Christophe Grudler, député européen, vice-coordinateur de la commission de l’industrie de la recherche et de l’énergie au Parlement européen, a participé ce mercredi à la conférence présentant la stratégie de la Commission européenne autour de l’hydrogène. Il revient sur les enjeux de la structuration de cette filière, autour de l’hydrogène vert.
Christophe Grudler, député européen, vice-coordinateur de la commission de l’industrie de la recherche et de l’énergie au Parlement européen, a participé ce mercredi à la conférence présentant la stratégie de la Commission européenne autour de l’hydrogène. Il revient sur les enjeux de la structuration de cette filière, autour de l’hydrogène vert.
La Commission européenne a évoqué ce mercredi sa stratégie autour de l’hydrogène. Que retenez-vous ?
C’est un fantastique bond en avant pour atteindre les objectifs carbone de 2050. Nous avons dorénavant les outils, alors qu’avant on y allait cahin-caha. Avec cette stratégie, il y a de vrais objectifs sur de l’hydrogène propre, avec de vrais leviers comme le lancement de l’Alliance européenne de l’hydrogène, qui fédère des industriels et des États membres.
Comme le souligne le quotidien Les Échos, les budgets mobilisés restent flous…
La Commission européenne table entre 180 et 470 milliards d’euros d’investissements cumulés sur l’hydrogène renouvelable, d’ici 2050. Ce n’est pas que de l’argent public ; ce sont aussi les investissements des entreprises et des États membres. Avec cette stratégie, en 2030, on crée 140 000 nouveaux emplois en Union européenne et un million en 2050. Il y a plusieurs types d’actions : l’une sur la mobilité, l’autre sur l’industrie. Pour la mobilité, la Commission européenne a donné rendez-vous en décembre 2020. Rappelons également que dans le plan de relance européen, 100 milliards d’euros sont prévus (sur 750 milliards, NDLR) pour les énergies renouvelables, dont l’hydrogène. Cela va être massif. D’ici 2030, la Commission européenne estime qu’il faudra investir 24 milliards d’euros dans des électrolyseurs et 220 milliards d’euros pour connecter directement les énergies solaires et éoliennes vers ces électrolyseurs. Ce sont des niveaux d’investissement que l’Union européenne a défini. Ensuite, il faudra définir le montage financier entre les acteurs en fonction des projets.
À la suite de ces annonces, vous avez insisté, dans vos commentaires, sur la révision des réglementations européennes, c’est-à-dire ?
Aujourd’hui, l’hydrogène vert (c’est-à-dire produit à partir d’énergie renouvelable, NDLR) coûte plus cher à produire que l’hydrogène gris (produit à partir de gaz naturel ou d’électricité issue de ressources fossiles, NDLR). Le rapport est de un à cinq ! Pour promouvoir l’hydrogène vert, il faut qu’il y ait une incitation pour le rendre compétitif ; par ailleurs, il faut pénaliser l’hydrogène gris. Il faudra également regarder l’ETS, un mécanisme de droit à polluer.
Quelles sont les perspectives du nord Franche-Comté dans ce développement industriel, sachant que nous avons le FC Lab, Alstom ou encore Faurecia…
Il faut que nous arrivions à construire un vrai projet d’alliance européenne, avec la France, l’Allemagne, la Suisse et l’Italie. Ce serait pertinent d’avoir ce type d’alliance tri ou quadri-partite, sur une ou deux thématiques. Pour le nord Franche-Comté, nous avons le plus d’opportunités sur la mobilité et les transports. Nous avons Alstom, qui travaille sur une locomotive de fret fonctionnant à l’hydrogène-énergie. Nous avons aussi Symbio, la joint-venture entre Michelin et Faurecia (qui va installer son centre mondial de R&D sur le réservoir à hydrogène à Mandeure, NDLR). Je pense qu’une entreprise comme Gaussin peut aussi avoir un intérêt. Et le nord Franche-Comté peut se positionner sur la production d’hydrogène vert. Il faut que le nord Franche-Comté saisissent cette chance de l’hydrogène vertueux, pour l’emploi et l’environnement.
L’Allemagne a annoncé au mois de juin sa volonté de construire une filière, d’être numéro mondial de l’hydrogène vert et annonce un plan de 9 milliards d’euros…
La France a déjà misé sur l’avion vert, qui doit être prêt pour 2035. L’Allemagne a voulu prendre un temps d’avance. Elle a fait beaucoup d’affichage. Élisabeth Borne a annoncé (le 11 mars, NDLR) son attention d’atteindre 10 % d’hydrogène décarbonné en 2023 [dans l’industrie]. Aujourd’hui, il faut afficher les volontés pour faire venir les investisseurs. Je veux également que la Région Bourgogne-Franche-Comté intègre l’association européenne de l’hydrogène, où je travaille déjà avec tous les investisseurs européens de l’hydrogène ; je vais en parler à Marie-Guite Dufay. Il faut une stratégie ambitieuse autour de l’hydrogène, qui s’appuie sur l’existant tout en attirant de nouveaux investisseurs sur les créneaux où nous n’avons pas encore de forces de frappe.
Vendredi 10 juillet, 19 h, conférence La place de la filière hydrogène dans la stratégie industrielle européenne : une chance à saisir pour le Territoire de Belfort !, organisée par Christophe Grudler, à la Maison du Peuple. Il invite le chercheur Daniel Hissel, qui vient de recevoir la médaille de l’innovation du CNRS (notre article ici). Réservation souhaitée : 03 84 26 47 39 – permanence.grudler@gmail.com