“GE = fossoyeur d’emplois” : des centaines de salariés de General Electric ont manifesté lundi à Belfort pour protester contre la suppression de 238 postes en France dans la branche nucléaire du géant américain.
Avec l’AFP
“GE = fossoyeur d’emplois” : des centaines de salariés de General Electric ont manifesté lundi à Belfort pour protester contre la suppression de 238 postes en France dans la branche nucléaire du géant américain.
Les manifestants, 350 selon la police, 400 selon l’intersyndicale de GE Steam Power, ont rejoint plusieurs sites du groupe américain à Belfort en défilant derrière les banderoles “GE = Fossoyeur d’emploi”, “GE tue” ou encore “Arrêtez de nous prendre pour des piGEons”, a constaté un photographe de l’AFP.
“GE a lancé un plan social sur la filière nucléaire française qui risque d’avoir de gros impacts sur les projet en cours et la mettre en péril”, a déclaré le délégué CFE-CGC Laurent Humbert. “Si la France veut conserver une filière nucléaire, alors l’Etat ne doit pas la laisser tomber en déshérence”, a-t-il souligné. L’entité Steam Power, spécialisée dans les turbines pour centrales nucléaires et à charbon, est concernée par un plan social visant à supprimer 238 emplois en France, dont 200 postes d’ingénieurs à Belfort. Ce plan s’ajoute à ceux qui ont touché ces derniers mois les filières Hydro (équipements pour barrages), Gas (centrales au gaz) ou Grid Solutions (réseaux électriques). En novembre, le syndicat CFE-CGC avait évoqué la suppression de 3 000 postes au total sur cinq ans, chiffre démenti par la direction.
Nouvelle mobilisation vendredi
La présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté Marie Guite-Dufay s’est associée à cette mobilisation pour “protester contre ce nouveau coup dur pour les salariés”, soulignant que ces 200 postes représentaient “autant de compétences vouées à disparaitre”. “Au-delà de la filière nucléaire, c’est la souveraineté énergétique de la France et son mix énergétique qu’il faut préserver”, a-t-elle ajouté. “L’Etat ne devrait pas laisser le domaine de l’énergie à des entreprises comme General Electric, qui mène saccage sur saccage sur des sites industriels dans le pays”, a estimé Laurent Humbert. Une délégation de salariés a été reçue à la préfecture du Territoire de Belfort à l’issue de la manifestation. Une nouvelle mobilisation est prévue vendredi, à l’occasion d’une réunion à laquelle doit notamment participer la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a indiqué le délégué syndical.
Le maire (LR) de Belfort, Damien Meslot, a indiqué dans un communiqué avoir obtenu auprès de Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, l’assurance du maintien d’un nombre minimum de 1 275 salariés sur le site de Belfort. Le ministre a cependant considéré “que les objectifs d’investissements ne sont pas atteints et que GE devra faire des efforts dans ce domaine”, selon M. Meslot
Bruno Le Maire "veillera au strict respect des accords"
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a accordé une longue interview à L’Est Républicain. General Electric a pris un certain nombre d’engagements vis-à-vis de l’État et de ses salariés. Ils doivent être tenus. Je veille à leur strict respect. J’ai écrit la semaine dernière au président de General Electric, Larry Culp, pour lui faire part de nos attentes et lui indiquer que l’État français, garant de ces accords, veillerait au strict respect des engagements qu’a pris son entreprise“, répond notamment Bruno Le Maire, questionné au sujet du respect des accords signés en 2014 et en 2019, notamment vis-à-vis de la localisation à Belfort de centres de décision. Il attend aussi des investissements dans l’outil de production, notamment autour de l’hydrogène. Concernant la réindustrialisation, le ministre de l’Économie montre son soutien au projet d’implantation de l’usine McPhy dans le territoire ; l’industriel doit dévoiler son choix final avant l’été. Trois régions sont en balance. Mais s’il s’installe dans le nord Franche-Comté, McPhy percevra 10 millions d’euros du fonds Maugis. Bruno Le Maire a réaffirmé une position du Gouvernement sur le nucléaire : “Le nucléaire est l’énergie stratégique pour l’indépendance du pays.” Questionné sur la branche nucléaire de General Electric, touchée par un important plan social, et sur le périmètre d’un éventuel rachat, le ministre a répondu : « Nous voulons évidemment un périmètre qui soit techniquement et industriellement cohérent.” Le ministre confirme donc les réflexions autour d’une “solution souveraine pour les turbines Arabelle dans un périmètre qu’il reste à déterminer”, dit-il à L’Est Républicain. “C’est un choix financièrement, politiquement, stratégiquement très lourd, qui demande des mois de travail et de concertation pour être certains que nous avons le bon périmètre, le bon financement et les bons choix technologiques”, complète-t-il. Des annonces sont envisagées avant la fin de l’année.