Le chef de l’Etat consulte ce jeudi les élus locaux, qui sont très préoccupés par les modalités de déconfinement dans les écoles et les crèches. Parallèlement, l’épidémie reste « massive », selon l’expression de Jérôme Salomon, directeur général de la Santé.
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Le chef de l’Etat consulte ce jeudi les élus locaux, qui sont très préoccupés par les modalités de déconfinement dans les écoles et les crèches. Parallèlement, l’épidémie reste « massive », selon l’expression de Jérôme Salomon, directeur général de la Santé.
Confronté à l’incertitude sur l’évolution de l’épidémie de coronavirus, l’exécutif multiplie les consultations en vue du déconfinement dont la mise en œuvre compliquée, notamment pour les écoles, préoccupe les élus locaux avec lesquels Emmanuel Macron s’entretient aujourd’hui, jeudi 23 avril.
“La gestion de la crise va être de plus en plus déconcentrée et les maires seront notamment à la manœuvre”, explique l’Elysée. Les échanges du chef de l’État, par visioconférence, avec des maires et les représentants de leurs associations dont l’AMF (Association des maires de France), devraient porter sur les modalités du déconfinement, prévu pour commencer le 11 mai, la réouverture des écoles et le second tour des municipales.
Selon les premières indications du ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, mardi, le retour à l’école sera étalé sur trois semaines par niveaux de classe, avec des groupes de 15 élèves au maximum. Mais de nombreux élus locaux s’inquiètent. “Il s’agit d’un enjeu sanitaire considérable, dont le bon déroulement repose pour une part importante sur les maires”, en charge des écoles primaires, souligne l’AMF. Les questions liées “au port de masques ou de désinfection des locaux” doivent être traitées en priorité, insiste l’association.
L’ouverture des crèches et des écoles le 11 mai représenterait “un risque inacceptable pour les Corses”, a estimé pour sa part le président de l’Assemblée de Corse, l’indépendantiste Jean-Guy Talamoni, après une réunion en visio-conférence avec le Premier ministre. “En ce qui nous concerne, les tests et les masques constituent deux conditions sine qua non à une sortie sécurisée du confinement”, a-t-il plaidé dans un communiqué.
L'Académie de médecine prône le port du masque obligatoire
Sur ce sujet très sensible, l’Académie de médecine a plaidé pour que le port d’un masque anti-projections soit dès maintenant “obligatoire dans l’espace public”. En Nouvelle-Calédonie, une partie des élèves a repris les cours, avec effectifs réduits, règles d’hygiène et consignes de distanciation. Au lycée Lapérouse de Nouméa, certains professeurs portent des masques “mais il faut qu’ils articulent bien sinon on ne comprend pas”, s’amuse Swell, élève en Terminale S.
Le président Emmanuel Macron a livré mercredi, lors d’un déplacement en Bretagne pour saluer la filière alimentaire, quelques indices sur le futur plan de déconfinement en évoquant des mesures différentes “selon les secteurs d’activité ou selon les régions”. Les ministres concernés ont remis mercredi à Matignon une première mouture de leurs plans sectoriels, qui seront intégrés d’ici la fin du mois dans un projet global aux allures de casse-tête.
Aucune indication précise à ce stade, et la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a refusé de commenter des informations de presse sur une réouverture possible des restaurants, cafés et bars le 15 juin ou le maintien dans un premier temps de la limitation des déplacements interrégionaux. “Le déconfinement, ce ne sera pas la liberté d’aller partout tout le temps et de faire n’importe quoi”, a souligné sur BFMTV le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. “Une des propositions sur lesquelles travaille le gouvernement, c’est d’adapter les mesures de déconfinement à la réalité, la réalité d’une école, la réalité d’un quartier, la réalité d’une commune, d’un département ou d’une région”, a-t-il ajouté.
De son côté, le président de la région Normandie Hervé Morin (Les centristes) n’est “pas opposé” à l’idée de “laissez-passer” interrégionaux, appelant à un déconfinement “régionalisé” pour ne pas “faire subir à un département” où il y a peu de cas des mois et des mois de fermetures. Alors que le gouvernement est interpellé après plusieurs soirs d’incidents en banlieue parisienne, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a estimé jeudi que ces tensions étaient dues notamment “à l’effet de la dureté du confinement”.
Premiers décès dans le Cantal
Plus globalement, le contexte sanitaire reste toujours aussi incertain, alors que le nouveau coronavirus n’est pas près d’être vaincu, a averti mercredi l’Organisation mondiale de la Santé. Le bilan reste élevé avec 21 340 morts en France, 544 de plus en 24 heures, même si le nombre de patients en réanimation baisse depuis deux semaines. Département jusqu’ici épargné, le Cantal a enregistré trois premiers décès et un foyer a été identifié au centre hospitalier de Saint-Flour, au sein du service de médecine où étaient hospitalisés des patients au départ testés négatifs. L’épidémie est toujours “massive, sévère”, a rappelé Jérôme Salomon, qui sera auditionné jeudi par la mission Covid-19 de l’Assemblée nationale.
Et, selon des estimations de l’Institut Pasteur, seuls 6% des Français auront été infectés par le coronavirus le 11 mai. Une étude épidémiologique dans un lycée de Crépy-en-Valois, un des foyers de l’épidémie dans l’Oise, a d’autre part révélé que 26% des enseignants, lycéens et leur famille possédaient des anticorps contre le virus. Des chiffres là aussi bien trop faibles pour atteindre une immunité de groupe suffisante pour stopper l’épidémie.
La consommation électrique a baissé de 20%
Signe du ralentissement économique majeur, la consommation d’électricité a baissé de 20% depuis l’entrée en vigueur des mesures de confinement, baisse imputée principalement aux secteurs de l’industrie et des services, a indiqué RTE. Les conséquences économiques et sociales sont également très lourdes. Le chômage partiel a franchi la barre des 10 millions de salariés concernés. Et le déficit de la Sécurité sociale atteindra le niveau abyssal de 41 milliards d’euros cette année.
L’État met sur la table un plan d’aide massif de 110 milliards d’euros, voté jeudi dans la nuit par le Sénat. Députés et sénateurs se réuniront jeudi en commission mixte paritaire afin de s’accorder sur un texte commun. De nombreuses voix, dont celle du Haut Conseil pour le climat, appellent toutefois à ne pas reproduire la même erreur qu’en 2008, quand le plan de relance avait favorisé des activités polluantes.
Le secteur automobile, en tout cas, redémarre doucement après plus d’un mois de pause: Renault a annoncé la reprise de sa production en France, au lendemain d’une réouverture d’usine chez Toyota. Chez PSA, le chômage partiel se poursuivra après la fin avril.