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Lier écologie et sport extrême avec Marlène Devillez, vice-championne du monde de kayak

Marlène Devillez sur le Doubs asséché en 2018

Marlène Devillez, originaire de Haute-Saône, hydrogéologue à Besançon et vice-championne du monde de kayak freestyle, était l’invitée (virtuellement) de la maison de l’environnement, samedi 6 novembre. Elle a tourné, avec son compagnon Nicolas Caussanel, champion d’Europe de kayak extrême, un film documentaire. Un film nommé Rivières : sentinelles du changement climatique, présenté ce samedi en partenariat avec la MDE. Entre deux entraînements à Pau, la championne s’est entretenue avec Le Trois.

Marlène Devillez, originaire de Haute-Saône, hydrogéologue à Besançon et vice-championne du monde de kayak freestyle, était l’invitée (virtuellement) de la maison de l’environnement, samedi 6 novembre. Elle a tourné, avec son compagnon Nicolas Caussanel, champion d’Europe de kayak extrême, un film documentaire. Un film nommé Rivières : sentinelles du changement climatique, présenté ce samedi en partenariat avec la MDE. Entre deux entraînements à Pau, la championne s’est entretenue avec Le Trois.

Comment vous est venue la passion du kayak ?

Mes parents sont tous les deux kayakistes. Je suis née dans le kayak, je n’ai pas eu le choix. Mon père était président du club de Voray-sur-l’Ognon. C’est là que j’ai navigué pour la première fois. C’est même cocasse. Car quand je dis aux gens que le premier endroit où j’ai navigué était l’Ognon, ceux qui ne connaissaient pas rigolent un peu. J’ai commencé la pratique du kayak vers 6, 7 ans. Avec mes parents, nous habitions à 200 mètres du club. C’était ma deuxième maison. Au collège, j’ai entamé la section sportive. J’ai aussi fait beaucoup de slalom. Ce que j’aimais, c’était me retourner, m’amuser. Après, je suis allée en sport étude à Besançon où j’ai appris à m’entraîner pour de vrai : musculation, footing, kayak. Cela m’a appris à me dépasser, à me faire mal aussi. Mais c’était un plaisir car le kayak a toujours été un moyen de me libérer, me dépasser et prendre confiance en moi.

Les médailles ont suivi…

À 20 ans, j’ai choisi d’intégrer l’équipe de France de kayak freestyle. En 2008, j’ai réalisé mon premier championnat d’Europe. J’ai finis avant-avant dernière. Le stress… Deux ans après, j’ai gagné mon premier championnat d’Europe. Rebelote en 2010, en 2012 et en 2014. Je suis aussi devenue vice-championne du monde en 2017. Titre renouvelé en 2019. C’était génial. La deuxième fois au championnat du monde, j’aurai voulu l’or… Je suis comme ça. Cette année, j’ai arrêté de travailler complètement pour m’entraîner et mettre toutes les chances de mon côté pour les championnats du monde de 2022. J’aime m’imposer de nouveaux défis.  C’est comme ça que j’ai commencé aussi le kayak extrême avec mon compagnon.

Avec votre compagnon, vous êtes tous deux des sportifs de haut niveau. À quel moment est venue l’idée de lier votre pratique à l’écologie ?

Je suis hydrogéologue de formation. À Besançon,  je protégeais les ressources en eaux de la ville. J’ai fait beaucoup de recherches sur l’eau souterraine, sur la protection de l’eau… Sur son âge, son renouvellement. Lorsque le Doubs a été complètement asséché pendant plusieurs jours en septembre 2018, cela m’a particulièrement choqué. Je me suis rendu compte que les gens ne faisaient pas de lien entre consommation, pratiques de vie et rivières.

Nicolas, mon conjoint, a été choqué de la même manière en Norvège. Il est guide de rivière. Un été, il y a quelques années, il a emmené des clients faire du kayak sur une rivière. L’an dernier, cette rivière n’était plus en eau à cause du changement climatique.  En discutant tous les deux, on s’est dit qu’on partait s’entraîner aux quatre coins du monde mais qu’on ne faisait rien. On dénonçait les choses dans notre salon sans rien faire. De là est venue l’ambition de faire un film documentaire lors de nos entraînements kayak.

"On dénonçait les choses dans notre salon sans rien faire. Est venue de là l’ambition de faire un film documentaire lors de nos entraînements kayak."
Marlène Devillez

Quelles ont été les étapes ?

Au départ, nous n’avons pas eu beaucoup de soutiens… Les producteurs que nous avons contactés nous ont dit que les gens n’étaient pas prêts à entendre ça. Qu’ils  voulaient du sensationnel. Pas du changement climatique, c’est barbant. Nous nous sommes remis en question. Et pour être sûrs que le projet ait du sens, nous avons mis en place une plateforme participative. En un mois, nous avons eu la somme nécessaire pour faire le documentaire.

Alors, avec mon compagnon, nous avons tout quitté. Nous avons mis nos affaires dans les garages des parents et nous avons rendu notre appartement à Besançon. Nous sommes partis pendant un an. Allier film et pratique sportive : ça nous permettait aussi de se dire qu’on ne prenait pas l’avion pour rien. Bien sûr, il y a eu de la pression… Aucun de nous deux n’avait de formation de vidéaste. Moi j’avais mon bagage scientifique d’hydrogéologue et Nicolas son bagage de guide de rivière. On a créé avec tout ça.

 

Par quels pays êtes-vous passés et quelles problématiques avez-vous rencontré ?

Nous avons commencé le film à Besançon. Avec le Doubs asséché : c’était intéressant à filmer, c’était visuel. Je connaissais des scientifiques qui pouvaient en parler comme c’était ma région… L’étape d’après : c’était la Patagonie où nous avons rencontré l’office national des forêts, une mamie qui nous expliquait que ses légumes poussaient moins bien qu’avant. Mais aussi un vigneron qui pouvait cultiver du vin alors qu’avant ce n’était pas possible. Puis, nous nous sommes rendus en Norvège.  

À travers les étapes, nous avons rencontré des problématiques différentes. à Besançon, c’était la thématique de la sécheresse. Au Chili,  c’était l’adaptation positive au changement climatique avec la possibilité de cultiver la vigne. Et en Norvège, nous avons constaté des problèmes d’inondation. Entre 20 et 40 % en plus de précipitations à cause du changement climatique. Mais les habitants qui vivaient près du lac étaient déjà à la recherche de solution avec l’étude d’un tunnel de dérivation pour éviter les inondations.

Quelle a été la philosophie pour construire ce film documentaire ?

Nous avons essayé de faire en sorte que notre sport serve à toucher des gens qui ne sont pas forcément à l’écoute d’un scientifique, mais qui vont plutôt regarder le sport. Qui vont accrocher d’une autre manière. En partageant notre pratique, nous avons pu montrer les problématiques des rivières. Nous avons emmené les gens dans des endroits inaccessibles. On leur a montré ce qu’il y avait à découvrir : les oiseaux, le paysage, la faune. Nous leur avons offert du frisson avec la pratique du kayak freestyle et du kayak extrême. Et à côté de ça, nous sommes allés voir les populations qui vivent à côté de la rivière pour les interroger. Voir s’ils avaient constaté des changements climatiques. Comment ils y remédient, pallient. L’objectif était de montrer sans juger. Désigner les solutions qui ont été trouvées pour s’adapter dans des conditions extrêmes.

À l’avant-première, on nous a dit que le film avait permis de faire germer des idées. Et que ce qui ressortait, c’était l’émotion et le plaisir. C’était ce que l’on voulait faire passer. Le but n’était pas de culpabiliser les gens. Nous avons juste montré comment s’adaptent les populations en interrogeant un panel large : industriels, communes, agriculteurs, enfants. Nous avons essayé de faire un film positif, sans se dire : « On est foutu. »

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