Le Trois –

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Belfort : des projets dans les cartons, mais un avenir incertain [photos]

Le conseil municipal de Belfort a débattu des orientations budgétaires 2021.
Les Jardins du Square, des logements construits sur le site de l'ancien hôpital, à Belfort. Les premiers habitants sont attendus en septembre.

Le conseil municipal de Belfort a débattu, ce mercredi soir, de ses orientations budgétaires 2021. Ce premier budget en année pleine de la nouvelle mandature de Damien Meslot (Les Républicains) est marqué par les conséquences de la crise sanitaire et économique. L’incertitude règne, même si la municipalité s’appuie sur une comptabilité saine. On a listé les projets, sans appréhender les priorités dénoncent les oppositions.

Le conseil municipal de Belfort a débattu, ce mercredi soir, de ses orientations budgétaires 2021. Ce premier budget en année pleine de la nouvelle mandature de Damien Meslot (Les Républicains) est marqué par les conséquences de la crise sanitaire et économique. L’incertitude règne, même si la municipalité s’appuie sur une comptabilité saine. On a listé les projets, sans appréhender les priorités dénoncent les oppositions.

L’initiative a pu surprendre. Pour présenter les orientations budgétaires 2021, le premier adjoint, Sébastien Vivot (Les Républicains), a décidé d’enregistrer son propos et de le diffuser à l’auditoire en faisant défiler les slides d’une présentation. Une demi-heure de prise de parole enregistrée, choix motivé par la difficulté de parler avec un masque, explique l’élu.

« L’exercice est marqué par une situation d’incertitude inédite », note alors, en préambule, Sébastien Vivot. La situation sanitaire a accru les dépenses et fragilise la situation économique ; de sérieux doutes planent sur l’emploi. Autant de paramètres qui pourront avoir des conséquences « sur les finances publiques ». Des finances publiques touchées par la suppression de la taxe d’habitation ; dorénavant, la municipalité ne touche qu’une part de la taxe sur le foncier bâti. Le lien de l’impôt avec la collectivité n’existe donc qu’avec les propriétaires. Une situation qui interroge l’adjoint au maire.

Un encours de la dette de 66,8 millions d’euros

Fin 2020, la dette de Belfort s’élevait à 66,8 millions d’euros. Si l’on soustrait la vente du Flunch (1,5 million d’euros), faubourg de France, elle diminue encore. Les locaux accueilleront prochainement l’enseigne danoise Normal, magasin de déstockage et de bazar. La dette « est saine et maîtrisée », analyse Sébastien Vivot. La capacité de désendettement de la Ville s’étend sur six ans. Une donnée très bonne, les seuils d’alerte se situant à 10-12 ans. Montbéliard enregistre une capacité à cinq ans, Besançon à quatre ans, Mulhouse et Épinal à huit ans, Lons-le-Saunier à trois ans et Nancy à neuf ans. La dette par habitant est de 1 420 euros (comparaison de la tableau ci-dessous).

Les dépenses de fonctionnement s’établissent, dans ce rapport d’orientations budgétaires, à 63,2 millions d’euros, dont les deux tiers sont consacrés aux dépenses pour le personnel. Les recettes sont marquées par une baisse de la dotation générale de fonctionnement (DGF), attribuée par l’État. Depuis 2015, la Ville enregistre une baisse de 857 000 euros de cette dotation ; elle touche aujourd’hui 15,9 millions d’euros. Dans cette dotation globale, la part de la dotation de solidarité urbaine a quant à elle légèrement augmenté. L’impact de la crise sanitaire, notamment pour équiper les agents, a entraîné une dépense de 300 000 euros. 226 000 euros sont budgétisés à cet effet en 2021 ; on espère que les prix seront moins fluctuants qu’en 2020, année marquée parfois par des pénuries.

6 axes d'investissements

Côté investissements, la nouvelle équipe municipale a présenté un plan pluriannuel d’investissements autour de 6 axes. Le premier s’oriente vers une ville engagée en faveur de l’environnement, avec des projets de renaturation de la Savoureuse, le développement des pistes cyclables, un plan de rénovation des fenêtres et toitures ou encore la récupération des eaux de pluie. Le deuxième axe aborde le cadre de vie amélioré, avec la poursuite de programmes immobiliers (ZAC de l’hôpital, réaménagement du secteur Dorey aux Résidences), l’aménagement d’un parc à la place de l’ancienne école d’infirmière et l’extension du parc Lechten.

Le troisième vise à transformer la ville, en rénovant le pont Roubaix, en construisant des passerelles piéton sur la Savoureuse, en réaménageant la place Corbis, le faubourg de France et la place de la République. Quatrième axe: la rénovation des écoles, avec un projet à l’école René-Rucklin, notamment. Ensuite, un axe dédié à la culture, avec un projet d’extension du musée d’art moderne – fondation Jardot, la rénovation du musée de la citadelle et la rénovation de la toiture de la cathédrale Saint-Christophe. Sixième et dernier axe, l’accès au sport avec notamment la rénovation du sol du Phare, la rénovation du gymnase Coubertin ou encore du stade Mattler et la création d’une salle de boxe, dans les sous-sol de la maison du Peuple.

Le taux des impôts des ménages

  • Taux de taxe d’habitation : 16,80%
  • Taux de taxe sur le foncier bâti : 19%
  • Taux de taxe sur le foncier non bâti : 82,83%

L’adjoint au maire a alors informé que le phasage de ces opérations sera défini dans un second temps. « Le budget 2021 prévoira le financement de projets importants en cours de réalisation (galerie ci-dessus, NDLR) ainsi que la lancement d’études permettant d’engager les opérations à inscrire en plan pluriannuel d’investissement, a-t-il ajouté. Les dépenses d’équipement s’établiront à environ 18 millions d’euros, hors remboursement du capital de la dette. »

"Avis de tempête"

Pour qualifier cette liste, Mathilde Regnaud-Nassar, d’En commun en Belfort, évoque « un inventaire à la Prévert ». « On cherche en vain vos priorités, regrette pour sa part Bastien Faudot (Gauche républicaine et socialiste), conseiller municipal d’opposition. C’est comme à La Samaritaine, on y trouve de tout. » Il a profité de sa prise de parole non limitée pour demander à Damien Meslot d’arrêter de servir systématiquement comme argument sa large victoire aux dernières élections municipales. « Nous n’allons pas passer tout le mandat à écouter votre autosatisfaction. Vous allez vous en remettre ! Nous avons été élus pour avoir du débat. »

Bastien Faudot met surtout en garde contre « un avis de tempête », qui attend l’État et les collectivités locales, avec une forte augmentation des dépenses de la vie sociale et des recettes fiscales qui vont se « contracter ». Damien Meslot a reconnu que nous vivions « la plus grande crise depuis la seconde Guerre mondiale », et que cela invitait à la « prudence ».  

Mais, selon Bastien Faudot, les projets de la municipalité ne sont pas en adéquation avec ces urgences. Selon lui, elles concernent l’éducation, la relocalisation économique, agricole notamment, et une politique sociale de logements et de requalification ambitieuse. « Si ce n’est pas le cas, notre ville restera en déclin démographique et tout le reste sera superflu », assure-t-il. Il invite à penser à 20-30 ans et non pas aux prochaines élections. Un manque de « vision à long terme », également reproché par Christophe Grudler (MoDem), conseiller municipal d’opposition. Les deux rappellent que la baisse de la DGF résulte notamment de la baisse de la population. Le député européen invite à travailler sur l’attractivité, notamment pour les familles ; il s’étonne alors de la fermeture de la crèche des Bons-Enfants. Il suggère aussi à relancer des programmes locatifs, notamment à destination des familles. Samia Jaber critique le manque d’investissement dans les écoles. Damien Meslot répond que d’importantes rénovations de cours et de préaux ont été engagées.

Des projets lancés en 2021

Photos prises par Le Trois – Thibault Quartier

4 000 emplois perdus depuis 2017

Mathilde Regnaud-Nassar s’étonne, quant à elle, du diagnostic. « Belfort perd des habitants, perd des logements et perd des emplois », martèle-t-elle comme pour tirer la sonnette d’alarme. Une analyse bien loin de la vision « positive », selon elle, décrite par le document des orientations budgétaires. 4 000 emplois ont été perdus depuis 2017 selon l’Insee, avance Mathilde Regnaud-Nassar, et 2 000 supplémentaires sont à craindre selon la Banque de France. Elle invite à étudier rapidement « les mécanismes de solidarité nationale », alors que les impôts de production vont diminuer avec la perte des emplois.

Côté projets, elle invite surtout à définir des « objectifs précis, ambitieux » autour de la transition écologique, des pistes prioritaires du plan de relance. Et de glisser que « l’écologie punitive, c’est celle qui fait croire qu’on agit alors qu’on ne se saisit pas des vrais problèmes ». Petit pied de nez aux répliques de Damien Meslot visant les écologistes. Elle invite à encourager un plan vélo ambitieux ; Damien Meslot répond qu’un plan sera proposé prochainement. Elle encourage aussi à renforcer l’autopartage, rappelant qu’une voiture en autopartage, ce sont 9 voitures en moins en stationnement sur la voirie, libérant de l’espace pour des pistes cyclables et des ilots de verdure. L’autopartage, c’est aussi « permettre aux ménages belfortains de faire l’économie de la propriété individuelle de la voiture », rappelle-t-elle. Damien Meslot de relever que ce dossier relève du syndicat mixte des transports en commun (SMTC). Elle s’est aussi attardée sur la nécessité de la rénovation thermique, rappelant les enjeux écologiques, mais aussi économiques pour les ménages les plus modestes.

« Nous appliquerons notre programme complètement »

Attaqué sur la baisse de la population, Damien Meslot estime qu’elle n’est pas le résultat de sa politique de l’habitat, mais de la composition des ménages. On compte à Belfort, selon lui, 1,66 personne par ménage aujourd’hui contre 1,839 auparavant. Si ce chiffre était maintenu, Belfort compterait plus de 53 000 habitants avance-t-il. En regardant cette donnée, on s’aperçoit que la taille des ménages baisse depuis 1968, mais cette baisse s’est accélérée ces dernières années. La taille était de 2,02 personnes en 2007, 1,95 en 2012 et 1,92 en 2017, diminuant alors de 0,3 point en trois ans (chiffres issus du dossier complet de Belfort à l’Insee, paru le 18 janvier 2021), contre moins 0,1 en dix ans, entre 2007 et 2017. L’absence de tension sur le marché immobilier, à Belfort, et la vacance dans les logements ne tend pas non plus à confirmer totalement cette hypothèse observent des élus, en marge.

Le parc de logements a été beaucoup évoqué par les différentes oppositions. Et Bastien Faudot et Mathilde Regnaud-Nassar ont évoqué le quartier Jean-Jaurès et son absence de perspectives. Damien Meslot a répondu que des procédures sont en cours, notamment avec des propriétaires, pour lancer des rénovations. Et que si ce n’était pas le cas, ils pourraient lancer des démarches d’expropriation, ne voulant pas rencontrer des situations comme celles de la rue d’Hanoï où un immeuble s’est effondré, en janvier 2018.

« Belfort n’est pas en déclin, mais en transition et en transformation, a finalement déclaré, dans un bel euphémisme, Damien Meslot. Les Belfortains n’aiment pas qu’on rabaisse la ville. » Malgré la situation et les incertitudes mises en avant par Sébastien Vivot, Damien Meslot s’est engagé : « Nous appliquerons notre programme complètement. »

Les études lancées en 2021

Le message de la municipalité de Belfort est clair depuis plusieurs jours : rappeler qu’il y a des projets. On promet un plan pluriannuel d’investissements, mais pour l’instant , rien n’est calé. Mais en 2021, des études sont lancées :

  • Extension de 915 m2 du musée d’art moderne – donation Maurice-Jardot, afin de disposer d’une salle d’exposition temporaire et de créer une centralité dans l’offre des musées de Belfort, très éparpillée, et de rendre l’offre plus lisible (coût estimé : 4,5 millions d’euros)
  • Le musée d’histoire, à la citadelle. L’idée est de repenser le parcours du visiteur, en créant de nouveaux espaces pédagogiques et en réorganisant des collections (coût estimé : 2,6 millions d’euros)
  • La rénovation de la place de la République, pour renforcer l’offre touristique et patrimoniale du lieu. La priorité sera donnée au mode de déplacement doux, mais des places de stationnement pour les voitures seront conservées. Des îlots de fraîcheur seront installés, des arbres plantés, et le monument des Trois-Sièges soit être revalorisés (coût estimé : 5,2 millions d’euros)
  • Rénovation du stade Etienne-Mattler, avenue Jean-Jaurès, construit en 1976. Il accueillera toujours du football. Les terrains de pétanque et le stand de tir seront supprimés ; la boule lyonnaise sera maintenue l’été. Un espace de pratique couvert est prévu (roller, voitures radiocommandées, Parkour). On doit refaire aussi les tribunes et les vestiaires (coût estimé : 2,5 millions d’euros)
  • Rénovation de la place Corbis et du faubourg de France, ainsi que la rue Jules-Vallès, la place de la Commune et le secteur Coinot. Le but est de revitaliser cet espace de la ville et favoriser le commerce. Le but, en faire un lieu pour flâner (coût estimé : 5,5 millions d’euros)

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