Le laboratoire de produits homéopathiques Boiron annonce la suppression de 600 postes, soit un quart de ses effectifs en France. Douze site de préparation – distribution vont fermer, dont celui de Belfort.
Pierre-Yves Ratti, Thibault Quartier, avec l’AFP
Le laboratoire de produits homéopathiques Boiron a annoncé la suppression de plus de 600 postes, soit un quart de ses effectifs en France. Il ferme un de ses trois sites de production. Douze site de préparation-distribution vont fermer, dont celui de Belfort, qui emploie 19 salariés apprend-t-on auprès des syndicats (MAJ le 11/03/2020 à 16h40).
“Écoeurement.” “Colère.” À Belfort, les dix-neuf salariés du site de distribution des laboratoires Boiron, installé dans les Hauts-de-Belfort, rue Albert-Camus, “sont abasourdis”, confie Véronique Thurnherr, déléguée syndicale Force ouvrière de l’entreprise. Ils viennent d’apprendre que treize des 31 sites de Boiron en France seront fermés. Treize sites, dont l’usine de production de Montrichard (Loir-et-Cher) et douze sites de distribution, dont celui de Belfort. Ce plan de restructuration entraîne la suppression de 646 postes, a indiqué le groupe, qui a présenté ce projet aux syndicats dans la matinée de ce mercredi 11 mars. Il met cette décision sur le compte du déremboursement de l’homéopathie décidée par le gouvernement. Ce plan, qui ne concernera que la partie française des quelque 3 700 salariés du groupe dans le monde, est nécessaire pour “pérenniser l’entreprise et assurer son avenir et celui des salariés qui restent”, a affirmé le groupe. “Dans ce projet, il y a la création de 134 postes et aussi une nouvelle organisation de nos équipes commerciales pour pouvoir s’adapter à cette nouvelle donne”, précise-t-il, ajoutant que les filiales à l’international ne sont pas concernées par “ce plan de réorganisation”.
Perte de 20 % du chiffre d'affaires à Belfort selon Force ouvrière
Avec Belfort, onze autres sites de distribution sont fermés : Avignon, Brest, Grenoble, Limoges, Niort, Paris-Bois d’Arcy, Paris-Ivry, Pau, Rouen, Strasbourg et Toulon. Le site belfortain assurait la distribution dans la secteur, en Alsace et dans le haut Doubs. Et ce site doit fermer fin 2020, comme trois autres. Un deuxième wagon de fermetures est programmé mi-2021 et le dernier fin 2021. “Cela va arriver très vite”, déplore la déléguée syndicale. À proximité, le site de Strasbourg ferme aussi. Il reste celui de Nancy et de Dijon informe Véronique Thurnherr. “Cette décision du déremboursement nous a porté un grave préjudice”, dénonce-t-elle. Elle estime à 20 % la baisse du chiffre d’affaires lié à cette décision. “On tient à remercier Agnès Buzyn”, tance Véronique Thurnherr, amère. Elle ne comprend pas cette décision alors que Boiron produit largement en France.
Le laboratoire lyonnais, leader mondial du secteur, met en avant le rôle que joue, selon lui, la décision de dérembourser l’homéopathie prise par le gouvernement français, alors que la France représente presque 60% de ses ventes. Depuis le 1er janvier, l’homéopathie, qui fut un temps remboursée à 65% avant de tomber à 30%, ne l’est en effet plus qu’à 15%. Ce taux tombera à zéro en 2021. Cette décision avait été annoncée en juillet 2019 par le ministère de la Santé, au terme d’une longue polémique sur l’efficacité de l’homéopathie. À l’époque, Boiron avait affirmé qu’un déremboursement de l’homéopathie menacerait 1 000 emplois sur ses 2 500 en France. Il y a eu “une campagne de déstabilisation très virulente depuis deux ans”, affirme l’entreprise, qui dit continuer à “tout faire pour obtenir un moratoire et le maintien d’un remboursement”. Le groupe, qui doit publier ses résultats annuels financiers dans la soirée mercredi, a confirmé s’attendre à une baisse de sa rentabilité en 2019. Ses ventes annuelles l’an passé, déjà publiées, sont en baisse de presque 8% à 557 millions d’euros, alors même que le déremboursement n’avait pas encore eu lieu.
Nouvelle réunion le 20 mars
“8% de baisse de chiffre d’affaires, ce n’est pas très important. Le problème est, en dehors du déremboursement, l’image, l’une des pires choses à gérer. L’image est totalement décrédibilisée, cela pèse aussi sur l’activité”, commente le bureau d’analyse financière français IDMidCaps. Toutefois, très peu endetté, le groupe disposait à fin 2018 d’une trésorerie nette supérieure à 210 millions d’euros. “Même s’ils disposent d’une situation financière favorable, ils sont obligés de prendre des mesures drastiques et de s’adapter à la situation s’ils veulent continuer à générer de la trésorerie de façon durable pour se développer”, nuance IDMidcaps.
Si les syndicats ont découvert ce mercredi matin le plan de restructuration dans les grandes lignes, une autre réunion est programmée le 20 mars.