Les tutelles du Granit et de MA scène nationale ont décidé de suspendre la fusion entre les deux structures du nord Franche-Comté, le vendredi 1er février, à l’occasion d’un comité stratégique. Entretien avec Fabienne Cardot, présidente du Granit après cet acte manqué.
On a acté l’arrêt de la fusion entre les deux scènes. Quel est votre sentiment ?
Fabienne Cardot – Un grand gâchis de temps et d’énergie. Je regrette d’avoir été face à une rupture du dialogue. J’ai fait face à un silence complet de la direction régionale des affaires culturelles (Drac) d’une part et de MA scène nationale de l’autre, alors que j’ai envoyé des mails et appelé. Il y a eu un vide sidéral entre juillet 2018 et février 2019. On ne me répondait pas ! Nous savons que les élus étaient en confrontation, il fallait donc faire des propositions.
Étiez-vous favorable à la fusion ?
FC – Nous sommes favorables à la fusion, mais elle n’était plus possible avec Yannick Marzin.
À ce sujet, Yannick Marzin et les élus montbéliardais répondent que le directeur n’avait pas de fonctions financières ni en ressources humaines…
FC – (Elle coupe) C’est une contre-vérité ! Il y avait une convention de mise à disposition, pour ne pas avoir deux contrats de travail. Et cela a été validé par la direction générale de la création artistique. Dans ses fonctions, il y avait le budget, le personnel et la programmation. Il avait évidemment des fonctions en ressources humaines. Il a même retiré une partie de ces fonctions à l’administratrice.
Pensez-vous qu’une fusion est encore possible ?
FC – Oui, j’y crois. Cela va dans le sens du territoire. Mais du côté des élus, il faut déjà attendre les élections municipales. Du côté des équipes, même s’il va falloir laisser retomber le soufflé, ils vont continuer de travailler ensemble, déjà jusqu’à la fin de la saison. Ensuite, il y a toujours eu du dialogue, sur du prêt de matériel par exemple.
Quelles en seraient les bases ?
FC – Aujourd’hui, nous sommes plutôt dans l’urgence de reconstruire le Granit. Et la première des urgences est de définir la programmation 2019-2020, qui sera publiée au mois de juin.
Justement, qu’en est-il de cette programmation ?
FC – Nous travaillons sur la nouvelle programmation depuis début janvier. Nous nous étions organisés et nous allons faire la preuve que nous pouvons le faire. Cette situation s’est déjà produite dans l’histoire du Granit. C’était l’année précédant l’arrivée de Thierry Vautherot. La programmation avait été faite sans directeur. Le Granit en a connu d’autres.
Quelle en sera la teinte ?
FC – Nous allons remettre du théâtre, de la musique classique, du jazz et du cirque. Nous allons aussi retrouver de grands spectacles à la Maison du peuple. J’avais été extrêmement séduite par la programmation 2018-2019 proposée par Yannick Marzin. Nous étions dans une nouvelle aventure. Mais maintenant que je suis dans la mécanique pour aider les équipes, je me rends compte que ce n’était pas toujours judicieux (elle pense notamment aux spectacles Les Idoles, non adapté au Granit, et Retour à Reims).
Qu’en est-il de la situation financière du Granit, une source d’inquiétude lorsque l’on regardait la présente programmation ?
FC – Nous avons récupéré des marges car il n’y a plus de postes de directeur ni de directeur-adjoint, qui étaient initialement prévus, ni de frais de déplacements. On fait donc passer de la masse salariale à la production et au spectacle.
La Drac a acté le recrutement d’un nouveau directeur pour le Granit. Comment cela s’organise-t-il ? Peut-il y avoir des candidatures en interne ?
FC – Nous préparons avec la Drac une annonce, qui sera ensuite publiée. Nous constituerons un jury avec les tutelles et des représentants de l’association. Pour diriger une scène nationale, il faut avoir dirigé une troupe ou un centre culturel. Il y aura une vacance au poste de directeur pendant quelques mois.