Le syndicat de la police nationale Alliance interpelle sur les conditions de travail des policiers dans le cadre de la pandémie. Il réclame des masques pour se protéger et protéger la population dans l’exercice de leurs missions.
Le syndicat de la police nationale Alliance interpelle sur les conditions de travail des policiers dans le cadre de la pandémie. Il réclame des masques pour se protéger et protéger la population dans l’exercice de leurs missions. Et menace d’exercer leur droit de retrait si les masques viennent à manquer, alors que le stock est extrêmement tendu.
« Nous voulons travailler, cela ne se discute pas ! » Sébastien Garcia est le délégué départemental du syndicat de police Alliance. Il rassure sur les intentions de son syndicat de police, Alliance, qui interpelle depuis plusieurs semaines sur les conditions d’exercice de leurs missions de ses collègues, en pleine crise sanitaire.
La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur a ordonné le rapatriement de tous les masques FFP2 des commissariats en direction de l’ARS, interpelle Alliance, dans un communiqué daté du 26 mars. « Nous ne contestons pas que les personnels de santé soient équipés par rapport à la dangerosité́ de leur métier, bien au contraire, écrit le syndicat. Mais il est anormal que le ministère de l’Intérieur ne substitue pas ce matériel avec des masques chirurgicaux ou FFP1. »
Barrière, pas vecteur
Le syndicat dénonce, qui plus est, « une sorte de rétention des matériels ». Disponibles, mais « pas donnés franchement », déplore Sébastien Garcia. Car en nombre limité. « C’est insupportable, épuisant, infantilisant… » dénonce le syndicat. Il s’étonne d’avoir vu le président de la République avec un masque, jeudi, à Mulhouse. « On nous explique [pourtant] depuis 15 jours que les masques ne servent à rien, les contrôles ne seraient pas dangereux si l’on respecte les gestes barrières et les distances de sécurité », relève le syndicat dans son courrier. Pour le syndicat, c’est surtout que les policiers sont sous-équipés et qu’ils n’ont pas de masques. Sinon, ils seraient obligatoires. « À Belfort, nous n’avons même pas de masques FFP2, les seuls que j’ai vu c’est ceux qu’un généreux bienfaiteur nous a donnés aujourd’hui même, il y en avait 10… », confie-t-il. Le manque criant de moyens de la police nationale, matériel et humain, atteint son paroxysme pendant cette pandémie.
S’il y a des masques au commissariat de Belfort, on invite à les utiliser avec parcimonie, regrette Sébastien Garcia. « Nos dirigeants sont indignes, irresponsables, ils envoient les policiers à l’abattoir, tacle-t-il, avant de relever : On nous laisse mettre nos familles, nos concitoyens, nos collègues en danger en dépit de règles élémentaires de bon sens. »
« Nous sommes des policiers professionnels, poursuit le représentant du personnel, joint ensuite par téléphone. Nous respectons les gens dans la posture, la façon de faire et dans l’équipement. » Le syndicat réclame du matériel, autant « pour la santé des collègues que pour celle des gens que nous contrôlons ». Car il veut tout simplement « être une barrière au virus, pas un vecteur ».
Ma lettre ouverte @MartinHirsch sur l'option #masquespourtous en alternative au #confinement https://t.co/3HnhtXgEkN
— Florence de Changy (@FChangy) March 21, 2020
Droit de retrait en cas de manque
Dans une tribune publiée dans le journal belge La Libre, la correspondante à Hong Kong pour Le Monde, RFI et Radio France, Florence de Changy, s’étonne du discours qu’elle entend à l’égard du masque. Elle a également publié ce texte sur le blog de Mediapart, en l’adressant directement à Martin Hirsch, directeur de l’Assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP). « Je suis (…) ahurie d’entendre les autorités sanitaires françaises continuer d’affirmer que le masque ne sert à rien ou à presque rien. Cela me semble grave et dangereux alors qu’il faudrait au contraire inciter tous les Français à en porter, pas seulement le corps médical et les forces de l’ordre », écrit-elle dans sa tribune. Puis de poursuivre : « Il faut donc promouvoir le port du masque comme un acte citoyen d’intérêt collectif. Dans une épidémie, chacun devrait se considérer comme porteur potentiel, et protéger les autres de soi, pas l’inverse. C’est ce message qu’il me semble important de faire passer. » Un message que le syndicat Alliance développe à son échelle.
Lorsqu’il n’y aura plus de masques au commissariat, le syndicat invite les policier à « se retirer des missions qu’ils jugeront dangereuses pour eux, en l’absence de matériel ». Et Sébastien Garcia de conclure : « Nous sommes déterminés là-dessus. »