Le Trois –

Audincourt : trois jours de mobilisation chez Flex-N-Gate 

Une heure matin, ou une heure soir : les salariés débrayent de lundi à mercredi. | ©Google street view​
Depuis lundi, les salariés de Flex-N-Gate, à Audincourt, débrayent en début ou fin de journée pendant une heure pour faire entendre leur mécontentement face à l’augmentation du coût de vie et face au manque de reconnaissance de la direction. La mobilisation se poursuit ce mercredi.

3 000 euros en moins depuis deux ans, chaque année. C’est ce que dénoncent les syndicats de l’équipementier Flex-N-Gate, installé à Audincourt, qui fournit des technologies dans plusieurs domaines : plastiques extérieurs, métal, systèmes d’éclairage ou assemblage mécanique, pour des grands groupes comme Stellantis.

Ils se sont soudés en intersyndicale pour dénoncer le manque de discussions avec la direction. À Audincourt, réunis dans une salle de réunion, la CGT, la CFDT et Unsa témoignent ce mardi midi. Ils ont lancé une dynamique de grève sur trois jours, du lundi 3 au mercredi 5 octobre, une heure dans la journée, en début ou fin de tournée.  Une action conjointe avec les autres sites à Burnhaupt-le-Haut (Haut-Rhin) et Marines (Val-d’Oise). « Pour le moment, on reste soft », explique Jean-Luc Bini, délégué syndical Unsa. Et pour cause : ne serait-ce que la perte d’une heure de travail est compliquée pour les salaires les plus bas. Ces actions, pour les syndicats, permettent de prendre « la température », détaille-t-il. 

Cela fait plusieurs mois que les organisations syndicales multiplient les appels du pied à la direction pour obtenir deux choses. La première consiste à négocier une meilleure prise en charge des jours d’activité partielle longue durée (APLD), c’est-à-dire obtenir 92% du salaire payé (contre 84%) dès le premier jour chômé. Avec la crise des semi-conducteurs, la filière automobile fait face à de nombreux remous et les salariés en pâtissent sur leur fiche de paie. La deuxième vise à obtenir une prime exceptionnelle de 1 000 euros pour avoir « un coup de pouce » dans cette période d’inflation record. En vain. 

La tension actuelle, elle, vient d’un cumul. Les négociations salariales en début d’année se sont déjà mal passées, pas à la hauteur selon les syndicats, entraînant des débrayages. Elles ont fini par être signées, quand même. Mais déjà en début d’année, elles n’étaient pas à la hauteur de l’inflation, reconnaît Jean-Luc Bini. Pourtant, à ce moment-là, « on ne pouvait pas deviner que cela allait monter autant.» Jusqu’en septembre, la direction indiquait qu’il n’était pas possible d’obtenir quoi que ce soit, raconte-t-il. Pourtant, « la trésorerie est bonne » : 38 millions d’euros en 2019, 50 millions en 2021, explique le délégué syndical de l’Unsa. « Nous sommes loin d’être au bord du gouffre

« Mesurettes »

Mails, rendez-vous formels, informels, négociations. Rien n’y a fait. Jusqu’au 20 septembre : « D’un coup, la direction a décidé qu’elle allait nous aider. Mais sans nous avoir consultés. Avec des augmentations de 30, 40 ou 50 euros selon les cas. Brut, bien entendu », raconte Jean-Luc Bini. Sur le fond : « L’augmentation n’est pas déconnante », admet Christian Gaillard, délégué syndical de la CGT. Mais après des mois à demander des discussions, les syndicats ne se sentent pas considérés.

« Ils ont pris la décision sans nous consulter », déplore Valérie Bouchet, déléguée syndicale CFDT et déléguée centrale pour le groupe. Tout ça, « pour obtenir des mesurettes », raconte Jean-Luc Bini. D’autant plus qu’ils ne suivent pas du tout le cours de l’inflation, relève Christian Gaillard. La direction a aussi proposé des mesures concernant l’activité partielle longue durée. Des mesures « qui ne changent pratiquement rien », déplorent les syndicats.

Malgré les réticences, une partie des mesures proposées par la direction, concernant la prime d’intéressement et l’APLD, a été signée. « Nous avons tout de même signé pour que la direction ne se cache pas derrière cela pour tout bloquer. » Ils espèrent que des avenants pourront être constitués. 

Deux ans sans prime

Pendant que les organisations syndicales tentent de convaincre un maximum de salariés de suivre la mobilisation, la direction distribue des notes pour informer les salariés des augmentations. « Ils n’y comprennent rien. La direction est très douée pour la communication et semer le trouble », déplore une source syndicale. Car ces augmentations de 30, 40 ou 50 euros dont fait part la direction aux salariés ne remplacent pas les primes d’avant 2020. 

« C’était la politique de la maison.» Les organisations syndicales racontent qu’entre la prime d’intéressement économique annuelle, de participation et d’intéressement semestriel, chaque année, les salariés recevaient entre 3 000 euros et 5 000 euros. « Ils en faisaient un argument pour recruter et appâter les salariés », se remémore Valérie Bouchet. Depuis 2020, plus rien. « Aujourd’hui, nous sommes sous les 1 000 euros de prime par an ».

Les syndicats voient cela d’un mauvais œil, alors que la grille salariale de l’entreprise est, pour eux, déjà, basse. « En fin de carrière, après 30 ans, certains salariés sont encore à 1 800 euros de salaire », déplore Christian Gaillard, délégué syndical de la CGT. « La société se vante d’être au-dessus des grilles, mais sans les primes, cela ne marche plus.»

Gestion complexe

Valérie Bouchet analyse : « Malgré une conjoncture particulière, les résultats sont encore plus que sérieux. Ils ont la possibilité de mettre en place des primes exceptionnelles.» Elles sont d’autant plus nécessaires qu’en plus des suppressions de prime, la crise des semi-conducteurs a conduit les équipementiers à arrêter, ou réduire les heures supplémentaires, qui permettaient à de nombreux salariés d’arrondir les fins de mois. Pour elle, cette nouvelle gestion par une « direction américaine », depuis quelques années, engendre de nombreux problèmes. « Tout est porté sur le chiffre d’affaires sans se projeter. On perd des salariés en faisant ainsi », relève-t-elle. Les organisations syndicales déplorent aussi le manque de relais. À Audincourt, « cela fait six mois que nous n’avons plus de ligne directrice, plus de direction stable, plus de projection. Tout ce que l’on fait, c’est remplir des usines ». Le découragement se fait ressentir. D’autant plus pour ceux « qui commencent à 4h, pour 1 400 euros », mettent en perspective les organisations syndicales. 

L’équipementier, qui fournit essentiellement Stellantis et Renault, emploie 1 200 CDI en France. Et environ 700 sur Audincourt. Sur ces 700, difficile de savoir combien ont débrayé sur les deux premiers jours. Pour les adhérents de l’Unsa, « les trois-quarts des adhérents y ont pris part ». Après la fin de ces actions, ce mercredi, d’autres débrayages sont encore possibles. Certains comptent sur une réunion centrale jeudi concernant la politique sociale pour remettre le dossier sur la table. Tandis que d’autres rigolent jaune. « T’as de l’espoir », entend-on résonner. Ce qui est sûr, les augmentations ne viendront pas en trois jours, et les organisations syndicales en sont conscientes. « Ce n’est que le début », admettent-ils. Malgré nos tentatives, nous n’avons pas réussi à joindre la direction.

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