Besançon : la fuite vers la mort de Razia Askari

Façade du tribunal judiciaire de Besançon, dans le Doubs. | ©Le Trois – illustration
Façade du tribunal judiciaire de Besançon, dans le Doubs. | ©Le Trois – illustration

Razia Askari a été tuée en pleine rue à Besançon en 2018 : battue et traquée par son mari jusqu’à la mort, sa vaine tentative pour lui échapper a été mercredi au cœur du premier jour du procès de cet homme violent.

Angela Schnaebele – AFP

Razia Askari a été tuée en pleine rue à Besançon en 2018 : battue et traquée par son mari jusqu’à la mort, sa vaine tentative pour lui échapper a été mercredi au cœur du premier jour du procès de cet homme violent.

Rashid Askari, 41 ans, est jugé pour « assassinat » par la cour d’assises du Doubs, qui rendra son verdict vendredi. Il reconnaît avoir tué son épouse, mais réfute avoir prémédité son geste. « En France, elle n’a cessé de fuir ce mari qui la traquait, pour lui imposer la domination qu’un homme afghan a sur sa femme et la soumission qu’une femme afghane doit à son mari », a souligné une enquêtrice de la police judiciaire devant la cour.

Razia Askari, 34 ans, décrite par ses proches comme « joyeuse », « combattante » et voulant le meilleur pour ses enfants, est arrivée en France en 2017 pour rejoindre son mari. Mais très vite, installée dans le sud du pays, elle dénonce sa violence, tente de le quitter et de lui échapper. Elle déposera ainsi sept plaintes à Marseille et à Besançon, pour viol, menaces de mort réitérées, violences volontaires sur conjoint et sur ses enfants. Dans celles-ci, elle affirme être victime de violences conjugales depuis leur mariage, 14 ans plus tôt.

Courrier de l'assurance maladie

« Les enfants étaient à proximité parfois, pour les menaces de mort, les violences sexuelles. Ils ont été témoins quand il menaçait leur mère avec un couteau », a témoigné l’assistante sociale de l’association Solidarité femmes, Lila Atil, qui a listé les sévices subis par la jeune femme qu’elle a accompagnée et par ses enfants. Son mari sera placé à deux reprises en garde à vue : à Marseille où il est remis en liberté, le parquet jugeant les faits « insuffisamment caractérisés », puis à Besançon où aucune décision judiciaire n’avait encore été prise le jour des faits.

Après avoir demandé le divorce, Razia avait obtenu en juillet 2018 une ordonnance de protection délivrée par un juge des affaires familiales, interdisant à son mari de l’approcher. Il avait malgré tout retrouvé sa trace, grâce à un courrier envoyé par l’assurance maladie à leur domicile marseillais et mentionnant l’adresse de Besançon où elle avait trouvé refuge avec ses enfants, prise en charge par l’association de lutte contre les violences faites aux femmes Solidarité femmes.

Selon plusieurs proches, Razia était « terrorisée » par son mari qui menaçait de « la tuer avec un couteau », de « l’égorger » ou de « la défigurer avec de l’acide ». Elle vivait en sachant qu’il « pouvait la tuer ». « Il continuait à la harceler. Il la suivait dans la rue, dans les transports et la menaçait de mort pour qu’elle reprenne la vie commune », analyse l’enquêtrice. « Il n’acceptait pas que sa femme ne veuille plus de lui, d’autant plus que ça le privait de ses enfants. »

"Limites humaines et sociales"

Sachant se montrer « gentil », « tranquille », voire « charmant », d’après ses connaissances, le quadragénaire avait rallié la communauté afghane de Besançon à sa cause. Pour son avocat Me Randall Schwerdorffer, « M. Askari s’est vu dépossédé de ses droits de père ». Alors qu’il avait le « droit de voir ses enfants, son épouse lui a interdit », selon lui. L’accusé a déclaré que le fait de ne pas avoir vu ses enfants depuis un certain temps l’avait « mis hors de lui », qu’il avait « perdu le contrôle ». Rashid Askari avait menacé d’égorger sa femme, de la tuer avec un couteau : il lui a finalement asséné une vingtaine de coups de couteau d’une grande violence, dont un coup fatal de 10 centimètres au niveau du cou qui lui a tranché la veine jugulaire.

Pour Lila Atil, « on a tout fait, tout, pour faire cesser cette violence inacceptable. À nous tous, on n’a pas réussi. On a été confronté à nos limites humaines et sociales ». « Elle disait qu’il allait l’égorger. On a crié ce danger dans le vide, mais personne ne l’a écoutée », a regretté l’ancienne interprète de Razia.

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