Les militaires du 35e régiment d’infanterie de Belfort termine une période intensive de préparation au combat. Ces dernières semaines, ils ont été dans l’Aube et dans l’Aisne avec d’autres régiments, pour des exercices interarmes.
Les militaires du 35e régiment d’infanterie de Belfort terminent une période intensive de préparation au combat. Ces dernières semaines, ils ont été dans l’Aube et dans l’Aisne avec d’autres régiments, pour des exercices interarmes. Les éléments du régiments partiront prochainement en opération.
On s’active au 35e régiment d’infanterie de Belfort. Les gaillards, le surnom des militaires belfortains, multiplient les grands exercices et les grandes manœuvres. Ils sont dans un cycle d’entraînements intensifs. Au mois de décembre, ils étaient au centre d’entraînement au combat (Centac), à Mailly-le-Camp (Aube). Début janvier, ils étaient au centre d’entraînement aux actions en zone urbaine (Cenzub), au camp de Sissone, dans l’Aisne. Les régiments s’inscrivent dans des cycles de deux ans, rythmés par des missions Sentinelle, des périodes d’entraînement, des périodes d’engagement puis des phases d’entretien du matériel.
Combat de haute intensité
Pour la première étape de l’hiver 2019, le colonel Jean Augier, chef de corps du 35e régiment d’infanterie, a emmené près de 600 hommes du régiment, sur les 1 200 qui le compose. Un entraînement où étaient associés d’autres régiments de la 7e brigade blindée, dont dépend le 35e régiment d’infanterie et dont l’état-major est à Besançon. Ils ont composé des sous-groupements tactiques. Chaque entité était notamment composée d’une quinzaine de véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI), le blindé des fantassins belfortains, et de 4 chars Leclerc. Chaque sous-groupe était doté de 250 hommes. « On simule un combat de haute intensité, où l’adversaire utilise le maximum de moyens pour nous causer des pertes, remarque l’officier. Il veut saisir des objectifs ou se défendre. »
Au cours de ces deux semaines d’entraînement, 4 jours sont réellement une immersion au combat. Chaque soir, les commandants de sous-groupement, des capitaines, reçoivent des analyses détaillant la conception de leurs commandements, l’exécution, les réussites, les échecs. « Vous avez un exercice bien conçu, bien arbitré et analysé et un adversaire dynamique et qui manœuvre », se réjouit le colonel. Une mise en condition essentielle pour bien se préparer insiste l’officier qui a lui-même été chef d’entraînement au Centac.
Combat urbain
Près de 400 militaires du 35e régiment d’infanterie sont également partis début janvier, mais cette fois-ci pour appréhender les combats en zone urbaine. « Aujourd’hui, une armée qui ne maîtrise pas les combats urbains ne peut pas vaincre », analyse l’officier. Les zones urbaines sont devenues des refuges ou des symboles. Et ce sont des théâtres d’opération qui réduisent les avantages, notamment du nombre et techniques. Il faut donc s’y préparer. Et « nous avons des moyens d’entraînement intéressants », estime le colonel. Ce dernier remarque également que l’enchaînement des missions Sentinelle, de nouvelles approches de techniques de tir font « que l’action en zone urbaine est maîtrisée ». « Il y a eu un effort de mes prédécesseurs et nous voyons les bienfaits », apprécie le colonel Jean Augier. Autre satisfaction d’envergure pour les militaires belfortains, l’apport des VBCI dans les combats urbains. Des blindés qui font pourtant près de 30 tonnes ; ils transportent jusqu’à 8 fantassins. « C’est un véhicule mobile, précis et fortement blindé », détaille l’officier. Il dispose d’un canon de 25 mm, « qui tire juste, loin et fort ». Et il dispose également d’une mitrailleuse. « Il octroie un avantage tactique fort, note le colonel Jean Augier. Le force adverse du Cenzub nous l’a dit. Et ils nous ont dit que nous savions bien nous en servir. » De quoi réjouir le chef de corps, en poste depuis juin 2019.
Si le 35e régiment d’infanterie s’entraîne de manière intensive, c’est qu’il approche d’une période d’engagement. La dernière fois, une grande partie du régiment avait été engagée en Côte-d’Ivoire. Une partie était engagée en Guyanne, dans l’opération Harpie, de lutte contre l’orpaillage illégal. Pour le moment, les destinations ne sont pas communiquées. « Ils seront engagés sur les théâtres d’opération de l’armée française. Mais on ne sait ni où, ni quand, ni combien », prévient le colonel Jean Augier. Bientôt, les gaillards auront des entraînements spécifiques liés à leur zone de projection et à leurs missions. « On affine en fonction des sites », détaille le colonel. Et comme le formule le colonel immortel du 35e régiment d’infanterie, Louis Ernest de Maud’Huy (lire par ailleurs), dans son testament militaire écrit en mai 1912 : « N’allons jamais à l’exercice ou à la manœuvre sans avoir un but absolument défini. » La leçon a bien été retenue par le régiment de l’as de trèfle.
Hommage au général de Maud’huy
« La préparation des troupes au combat lui tenait à cœur », confie le colonel Jean Augier, fier de se glisser dans les traces du colonel de Maud’huy, qui a dirigé le 35e régiment d’infanterie de 1910 à 1912. Il est devenu ensuite général. La caserne porte aujourd’hui son nom. L’actuel chef de corps a même exhumé son testament militaire, qu’il a fait mettre en page. Selon lui, si le régiment belfortain est l’un des seuls à avoir des mentions sur le drapeau à l’été 1914 (Alsace et Ourcq), c’est justement parce que les hommes avaient suivi un entraînement pensé par le colonel de Maud’huy. Il loue notamment son approche humaine. « La politesse seule rend supportable la dureté d’un reproche », observe notamment le colonel immortel du 35e régiment d’infanterie dans son testament. Et le colonel Jean Augier d’apprécier : « Il a travaillé sur l’excellence tactique et la force morale pour bien préparer les hommes aux combats. Sa bonne préparation aux combats a permis de sauver des vies. C’est un bel héritage. »