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General Electric : ce qu’ils ont dit lors du rachat de la branche énergie d’Alstom en 2014

Patrick Kron (à gauche), alors p-dg d'Alstom, au coeur de la vente de la branche énergie d'Alstom à General Electric, lors d'une opération communication à Belfort, en juin 2014. | ©Le Trois – archives

Le rachat imminent de l’activité nucléaire de General Electric par EDF va clore une séquence, débutée en avril 2014. À l’époque, le conglomérat américain avait racheté la branche énergie d’Alstom. Aujourd’hui, ce rachat est applaudi, particulièrement localement. Comme en 2014…

Le rachat imminent de l’activité nucléaire de General Electric par EDF va clore une séquence, débutée en avril 2014. À l’époque, le conglomérat américain avait racheté la branche énergie d’Alstom. Aujourd’hui, ce rachat est applaudi, particulièrement localement. Comme en 2014.

26 avril 2014

L’agence Bloomberg dévoile l’intention de General Electric de racheter la branche énergie d’Alstom, le 24 avril. Jean-Pierre Chevènement, alors sénateur MRC du Territoire de Belfort, écrit au Premier ministre. “Je vous demande instamment, Monsieur le Premier ministre, de bien vouloir faire valoir aux actionnaires et aux dirigeants des groupes concernés que ce transfert de propriété est hors de question. A travers les marchés publics, l’État a les moyens de se faire entendre“, écrit-il. (…) “La reprise de la branche énergie d’Alstom porterait un coup fatal à l’indépendance de notre filière électronucléaire. Elle signifierait l’abandon par la France d’un des deniers pans de son industrie d’équipement.” (www.macommune.info) « Je suggère que l’État monte en capital s’il le faut pour remplacer les actionnaires défaillants. Cet argent sera mieux utilisé de cette façon que par la distribution indiscriminée de 50 milliards d’euros à toutes les entreprises y compris les grandes banques ou les grandes sociétés de distribution qui ne rentrent pas dans la compétition industrielle.”

27 avril 2014

Europe Écologie Les Verts soutient ce rachat. Eva Pedrocchi, alors conseillère municipale EELV à Belfort, avait qualifié les propos de Jean-Pierre Chevènement de « simplistes et suicidaires », comme le rapporte L’Est Républicain, du 27 avril. « On ne peut pas se contenter de prôner le repli patriotique. General Electric emploie 10 000 personnes en France. Son siège européen se trouve à Belfort. » Elle appuyait par contre aussi une montée au capital de l’État. « Il faut que l’État soit le garant d’un accord gagnant-gagnant avec des garanties claires pour notre pays et les salariés français. »

Les communistes dénonçaient « une nouvelle opération financière ». « Nous avons besoin pour notre pays d’un grand pôle public de l’énergie et des transports. Une vision pour Alstom doit se construire nationalement. » Le parti communiste suggérait qu’Areva souscrive au capital d’Alstom. Areva a aujourd’hui disparu ; EDF a alors été appelé à la rescousse. Comme aujourd’hui, pour General Electric.

Yves Ackermann, président socialiste du conseil général du Territoire de Belfort : « Je souhaite que le gouvernement examine toutes les possibilités pour appuyer Alstom avec une solution où la majorité des capitaux resteraient français, comme PSA. »

29 avril 2014

Marie-Guite Dufay, présidente socialiste de la région Franche-Comté, a été « choquée » par l’annonce « et la méthode employée ». « une fois de plus les logiques financières prévalent sur l’intérêt des territoires et des salariés ». Elle s’est dit « particulièrement préoccupée par les conséquences sur l’emploi des salariés francs-comtois à court et moyen terme ». S’interrogeant également « sur le devenir des investissements immobiliers financés par des fonds publics » (www.macommune.info). À la suite du plan de licenciements dans l’entité turbines à gaz, en 2019, General Electric a par exemple vidé le bâtiment 66, orange, au Techn’Hom.

30 avril 2014

Christophe Grudler, conseiller général MoDem. « C’est triste de voir un fleuron de l’économie française – qui dégage toujours du bénéfice, mais qui risquait de connaitre des difficultés financières à court terme – passer sous pavillon étranger, mais il n’y a sans doute plus d’autre choix aujourd’hui si l’on veut préserver les emplois. » Et d’ajouter : « C’est le résultat d’un grave manquement de l’État français depuis de longues années. » L’élu pointe du doigt un gouvernement pour lequel travaillait un certain Emmanuel Macron, alors conseiller économique de François Hollande en avril 2014, puis ministre de l’Économie au cours de l’été 2014. Aujourd’hui, il fait partie de sa majorité.

2 mai 2014

Clara Gaymard, présidente de GE France, dans les colonnes de L’Est Républicain. « Comme l’a dit Jeff Immelt à François Hollande, nous nous engageons à faire croître les emplois en France avec le développement de l’ingénierie et de la production en région. Nous prévoyons de développer nos activités en France. » Et d’ajouter : « Cette crainte (des délocalisations, NDLR) n’est pas fondée. Concernant l’activité énergie, nous sommes dans quelque chose de très spécifique. Comme pour l’aéronautique, il s’agit d’une industrie qui est implantée à un endroit dans le monde pour fournir le monde entier. Cela demande une forte mobilisation de capital, une haute technologie, une main d’œuvre très qualifiée. Il faut quinze ans pour former un ouvrier dans ce domaine. Nous ne sommes pas dans un domaine délocalisable dans les pays à faible coût de main d’œuvre. Une turbine peut peser près de 400 t et demande une précision au micron près, cela ne s’improvise pas. Nous voulons nous développer à Belfort pour cette activité. » 8 ans après, les salariés des différentes entités de General Electric apprécieront le delta entre le projet et le résultat. Lorsque l’on regarde les données du comité inter-entreprises des 3-Chênes, qui regroupe les entités de GE, Alstom, mais aussi Actemium et LGE, le nombre de salariés au Techn’Hom est passé globalement de 4 790 fin 2014 à 3 505 fin. 2021.      

16 mai 2014

Damien Meslot, maire Les Républicains de Belfort, se dit « sceptique » quant au décret Montebourg, encadrant les investissements étrangers et précisant les secteurs stratégiques. Il dit alors que ce rachat est « une réelle opportunité » (Est républicain du 16 mai 2014). À cette époque, la contre-offre de Siemens, poussée par Anraud Montebourg, fait l’unanimité contre elle. Dans la foulée, le quotidien régional cite Pierre Gatatz, alors patron du Medef, qui regrette une mesure « prise dans la précipitation » qui risque selon lui de créer « un rejet des investisseurs étrangers ».

17 mai 2014

Damien Meslot déclare à l’AFP qu’il est “favorable à 100% à l’offre de General Electric, comme la plupart des décideurs économiques et politiques locaux“. “Les productions d’Alstom et GE sont complémentaires et le projet de GE est un projet constitué avec un développement lourd en France, des créations d’emplois, des investissements et une localisation de centres de recherches et développement en France” (www.macomune.info).

Vendredi 23 mai

Le 23 mai, Jean-Pierre Chevènement organise une conférence de presse. « Qui tient le capital, tient la décision », déclare-t-il notamment. S’il reconnait des synergies « plus évidentes » avec GE qu’avec Siemens, il milite pour une part important de l’État dans le capital, où s’associerait un acteur extérieur. “Alstom et General Electric sont complémentaires en terme de technologies et de marchés“, a déclaré le sénateur (www.macomune.info). Il a encouragé au maintien du nom Alstom et pour la localisation, à Belfort, d’un siège européen pour toutes les catégories de centrales. Surtout, il estime qu’il n’y a pas de caractère d’urgence. Fin mai, il critique ouvertement Damien Meslot, qui « appuie sans restriction le rachat d’Alstom par General Electric » (L’Est Républicain du 29 mai 2014).

26 mai 2014

Des acteurs économiques du territoire de Belfort achète une page de publicité dans Les Échos pour marquer leur soutien au projet de General Electric. Dans une lettre au président de la République, Alain Seid, président de la CCI 90, déclare qu’une « écrasante majorité » d’entreprise de la région sont “convaincues que le rapprochement entre GE et Alstom consolidera l’activité industrielle locale car ces deux entreprises sont complémentaires”

27 mai 2014

Damien Meslot, député UMP, lors d’une audition à la commission des affaires économiques de Jeff Immelt« Un des points qui a tendance à nous rassurer, notamment en matière d’emploi, c’est que les activités d’Alstom et de General Electric sont complémentaires, contrairement à celles de Siemens qui sont concurrentes. La présence de GE à Belfort depuis des décennies nous rassure également car nous savons comment vous travaillez. Comme le conseil d’administration d’Alstom, les élus et les forces économiques de Belfort soutiennent votre projet – 100 PME ont ainsi acheté une page à cette fin dans Les Échos : nous nous sommes joints à leur démarche parce que nous pensons que cette solution est la meilleure pour notre région, pour l’avenir d’Alstom et pour l’économie. »

Jeff Immelt, auditionné par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. « Les quatre sièges sociaux qui seraient situés en France – pour l’hydroélectricité, l’offshore, la vapeur et les réseaux – seraient dotés de capacités de prise de décision stratégique. Quand je dis que la France sera un leader important à l’avenir dans le domaine de l’énergie, cela signifie qu’il y aura davantage d’emplois mobilisés à cet effet dans votre pays. Il y aura aussi davantage de recherche et développement et de décisions stratégiques prises dans celui-ci. Notre projet permettra donc de renforcer la position de la France dans le secteur de l’énergie. »

21 juin 2014

Christophe Grudler, conseiller général MoDem du Territoire de Belfort, après l’annonce du Gouvernement sur le soutien à l’offre de General Electric et la mise en place de co-entreprises ; et l’État monte au capital d’Alstom, via un prêt des actions de Bouygues. « Le gouvernement vient de faire connaître, ce vendredi soir, son choix dans le dossier Alstom. En privilégiant l’offre de Général Electric, dans le cadre d’une co-entreprise Alstom-GE, le gouvernement a choisi, a priori, une bonne solution pour le groupe et pour Belfort. Les prochains jours devraient nous permettre de le confirmer. L’Etat entre au capital d’Alstom à hauteur de 20%, comme le demandaient les élus de Belfort. C’est une bonne chose pour défendre les intérêts de la France sur ce secteur stratégique. »

24 juin 2014

Alstom et General Electric organisent de belles noces à Belfort. Clara Gaymard et Jeff Immelt pour GE et Patrick Kron pour Alstom sont notamment présents. C’est « un grand jour pour l’emploi à Belfort et pour l’avenir de notre région et constitue la meilleure réponse à ceux qui ont critiqué notre soutien à General Electric », déclare Damien Meslot, maire de Belfort.

24 juin 2014

Patrick Kron, p-dg d’Alstom : “Ce projet, je l’ai élaboré, partagé et défendu, parfois dans une ambiance plutôt hostile, voire critique. C’est un projet qui me paraît bon, auquel je crois. Je souhaite m’atteler à sa mise en œuvre, à l’expliquer.” (sur www.macommune.info)

28 mai 2015

Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, avant sa visite à Belfort. « L’État possède d’abord une action spécifique de Geast (cette entreprise commune entre alstom et GE), qui lui donne un droit de veto sur les décisions stratégiques. Ensuite, nous avons signé des accords pour sécuriser la propriété intellectuelle qui vient d’Alstom (…) mais le plus important, est bien que le siège mondial des turbines vapeur et Arabelle reste à Belfort. Ce qui veut dire que General Electric reconnait le site français comme un centre d’excellence mondiale. »

Pendant sa visite (compte rendu de L’Est Républicain, le 29 mai) : « Je viendrai autant de fois qu’il le faudra pour porter les engagements publics et les tenir. Vous pouvez compter sur moi », a-t-il dit aux salariés d’Alstom transport, inquiets de leur devenir. Sur GE il avait aussi dit que l’État pourrait racheter les 20% d’actions du groupe Bouygues, « au moment opportun ». Elles ont finalement été totalement cédées à General Electric.

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