Le Trois –

PUB

Eau potable : « Il faut raisonner à l’échelle du nord Franche-Comté »

La Savoureuse à sec, en septembre 2022, à Sermamagny, dans le périmètre de la zone de captage d'eau potable (©TQ).

La sécheresse estivale et les déficits pluviométriques fragilisent les capacités d’alimentation en eau potable. Les crises se multiplient. Les restrictions s’intensifient. La situation est grave. Alors que des investissements sont menés, notamment pour construire de nouveaux forages, une réflexion s’engage à l’échelle de neuf collectivités du nord Franche-Comté pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable.

La sécheresse estivale et les déficits pluviométriques fragilisent les capacités d’alimentation en eau potable. Les crises se multiplient. Les restrictions s’intensifient. La situation est grave. Alors que des investissements sont menés, notamment pour construire de nouveaux forages, une réflexion s’engage à l’échelle de neuf collectivités du nord Franche-Comté pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable.

La scène est saisissante. À un jet de pierre de la zone de captage en eau potable de Sermamagny, le lit de la Savoureuse est totalement à sec. Aucune marre ne subsiste. Même si les derniers jours la pluie est tombée, « la situation reste sérieuse », observe le préfet du Territoire de Belfort, Raphaël Sodini, en visite de la zone de captage. Dans une des trois nourrices du puits Schneider – une infrastructure en pierres antérieure à 1870 cachée sous un monticule de terre – on voit bien le déficit d’eau. On voit le fonds de cet espace de stockage et le niveau de l’eau n’est pas très haut. Les sécheresses sont plus fréquentes. Et le phénomène « s’accélère et s’accentue », valide le préfet.

Le niveau crise de la sécheresse est activé depuis début août dans le Territoire de Belfort, mais aussi dans le Doubs et en Haute-Saône. Et depuis 2015, les alertes sécheresse sont déclenchées tous les étés, avec une accentuation des niveaux d’alerte. 2022 est le 2e été le plus chaud depuis 1959 (après 2003), d’après Météo France ; avant il n’y avait pas ces mesures. Selon la préfecture, « le déficit pluviométrique agrégé est équivalent à 2 mois et demi de précipitation ». Et l’indice d’humidité des sols est extrêmement faible.

Antoine Burrier, Directeur eau et environnement au Grand Belfort, à la zone de captage de Sermamagny (©TQ).

30 % des besoins du Grand Belfort sont achetés

La zone de captage de Sermamagny, qui s’étend sur 80 ha, assure 70 % en eau de la population du Grand Belfort (64% en 2018), fournissant 4,3 millions de m3 d’eau sur les 6,2 millions de m3 nécessaires par an ; en 2018, le Grand Belfort enregistrait un besoin de 6,4 millions de m3. Le tiers des besoins restants est acheté, dont 1,4 m3 (sur 1,9 m3 d’achat) à l’usine de Mathay, qui prélève dans le Doubs, construite en 1955. Actuellement le Grand Belfort achète quotidiennement 8 500 m3 à l’usine de Mathay. Le Grand Belfort est autonome en eau pendant six mois, d’octobre à mars.

Ces dernières années, le Grand Belfort a investi sur la qualité du réseau, limitant les fuites en passant d’un rendement de 64 à près de 85 % des canalisations, permettant d’économiser quotidiennement 3 à 4000 m3 par jour. Un système de 700 détecteurs de fuites est installé le long des 719 km du réseau d’eau et les compteurs intelligents installés dans les bâtiments permettent de repérer chez les particuliers toutes anomalies. Et les données sont collectées lors du passage des camions de ramassage des ordures ménagères. Les équipes du Grand Belfort confirme une légère tendance baissière de la consommation en eau, ces dernières années, d’une poignée de pourcents.

Le Grand Belfort réfléchit à une campagne pour encourager la récupération des eaux de pluies, mais aussi pour distribuer des kits hydro-économes. Quelques travaux sont envisagés à Sermamagny pour « optimiser les prélèvements », relève aussi Damien Meslot. Encourager la récupération est une excellente idée, mais elle n’est pas sans conséquence pour la collectivité. Récupérer permet de moins consommer d’eau. Mais si on consomme moins, le Grand Belfort perd de la ressource et donc de la capacité d’investissement, nécessaire pour faire des économies. L’équilibre est complexe.

Nourrice du puits Schneider de la zone de captage d'eau potable de Sermamagny, à un niveau très faible (©TQ).

Une étude stratégique à l’échelle d’un grand nord Franche-Comté

Compte tenu de la situation, les restrictions sont maintenues. Et la règle, « c’est l’interdiction », confirme le préfet. On estime que les mesures d’économie de l’eau permettent d’économiser de 15 à 20 % du volume d’eau prélevé ; les mesures sont d’autant mieux appliquées que l’écho est national. Les restrictions visent à éviter les ruptures en eau potable, qui seraient une catastrophe en termes sanitaires et de maintenance des équipements, qui pourraient cédés lors de la remise en eau.

Des études sont en cours pour diversifier les ressources en eau du Grand Belfort. Des forages sont envisagés à Morvillars, prélevant à plus centaine de mètres. Sur ce dossier, Damien Meslot, président Les Républicains du Grand Belfort, demande de l’aide à l’État pour « accélérer les choses » et « préparer l’avenir ». Et le préfet de rappeler les trois dynamiques de cette crise. La première, c’est de faire face à la situation immédiate. Ensuite, il faut penser à l’approvisionnement en eau de demain. « C’est la résilience », glisse-t-il. C’est l’objectif des futurs forages pour lesquels il reste un an d’étude. Enfin, « il faut raisonner à l’échelle de l’aire urbaine », convient le préfet, par ailleurs coordonnateur du schéma d’aménagement et de gestion (SAGE) du bassin de l’Allan. Il pilote les démarches de sécurisation de l’approvisionnement en eau potable.

Le territoire du nord Franche-Comté « souffre de fragilités quantitatives et qualitatives croissante en matière d’approvisionnement en eau destiné à la consommation humaine », valide la préfecture dans un dossier de presse. On parle même de « vulnérabilité ». En 2023, une étude stratégique de sécurisation en eau à l’échelle du nord Franche-Comté sera lancée. Sa vision : 2050. Elle est pilotée par le pôle métropolitain. Mais elle dépasse son périmètre, en intégrant 9 communautés de communes : celles du pôle métropolitain (Grand Belfort, Pays de Montbéliard Agglomération ; Vosges du Sud, Sud Territoire ; et Pays d’Héricourt), mais aussi celle de Rahin et Chérimont (Ronchamp et Champagney), la communauté de communes des Deux Vallées vertes (L’Isle-sur-le-Doubs), communauté de communes du pays de Sancey-Belleherbe, et la communauté de communes du pays de Maîche. « Il s’agit d’une étude innovante, sans exemple connu à ce jour », soulève la préfecture. Cette étude a été approuvée par les élus du pôle métropolitain, le 12 juillet. Le coût de l’étude préalable est estimé à 50 000 euros, selon la délibération du pole métropolitain, financée par la Banque des Territoires. Les services de l’État identifient également « les solutions techniques mobilisables en urgence dans l’hypothèse où la sécheresse actuelle perdure à l’automne, voire en hiver, conduisant à une situation de crise aggravée ».

On regarde notamment les interfaces techniques entre les collectivités. L’enjeu ? Garantir de l’eau à 350 000 habitants.

Nos derniers articles

Doctolib : dans le Territoire de Belfort, les délais de rendez-vous deux fois plus longs qu’ailleurs en France

La moitié des rendez-vous de généralistes sont obtenus en moins de trois jours, selon une étude réalisée par la plateforme en ligne Doctolib et la fondation Jean Jaurès qui place ces praticiens largement en tête pour le délai d’accessibilité. Ils cachent toutefois des disparités. Le Territoire de Belfort est cité en exemple des départements rencontrant des difficultés.

La Banque de France propose un nouvel outil d’analyse aux dirigeants

La Banque de France lance un outil à l’adresse des chefs d’entreprises. L’espace dirigeant regroupe toutes les informations Banque de France sur son entreprise : cotation, indicateurs de marché, performances et prise de contact facilitée avec l’institution financière.

Carte scolaire : « La baisse démographique continuera d’avoir des conséquences dans le Territoire de Belfort »

Retrait de postes, démographie, baisse du nombre d’élèves, avec Mariane Tanzi, directrice adadémique des services de l’éducation nationale, le point sur la dynamique de l’année scolaire à venir dans le Territoire de Belfort.

Découvrez aussi

Accédez rapidement à une sélection d’articles locaux, proche de chez vous dans le Nord Franche-Comté

letrois articles

Soutenez Le Trois

Aidez-nous à installer et développer un site d’informations en accès gratuit dans le nord Franche-Comté! Letrois.info vous propose de l’info locale de qualité pour vous aider à comprendre les grands enjeux de la région de Belfort-Montbéliard-Héricourt, qui constitue un bassin économique et un bassin de vie au-delà des frontières administratives.

Le saviez-vous ?
Votre don est défiscalisable à hauteur de 66%.
En savoir plus

Newsletter

Recevez par email les principales
actualités du nord Franche-Comté,
ainsi que l’information « À la Une » à ne surtout pas manquer !

Vous pouvez vous désinscrire à tout moment. Pour en savoir plus, consultez la page des données personnelles

Proche de chez moi

Retrouvez les derniers articles en lien avec votre commune

Partout avec moi

Téléchargez notre application sur votre smartphone et restez informé !

Petites annonces immobilières

Toutes les annonces de nos agences partenaires

Kiosque

Retrouvez tous les hors-séries de la rédaction autour du nord Franche-Comté.
Emplois, immobilier, industrie… tous les sujets qui vous concernent !

Nouveau

Agenda

Retrouvez l’agenda des sorties, des animations, des spectacles, des expositions, des fêtes et des manifestations sportives dans le nord Franche-Comté.

PUB
Outils d’accessibilité
Rechercher

Plus de résultats...

Generic selectors
Exact matches only
Search in title
Search in content
Post Type Selectors
Même gratuite,
l'info a un prix

Aidez-nous à installer et développer un site d’informations en accès gratuit dans le nord Franche-Comté !

Votre don est défiscalisable à hauteur de 60% sur vos impôts