Johan Glasson : « Avec un concours d’éloquence, on apprend à dompter la société de sur-communication »

Six étudiants de 2e année de BTS Commerce international du lycée Condorcet et six étudiants en 1re année du DUT Gaco (gestion administrative et commerciale des organisations) de l’IUT Belfort-Montbéliard ont participé à la finale de la 2e édition du concours d’éloquence Les Mots dans l’aire, ce mercredi.

Six étudiants de 2e année de BTS Commerce international du lycée Condorcet et six étudiants en 1re année du DUT Gaco (gestion administrative et commerciale des organisations) de l’IUT Belfort-Montbéliard ont participé à la finale de la 2e édition du concours d’éloquence Les Mots dans l’aire, ce mercredi. Retour, avec Johan Glasson, professeur de lettres en BTS, sur l’intérêt de l’apprentissage de cet art de convaincre.

Présentez-nous ce concours d’éloquence Les Mots dans l’aire ?

Dans notre pays, où nous valorisons beaucoup l’écrit, la dissertation et le commentaire, les étudiants ne sont pas suffisamment formés à l’oralité, notamment les sections commerciales de BTS, qui vont devoir participer à des négociales dans leur formation, des concours de négociation. Les étudiants font aussi des stages dès la première année, où ils sont en relation clientèle. Face à ce manque que l’on constate déjà au lycée et au collège, à travers la difficulté de faire un exposé pour des élèves de Seconde ou des élèves de Premières qui arrivent avec des plaques rouges le jour de leur oral de bac, il nous a semblés important de les préparer dans ce sens-là.

Quel est l’intérêt du concours ?

Ces élèves ne sont pas familiarisés avec les mots. En tant que professeur de français, j’ai appris, au fur et à mesure, à aimer les mots. Pour eux, les mots, c’est un moyen de communiquer et ça s’arrête là ! Nous pouvons leur apprendre qu’un mot a plusieurs sens, que chaque mot a une valeur particulière. Les engager sur la voix des mots, c’est peut-être déjà commercialement intéressant, mais c’est aussi les engagé, éventuellement, vers la voie de la lecture, de la recherche. Le concours d’éloquence, c’est aussi prendre des informations ailleurs, se souvenir des anciens. J’ai travaillé à partir des discours de Cicéron et de leur structure pour arriver à convaincre, à plaire, à toucher, à émouvoir, à faire rire et à utiliser des arguments pertinents.

"J’ai travaillé à partir des discours de Cicéron et de leur structure pour arriver à convaincre, à plaire, à toucher, à émouvoir, à faire rire et à utiliser des arguments pertinents"
Johan Glasson
Professeur de lettres

Qu’apprend-t-on à un concours d’éloquence ?

Cette année, nous avons fonctionné sur deux volets. D’abord, pour la partie théâtre, ils ont appris à poser leur voix, à occuper l’espace scénique, à prendre en compte leur corps et leur gestuelle. C’était organisé par Sophie Chanez (comédienne, metteur en scène et pédagogue qui a une école de théâtre à Belfort, à la Pépinière, NDLR). Les étudiants ont suivi environ 20 heures de cours de théâtre. Mais ce n’est pas du théâtre joué. Il ne s’agit pas de jouer dans un concours d’éloquence, mais d’avoir conscience de son corps et de savoir l’utiliser pour convaincre. L’autre partie de l’éloquence, c’est de comprendre que l’on n’improvise pas. Il faut apprendre à écrire un discours, à le structurer, apprendre à comment se joue les mots, à comment on amène l’humour, les arguments pour ensuite traverser l’espace scénique, convaincre quelqu’un quand les mots écrits prennent vie. Il y a ces deux étapes qui me semblent intéressantes : l’écrit, puis l’oral.

"Nous avons tendance, en France, à ne pas suffisamment responsabiliser les élèves pour qu’ils prennent leur langue en charge"
Johan Glasson
Professeur de lettres

Notre société est relativement policée, marquée par des éléments de langage et la communication. Finalement, un concours d’éloquence, n’est-ce pas juste s’attacher à la forme et pas du tout au fond ?

Il y a un effet de mode. Tout le monde parle l’éloquence. Nous sommes dans les bruits du monde. Il y a des hyper communicants. Il y a des mots partout, des mots tout le temps. Mais c’est la surface des choses ! Dans cette société de sur-communication, les étudiants apprennent, à travers un concours d’éloquence, à la dompter.

On accorde une place importante à l’oral dans la réforme du bac…

Nous travaillons [sur ce projet] avec des étudiants… Mais je pense qu’il faut valoriser l’oral beaucoup plus tôt, ce que l’on ne fait pas suffisamment en France alors qu’on le fait en Italie, en Espagne. Il faut envisager des cours différemment et non pas seulement avec « je lève le doigt et je participe ». Nous avons tendance, en France, à ne pas suffisamment responsabiliser les élèves pour qu’ils prennent leur langue en charge. Ce grand oral devra se préparer. Nous avons des élèves qui sont pauvres en mots, car ils manquent d’imagination, parce qu’ils vivent dans l’instant présent, parce qu’ils n’ont pas toujours les acquis culturels ; je crois qu’un concours d’éloquence, c’est essayer de remettre tout ça pour arriver à un moment X, à faire un discours percutant.

Dans le cadre d’une dynamique de classe, est-ce que ce genre de concours est intéressant ?

Je trouve que oui. Je ne crois pas à la sélection à tout crin, mais en l’émulation. Une émulation qui ne passe pas forcément par la note ; la sanction [du concours] est beaucoup plus intéressante pédagogiquement. Nous avons vu se transformer des élèves dans leur manière d’être en classe à travers le théâtre. Au théâtre, nous parlons d’une troupe ; j’avais l’impression, à un moment donné, que ma classe était devenu une troupe. Et même ceux qui n’étaient pas sélectionnés ! Il y a des affinités et des automatismes qui se créent, des rires qui sont différents. Ils forment une équipe. Il y a toujours des obligations d’examen, mais la dynamique de la classe change.

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