Éducateur de personnes handicapées, Ahamada Adjibou est l’un des « oubliés du Ségur » de la santé. Pourtant, « on n’a jamais cessé de travailler, même pendant le confinement ». Selon ce délégué FO, « plus personne ne veut venir travailler dans l’associatif médico-social vu les petits salaires », par exemple « 1 800 euros net pour un éducateur avec 10 ans d’expérience ». « Résultat, on prend des intérimaires, ce qui est désastreux pour les patients suivis qui ont besoin de continuité », s’insurge-t-il.
À Bordeaux, Adrien Texier, également éducateur de personnes handicapées, note « un écart de plusieurs centaines d’euros entre le secteur médico-social et le secteur hospitalier ou des Ehpad » depuis la revalorisation des salaires du Ségur, ce qui, dit-il, entraîne une exode d’animateurs et éducateurs. « Des établissements fonctionnent avec 50 % des effectifs » et « on n’a plus les moyens d’assurer l’accompagnement de personnes fragiles », alerte-t-il. Julien Terrier, délégué CGT au CHU de Toulouse, constate « beaucoup de démissions de gens qui en ont marre ». « Certains d’entre nous, comme les gens qui s’occupent du nettoyage, une tâche essentielle actuellement, ont eu zéro augmentation, contrairement aux promesses du gouvernement », dénonce-t-il. « Les gens partent. Ils font un métier de chien pour 1 600 euros par mois après 18 ans d’expérience, ils craquent et changent de boulot », raconte Laure Privat, 42 ans, agent de service hospitalier à Martigues (Bouches-du-Rhône).