Belfort : l’attribution du marché du mobilier urbain soulève des interrogations

Dans une lettre envoyée à tous les belfortains, la société Girod Médias, spécialisée dans le mobilier urbain (abribus, panneaux d’affichage) s’est exprimée quant à l’attribution du marché à son concurrent, Jcdecaux. Un sujet qui a fait réagir la Ville et qui a soulevé des questions de la part de l’opposition.

Dans une lettre envoyée à tous les belfortains, la société Girod Médias, spécialisée dans le mobilier urbain (abribus, panneaux d’affichage) s’est exprimée quant à l’attribution du marché à son concurrent, Jcdecaux. Un sujet qui a fait réagir la Ville et qui a soulevé des questions de la part de l’opposition.

« Je ne m’amuse pas à chaque ville ratée à écrire une lettre. Mais là, c’était trop », narre Philippe Girod, président de l’entreprise Girod Médias. Entreprise Franc-Comtoise, la société Girod Médias a répondu à l’appel d’offres lancé par la ville de Belfort durant l’année 2020 pour renouveler son marché de mobilier urbain pour les quinze prochaines années.

La société explique : « Nous équipons les villes avec des mobiliers que nous installons et entretenons régulièrement. Nos prestations et mobiliers sont financés avec les recettes publicitaires que nous obtenons de la part d’annonceurs locaux et nationaux. » Avant de poursuivre : « Nous versons de surcroît généralement à ces villes des redevances annuelles dans le cadre de de ces marchés. » 

A Belfort, deux entreprises étaient en course pour ce marché. « Il a été demandé à chacun des soumissionnaires de verser une redevance financière annuelle à la ville dans une volonté de partage des recettes publicitaires », explique Philippe Girod, président de l’entreprise.  La société Girod Médias a proposé la somme de 248 248 € hors taxe par année. Soit 4 468 000 € pour les 15 années. Le marché a pourtant été attribué à Jcdecaux, qui proposait le versement d’une redevance annuelle  de 140 000 € hors taxe. Sans remplacement par du matériel neuf. Ce que Girod Médias proposait dans son appel d’offres. « En faisant ce choix, la Ville s’est privée d’une recette de 1 950 000 euros qu’elle aurait pu déduire des impôts locaux », pointe le président.

Des promesses, rien que des promesses

Damien Meslot, maire de Belfort (Les Républicains) s’étonne de cette lettre « à la limite de la diffamation ». « La société est coutumier du fait », se défend le maire.  En cause : la société Girod Médias a aussi, en 2019, envoyé une lettre à tous les habitants de Rambouillet pour les informer que leur offre n’avait pas été retenu alors qu’elle était plus avantageuse financièrement que celle de Jcdecaux (une lettre à laquelle Le Trois a eu accès). « La société aurait pu saisir le tribunal pour casser le marché, mais elle  ne l’a pas fait », pointe le maire. Quant aux sommes, le maire énonce « un marché de dupe ». « Les reversements ne sont rien d’autres qu’un pourcentage. Des changements peuvent fausser le marché. Ce sont des promesses. Et les promesses n’engagent que ceux qui les tiennent », s’énerve Damien Meslot. Dans sa lettre, Philippe Girod  affirme pourtant qu’il s’agit d’un minimum garanti.

Trois critères ont permis de faire la différence entre les deux sociétés. Le premier : les délais d’interventions. Girod Médias avait annoncé l’installation de locaux à Belfort si le marché était en leur faveur. Un critère qui aurait pu améliorer le délai d’intervention. Mais encore une fois, pour le maire, il ne s’agit « que de promesses ». Deuxième critère : « Jcdecaux utilise du matériel de récupération. Nous sommes dans une démarche écoresponsable », argue le maire. Troisième point : la solidité des vitres.

Quant à un possible grief, Damien Meslot s’en défend : « En 2017, nous leur avons attribué un marché sur les panneaux de commerces. Quand ils sont meilleurs, on sait le reconnaître, mais là ce n’était pas le cas. »

L’opposition monte au créneau

« Le maire de Belfort et le président de la commission d’appel d’offres doivent des explications aux Belfortains sur les conditions d’attribution du marché à JCDecaux qui semblait proposer une offre bien moins intéressante pour la ville », pointe le communiqué des conseillers municipaux d’opposition que sont Samia Jaber, Bastien Faudot et Jacqueline Guiot. Avant de poursuivre : « S’il est confirmé, le manque à gagner rendu public par Girod Médias est considérable : 2 millions € minimum sur 15 ans. Le choix effectué par la majorité municipale priverait le budget de notre ville de recettes significatives, au moment même où Damien Meslot augmente la part municipale de taxe foncière de 19,3% ! »

Bastien Faudot, conseiller municipal d’opposition, se questionne. « Quand il y a 20 000 euros, ou 30 000 de différence, on peut entendre qu’une ville préfère rester fidèle à une entreprise qu’elle connaît. Mais pas avec une telle différence financière. » 

Des interrogations ont aussi été soulevées sur le cabinet qui s’est chargé de l’appel d’offres. Une première commission interne s’est chargée de cette procédure, avant d’être remplacée par un cabinet extérieur indépendant  (le cabinet Agora, situé à Beaune). « Pourquoi faire venir en plein milieu d’une procédure déjà entamée un cabinet indépendant ? », interroge Bastien Faudot. Le maire s’en est défendu. « Nous ne sommes pas des professionnels. Devant la complexité des offres, nous avons fait appel à un cabinet. »  

L’appel d’offres sur le marché public, qu'est ce que c'est et comment ca marche ?

Un appel d’offres est une procédure qui permet à un commanditaire de faire le choix de l’entreprise la plus à même de réaliser une prestation de travaux, fournitures ou services. Le but est de mettre plusieurs entreprises en concurrence pour fournir un produit.

Il y a six grandes étapes :

  1. Rédaction du cahier des charges. Ici, les critères qui entraient en jeu étaient la qualité technique, la qualité financière et la qualité esthétique. Sur les deux premiers points, les deux entreprises étaient aux coudes à coudes. Sur le point de vue esthétique, c’est Jcdecaux qui a fait la différence (un critère plutôt subjectif).
  2. Création de lots
  3. Définition des critères de choix 
  4. Choix des soumissionnaires et diffusion de l’appel d’offres ;
  5. Réception analyse des offres et évaluation des soumissionnaires ;
  6. Choix du prestataire et contractualisation.
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