La maison est une œuvre d’art en lui-même, où les pièces s’approprient d’un thème pour le faire vivre. Le salon Blanc, très zen, succède à la cuisine, qui allie modernité et tradition. Le métal de l’industrie se mélange au bois et à la vieille pierre. Dans le salon, l’ancienne affectation du lieu, une clinique vétérinaire, est encore visible grâce à la présence d’un scialytique. Au mur, les visages introspectifs et instinctifs – si ce n’est des autoportraits – de Lina Khei, l’énigmatique artiste montbéliardaise qui porte toujours le masque, toisent le curieux. « C’est une manière de se cacher et de se montrer en même temps », analyse Anne Deuker Girard. L’artiste expose une quarantaine de toiles.
À L’appARTement, le lieu et l’artiste se rencontrent dans un écho singulier ; ce lieu habité confère une âme à la galerie. Et ça se retranscrit sur les toiles. « Plus qu’une galerie, c’est un concept de lieu de vie », observe la propriétaire, baignée dans l’univers de l’artiste accueilli pendant plusieurs mois. Cela permet aussi de découvrir ou re-découvrir les toiles chaque jour, en fonction de la lumière ou de son moral. « Et quand je mange, je mange avec l’artiste », sourit Anne Deuker Girard. « L’appARTement est un espace de liberté, de respiration », poursuit celle qui organise des évènements pour créer des rencontres et susciter des performances, en mélangeant les arts. Cet accueil à domicile oblige aussi « à choisir des artistes que j’aime ». Car ils sont là au minimum trois mois. Et l’artiste doit avoir envie, lui, d’habiller l’espace.
Quand on entre dans la demeure, on a du mal à se dire qu’elle pensait vendre le lieu il n’y a pas si longtemps. « L’agent immobilier m’a dit que c’était la première fois qu’on lui demandait de vendre un musée », sourit Anne, évoquant cette maison qui se joue des lumières, des espaces, des murs ou encore des plafonds ; des silhouettes s’échappent même d’un mur du salon, évoquant inévitablement Le Passe-muraille de Marcel Aymé.
Anne a toujours eu un pied dans l’univers artistique et c’est ce qui ressort de ce lieu qui exprime ce lien tissé depuis des décennies. Et dès l’entrée, on ne s’y trompe. Elle a construit un petit coin des chineurs, des toiles qu’elle a glanées ici et là. L’idée est de proposer des toiles pas chères et de refaire vivre des artistes peut-être passés un peu de mode mais toujours aussi vivants.
Dans ce lieu, Anne Deuker encourage « à se sentir à l’aise », à s’asseoir dans les canapés, à déambuler dans les couloirs. Et elle a même poussé le concept jusqu’à glisser une chambre d’hôte dans l’appartement. Une chambre d’hôte dans une galerie d’art. Original.
- L’appARTement, ouvert tous les vendredis et samedis, de 14 h à 20 h – https://www.facebook.com/DeukerGirard
Laetitia De Welfes exposée
dès septembre
À partir de septembre, la galerie va accueillir une artiste belfortaine, Laetitia De Welfes. « Ses toiles me font le même bien oculaire que quand je suis devant la mer », confie Anne Deuker Girard, qui glisse aussi apprécier particulièrement « la personne ». Elle aime l’énergie. Les références culturelles. Laetitia De Welfes a été formée aux arts décoratifs et a obtenu un double master en arts visuels et histoire de l’art. Anne souligne un caractère « authentique ». Sa première exposition date de 2022. Depuis, certaines de ses toiles ornent des collections particulières aux États-Unis, en Belgique, en Angleterre et en France. Dans son style, on repère les influences de Matisse ou encore Picasso indique sa fiche de présentation.