Freiner la vigne pour la préserver du gel: une parade écologique testée en Bourgogne

Retarder la taille de la vigne réduit considérablement les conséquences du gel sur le rendement. (illustration Jill Wellington de Pixabay )

Bougies, câbles chauffants, hélicoptères: la lutte contre le gel dans les vignes est souvent polluante et coûteuse. En Bourgogne, des chercheurs testent une solution écologique: retarder l’apparition des bourgeons en retardant la taille.

(AFP)

Bougies, câbles chauffants, hélicoptères: la lutte contre le gel dans les vignes est souvent polluante et coûteuse. En Bourgogne, des chercheurs testent une solution écologique: retarder l’apparition des bourgeons en retardant la taille.

« Je me demandais si je n’allais pas tout arracher »: la vigneronne Claire Naudin « observait du gel quasiment tous les ans » sur une de ses parcelles particulièrement exposée, située dans les Hautes côtes de Beaune (Côte d’Or). « Mais je me suis dit: le gel, ce n’est pas inéluctable ».
La propriétaire des 21 hectares du Domaine Naudin-Ferrand, à Magny-lès-Villers, appelle alors à l’aide l’Institut de la vigne et du vin (IVV, Université de Bourgogne à Dijon) qui pratique une série de relevés: à trois mètres de hauteur, à deux mètres, et au ras du sol. « On peut avoir -2° au sol et -1° plus haut », explique Catinca Gavrilescu, la climatologue qui travaille sur l’étude.
En cas de gelée dite « radiative », c’est-à-dire sans vent, l’air chaud, plus léger, monte, et l’air froid est « plaqué au sol ». « Il y a donc plus de risque de gel au sol qu’en hauteur », explique-t-elle.
Or, en Bourgogne, la vigne est généralement taillée de manière à rester « à environ 50 centimètres du sol », ce qui favorise le risque de gel. De plus, la taille a lieu en plein hiver, déclenchant ainsi l’éclosion précoce de jeunes bourgeons, « formés à 90% d’eau » et donc plus sensibles au froid, rappelle la chercheuse.

La taille repoussée à fin avril

La solution semble dès lors s’imposer: il faut à la fois rehausser les bourgeons et empêcher, autant que faire se peut, qu’ils n’apparaissent avant les gelées. Pour ce faire, l’IVV propose à Mme Naudin d’expérimenter, dès 2019, la « taille tardive »: au lieu de passer le coup de sécateur en plein hiver, on coupe la vigne fin avril, quand le plus gros des gelées est derrière les vignerons. « On retarde ainsi le départ en végétation. Et on laisse des branches très hautes », explique Benjamin Bois, chercheur qui pilote l’expérimentation.
Ainsi, avant la taille, « les bourgeons débourrés, sensibles au gel dès -2°, -3°, n’apparaissent qu’en haut et on garde, plus proches du sol, des bourgeons non débourrés, encore enfermés dans leurs écailles, qui résistent jusqu’à -6, -7° environ », ajoute-t-il.
Et, si par malheur, la gelée est « advective », c’est-à-dire présente même en hauteur, les bourgeons du haut seront certes perdus, mais ceux du bas auront résisté. « On sacrifie un peu de raisin mais, finalement, c’est toujours mieux que de perdre 50 à 60% de récolte avec le gel », souligne M. Bois. Et, contrairement aux « bougies et aux hélicoptères, il n’y a pas d’impact sur l’environnement. Le coût est très réduit et c’est sans nuisances pour les riverains », souligne le chercheur.
« La taille tardive, c’est la solution écologique », résume Mme Naudin.

Utile également contre les canicules

La méthode fait de plus d’une pierre deux coups: en freinant le développement de la vigne, elle retarde également sa maturation, un atout dans la lutte contre les canicules à répétition qui ne cessent d’avancer la date des vendanges.
La taille tardive ne représente « pas une nouveauté », reconnaît Catinca Gavrilescu. Déjà pratiquée en Nouvelle-Zélande, où « elle réduit l’impact du gel de 40 à 50% », selon M. Bois, elle se répand actuellement en France. Mais l’expérimentation de l’IVV veut connaître son efficacité en Bourgogne, de manière scientifique, et en « quantifier l’impact », explique le chercheur.
« La perte de rendement semble limitée entre 5 et 15% », évalue-t-il, attendant cependant les résultats à venir de l’expérimentation d’ici à plusieurs mois voire années. « Ça se gère très bien, surtout si on met en face les 30 à 60% de pertes dues au gel », se félicite Mme Naudin, d’autant que les calamités se multiplient avec le réchauffement climatique.
« On s’imagine qu’il va faire de plus en plus chaud et que les gelées vont disparaître, mais ce n’est pas du tout le cas », explique Catinca Gavrilescu. « Depuis les années 1960 », explique-t-elle, on note que le développement des bourgeons se fait plus tôt mais, le gel, lui, est toujours là.

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