L’intersyndicale de l’entité turbines à gaz de General Electric a eu écho de propos tenus par un responsable Europe de l’industriel américain, qui justifiait les retards de production par la grève à Belfort. Dans un tract, elle dénonce ces propos qualifiés de « mensonges ». Depuis le 28 mai, aucune grève n’a été votée à Belfort…
L’intersyndicale de l’entité turbines à gaz de General Electric a eu écho de propos tenus par un responsable Europe de l’industriel américain, qui justifiait les retards de production par la grève à Belfort. Dans un tract, elle dénonce ces propos qualifiés de « mensonges ». Depuis le 28 mai, aucune grève n’a été votée à Belfort…
« GE communique à ses clients pour leur expliquer que les très nombreux retards du programme de production sont principalement liés à des problèmes avec les syndicats sur le site de Belfort, suite à l’annonce du plan de suppression de 792 emplois », dénonce l’intersyndicale dans un tract, distribué aux salariés de General Electric, mercredi 4 septembre. Celle-ci a eu accès au courrier d’un responsable de General Electric, dans lequel il avance cet argument pour expliquer les retards de production. L’intersyndicale est vent debout.
Des pièces en attente des USA
Ce tract rapporte un argument prononcé par Matthias Schweinfest, responsable projets, en Europe, des turbines à gaz chez General Electric. Sur LinkedIn, on peut voir qu’il est basé et basé à Baden, en Suisse. C’est un ancien d’Alstom Power, comme Patrick Mafféïs, responsable des opérations industrielles de GE Power en Europe. Matthias Schweinfest justifierait les retards de production, selon l’intersyndicale, par les grèves de Belfort. Mais les représentants syndicaux rappellent que le site de Belfort n’est pas en grève. Elle n’a jamais été votée par les assemblées générales. Philippe Petitcolin, délégué syndical CFE-CGC, glisse également que, compte tenu de son poste, Matthias Schweinfest devrait travailler « à Belfort et non à Baden, conformément aux accords signés en 2014 ».
Si aujourd’hui, seulement 9 des 19 turbines prévues au premier semestre sont sorties de l’usine, c’est que Belfort « attend désespérément les pièces en provenance du site de Greenville aux États-Unis », justifie l’intersyndicale. Cette dernière rappelle que la production de ces pièces a été « délocalisée » de Belfort « pour des raisons de coûts et de cycle de fabrication ». Elle avance qu’en réalité, cela coûte 20 % plus cher et qu’il y a du retard qui pourrait occasionner des « dizaines de millions de pénalités à l’entité légale de GE EPF à Belfort ». General Electric « veut imputer la responsabilité de ces retards aux syndicats », dénonce Philippe Petitcolin, joint par téléphone.
L’intersyndicale à Bercy
L’intersyndicale a été reçue à Bercy, mercredi, par les services du ministre de l’Économie. « Ils ont tous les moyens pour faire pression sur General Electric », assure Philippe Petitcolin. C’est-à-dire les arguments prouvant que l’industriel américain ne respecte pas ses engagements liés à l’accord de 2014. Selon Philippe Petitcolin, le comité de suivi des engagements de General Electric doit être organisé la semaine prochaine. Sans avoir de date plus précise. L’intersyndicale se dit également prête à porter plainte contre l’État pour non-respect de l’accord. La démarche est ficelée. « En fonction de ce qui se passe, nous aviserons », remarque le syndicaliste, qui ne veut pas lâcher la pression. La balle est dans le camp de Bercy.
Une logique qui conduit au « désastre »
En filigrane, l’intersyndicale dénonce que le retard n’est pas de la responsabilité de Belfort, mais que c’est pourtant ce site qui en subit les conséquences. « Ce mensonge éhonté caractérise la fuite en avant de l’équipe dirigeante, prête à tout pour cacher leur incompétence et masquer le désastre d’une politique financière absurde qui ne peut conduire qu’à la destruction du business gaz de GE, comme précédemment celui d’ABB et d’Alstom, regrette le tract, avant de constater : L’effondrement des performances du business gaz de GE est directement lié à la stratégie de régionalisation, de fonctionnalisation, de délocalisation d’activités hors de Belfort. » Selon eux, cette dynamique peut être stoppée si General Electric décide de respecter les termes de l’accord de 2014, signé avec l’État français, en positionnant Belfort comme centre mondial 50 Hz, doté d’une équipe dirigeante en charge des équipes opérationnelles dans 4 domaines : commercial, ingénierie, projets et production.
Face à cette situation, l’intersyndicale a déclenché une procédure interne, en déposant un cas d’intégrité. Cela fait référence à la charte de bonne conduite signée par l’ensemble des collaborateurs. Elle dénonce « un comportement qui n’est pas honnête, juste et digne de confiance ». Le dossier sera étudié par un comité interne.
Contactée, la direction de General Electric « ne souhaite pas faire de commentaires sur ce sujet ».