Jade Belleville
Les premières chansons commencent à résonner sur le festival Unik d’Audincourt. Ce jeudi 27 juin, Luiza, la chanteuse franco-brésilienne, ouvre le bal. Les basses de sa discographie électro-pop se font entendre sur plusieurs centaines de mètres. Au sein du village prévention du festival, Florence, Céline et Thierry, bouchons d’oreilles en place pour filtrer le bruit, profitent de l’événement.
Ils sont présents pour une association de réadaptation et de défense des devenus-sourds ; Aux creux de l’oreille. « L’objectif est de rendre visible un handicap invisible », explique Florence, orthophoniste. Sur le festival, Florence, Céline Barsot, secrétaire de l’association et Thierry Fresse, responsable local, sensibilisent le grand public au risque de perte d’audition. Le plus grand danger lors d’un festival est « l’exposition prolongée au bruit », précise Florence. Afin d’éviter cela, il était important pour l’association d’intervenir directement dans les festivals. « C’est un endroit où les gens sont heureux. C’est sorti du contexte d’un cabinet », explique Florence en désignant autour d’elle les festivaliers passant devant le stand.
Comme solution, l’association propose des casques et des filtres auditifs à moindre coût. Cela permet aux festivaliers de profiter de l’événement tout en protégeant leur audition. Céline Barsot, touchée par une perte de l’audition, explique avoir pris le réflexe de mettre « directement [ses] bouchons ». « C’est un risque insidieux. La perte de l’audition peut arriver après l’exposition au bruit », prévient Florence.
« On rend la perte de l’audition humaine »
Avec leur présence sur le festival Unik, les trois bénévoles veulent sensibiliser les personnes sur les risques du quotidien. Et notamment la jeunesse, qui est leur cible principale. « Les jeunes ont la mauvaise habitude d’écouter de la musique jusqu’à l’endormissement », déplore Florence. Elle explique également les conséquences néfastes que peuvent avoir l’écoute de la musique avec un casque ou des écouteurs sur le long terme.
De son côté, Céline Barsot pointe du doigt la maquette d’une oreille posée sur la table du stand : « Les enfants sont interpellés par l’oreille. Nous, on leur explique son anatomie. » C’est un moyen de faire connaître les risques aux enfants, mais aussi aux parents. Avec ce stand, « on rend la perte de l’audition humaine », souligne Florence.
L’association Au creux de l’oreille n’est pas seulement présente au festival Unik, mais sillonne la Franche-Comté : le Fimu, Festival de la Paille ou encore le No Logo. Elle propose aussi des actions sur l’année. « Il y a, à Belfort et à Besançon, des réunions une fois par semaine », liste Florence. L’objectif de ces rendez-vous est de proposer du temps d’apprentissage à la lecture labiale, à la fois pour les personnes touchées par une perte auditive, mais aussi pour leurs proches. « Le but est de rompre l’isolement social », déclare Florence, qui se dirige vers une famille, pour équiper un enfant d’un casque. Ce sera le but des quatre jours, protéger au maximum les festivaliers. Car après le festival Unik, l’association restera pour Rencontres & Racines, jusqu’au dimanche 30 juin.