Romain Chatton, coordinateur de la mission de lutte contre le décrochage scolaire à Belfort, s’est lancé le défi, il y a quatre ans, de traverser l’Atlantique à la voile. Un défi qui sonne comme une revanche sur la vie, puisque Romain Chatton a été victime d’un infarctus en 2017. Mais plus encore, c’est un défi technique, qui nécessite ressources et organisation.
Éva Chibane
Romain Chatton, coordinateur de la mission de lutte contre le décrochage scolaire à Belfort, s’est lancé le défi, il y a quatre ans, de traverser l’Atlantique à la voile. Un défi qui sonne comme une revanche sur la vie, puisque Romain Chatton a été victime d’un infarctus en 2017. Mais plus encore, c’est un défi technique, qui nécessite ressources et organisation.
Quand on vient de Haute-Saône, encore plus de Plancher-Bas, traverser l’Atlantique à la voile est un véritable défi logistique. Trouver un bateau, le mettre à l’eau, lui trouver un emplacement, se rendre au bord de la mer pour pratiquer, s’entraîner, trouver un logement sur place, autant de questions qui nécessitent une organisation plus que complexe lorsque l’on n’habite pas au bord de la mer.
Romain Chatton a deux enfants, de 10 et 13 ans, une femme, un ménage. L’important, c’est de préserver l’équilibre : « J’ai bien conscience que ce projet peut paraître un peu nombriliste, mais c’est avant tout un défi personnel, faire de la voile me plaît depuis une vingtaine d’années. Pour autant, je ne veux pas mettre en péril mon ménage. L’idéal pour moi serait de m’entraîner dix jours par mois maximum. » La compétition à laquelle veut participer Romain Chatton se déroulera en septembre 2023. Elle se nomme « Mini-transat ». Mais avant cela, les étapes sont longues. Trouver un bateau, le mettre à l’eau, aller s’entraîner, participer à des compétitions pour se qualifier, faire des formations de premier secours, tout cela prend du temps.
Conscient du défi, il espère pouvoir trouver un juste équilibre entre sa famille et son projet, qui prendra pied à Toulon, l’endroit où son bateau sera stocké. À seulement 50 ans, Romain Chatton est encore loin de la retraite. Il espère pouvoir bénéficier d’un aménagement d’horaires pour réaliser son rêve. Avec l’aide d’un petit groupe rencontré par Internet, il a pu trouver un endroit où stocker son bateau, à Toulon. Prochaine étape : l’achat du voilier. Puis la mise à l’eau pour s’entraîner avant les premières compétitions de qualification qui se dérouleront en Italie et en Espagne dès mars 2022.
« Je suis à la recherche de partenaires financiers »
Tout est prêt depuis six mois. Romain Chatton s’est organisé du point de vue du budget, des formations, de sa santé pour être sûr d’avoir toutes les aptitudes nécessaires. Renseigné à la perfection sur les bateaux, il sait ce qu’il veut. Un voilier associant praticité, maniabilité et faible coût. « Je partirai sur un bateau avec une prise en main facile », confie-t-il. L’achat du bateau représente un tiers du budget. Il faut aussi penser à son rapatriement. Le Transatlantique termine en Guadeloupe : « Très peu font le chemin inverse au retour, le rapatriement en France coûte 6 500 euros. » I
l prévoie de dormir sur son bateau lors de ses entraînements – dont l’intérieur fait la taille d’une twingo – pour réduire les coûts : « Ce sont des sacrifices que je suis prêt à faire pour y arriver. » En serrant le budget au maximum, sur deux ans et demi, Romain Chatton arrive à un total de 83 000 euros. « Pour le moment, les investissements arrivent aux compte-gouttes, centaines d’euros par centaines d’euros. Aujourd’hui, je suis à la recherche de partenaires financiers pour mettre un bateau à l’eau pour l’été et commencer à m’entraîner. »
France Passion a été le premier à soutenir le projet et apporter une contribution financière, mais cela ne suffit pas. « J’ai sollicité beaucoup d’entreprises autour de chez moi, mais je n’ai malheureusement eu aucune réponse. Mais je crois qu’un sportif malade, ça ne fait pas rêver. Personne ne s’y identifie, et pourtant ça peut toucher tout le monde. » Romain Chatton espère trouver du soutien de la part des acteurs de la santé. Il est déjà soutenu par l’Agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté : « Je m’en réjouis, ce sont des acteurs importants qui crédibilisent mon action. » Son projet est avant tout un symbole : montrer que malgré la maladie, le handicap, on peut réussir à se remettre en forme : « Le jour où j’ai fait un infarctus, j’ai cru que j’allais y passer. Ça a été un déclencheur pour moi. » Plus encore, il veut promouvoir le sport santé en montrant à quel point le sport est important pour rester en forme et éviter les maladies.