de la mairie », explique Sandrine Larcher, la maire de Delle. Si des étais ont été installés rapidement après 2003, il y avait urgence d’intervenir pour reconstruire le mur du rempart et restaurer les galeries.

Les galeries, un symbole de Delle
Avant de lancer les travaux, il a fallu trouver les financements pour boucler un budget d’un million d’euros. La fondation du Patrimoine a participé, ainsi que la mission Stéphane-Bern (notre article), le conseil régional Bourgogne-Franche-Comté, le conseil départemental du Territoire de Belfort, la communauté de communes du Sud Territoire (CCST) ou encore la direction régionale des affaires culturelles (Drac) ; la Ville de Delle a participé à hauteur de 220 000 euros.
Les galeries historiques sont accessibles depuis le début du printemps ; les travaux ont duré un an. « Le mur a été démonté pierre par pierre », raconte Sandrine Larcher, admirative du savoir-faire des artisans qui sont intervenus sur ce chantier. Les boiseries ont été démontées pièce par pièce, puis numérotées. « C’était un vrai puzzle », image Sandrine Larcher. Si elles n’étaient pas en bon état, elles étaient adressées aux services de la Drac qui les examinaient. Si elles ne pouvaient être reprises, il fallait retrouver un bois ayant la même essence et de la même époque confie l’édile. « C’était en chantier d’exception », observe-t-elle.
Cette galerie fait le lien avec l’ancienne enceinte fortifiée de Delle. Et sa restauration fait le lien avec le passé de la cité. « C’est un symbole », relève Sandrine Larcher, qui s’est saisie de cette restauration, avec ses équipes, depuis plusieurs années.
Cet objet historique immortalise, dorénavant, des moments d’exception. Après s’être dit oui, les jeunes mariés quittent la mairie en redescendant par les escaliers de cette illustre galerie.