L’équipementier automobile américain Flex-N-Gate a annoncé le 17 juillet un plan social de plusieurs dizaines de postes, principalement à Audincourt. L’incompréhension est forte chez les salariés et les élus. Même si un dialogue social s’est peut-être entre-ouvert ce mardi 21 juillet.
L’équipementier automobile américain Flex-N-Gate a annoncé le 17 juillet un plan social de plusieurs dizaines de postes, principalement à Audincourt. L’incompréhension est forte chez les salariés et les élus. Même si un dialogue social s’est peut-être entre-ouvert ce mardi 21 juillet.
« Le plan social avec la suppression contrainte d’emplois doit être l’ultime recours et non pas un outil d’ajustement. » Les mots du maire socialiste d’Audincourt, Martial Bourquin, sont forts. Et à la hauteur de son désarrois à la suite de l’annonce d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) à Flex-N-Gate France, touchant particulièrement le site d’Audincourt. Il a adressé ce jour une lettre ouverte à Brad Delorme, vice-président Europe des opérations de Flex-n-Gate.
L’équipementier américain, qui a racheté Faurecia Bloc Avant en 2017, a annoncé le 17 juillet un plan social qui concerne 59 postes sur trois sites français (Audincourt, Marines dans le Val-d’Oise et Burnhaup-le-Haut dans le Haut-Rhin), dont 48 postes rien qu’à Audincourt. Des licenciements secs dans la majorité. Les représentants des salariés rejettent en bloc cette option, car « on est loin du dépôt de bilan », comme le résume Jean-Luc Bini, délégué central Unsa. De son côté, l’ancien sénateur rappelle que l’entreprise a une situation économique saine. Son endettement est faible et sa trésorerie avoisinait 38 millions d’euros avant la crise sanitaire avance également Martial Bourquin.
L’intersyndicale prête à négocier
Dès qu’ils ont eu vent d’un plan social, les représentants du personnel se sont activés pour proposer des solutions à Flex-N-Gate permettant de faire des économies à l’entreprise tout en évitant les suppressions sèches. Des suppressions qui touchent principalement les techniciens et cadres et qui représentent 10 % environ des emplois des services centraux (comptabilité, informatique, R&D…). Les représentants du personnel trouvaient également que les mesures d’accompagnement n’étaient que « des mesurettes », déplore Jean-Luc Bini. Dans un premier temps, cette volonté de dialogue a été rejetée par la direction, qui voulait poursuivre dans son plan social.
L’intersyndicale, composée de la CFE-CGC, de la CGT, de la CFDT, de FO et de l’Unsa, milite pour mettre en place l’APLD, un dispositif d’activité partielle de longue durée, mis en place par le Gouvernement et en vigueur depuis le 1er juillet. « La réduction du temps de travail [peut] aller jusqu’à 40% et (…) la durée peut être supérieure à 24 mois sur une période de 3 ans », explique-t-elle dans un courrier, daté du 17 juillet, également adressé à Brad Delorme. Selon l’intersyndicale, ce dispositif permet surtout de faire des économies bien plus rapidement que le plan social, qui ne serait effectif qu’en fin d’année. Et il ne compromet pas « la capacité de redémarrage de Flex-N-Gate », peut-on lire également dans le courrier. « Quand vous ne maîtrisez pas le flux des compétences qui partent, vous n’êtes pas maître de votre destin », alertait à ce sujet Olivier Laurent, président de la Métallurgie de Franche-Comté de la CFE-CGC, qui suit le dossier de près. Avec ce plan social, « on va se séparer de compétences », déplore Jean-Luc Bini. « On a mis plus de 2 ans à recruter des personnes, et aujourd’hui on veut s’en séparer, comme des techniciens de maintenance, un métier en tension », prévient-il.
Porte ouverte ?
Ce mardi, à l’occasion d’une nouvelle réunion, les représentants du personnel ont appris que le périmètre du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) revenait à 39 départs, dont 35 à Audincourt (22 dans les services centraux et 13 en production) ; la direction a comptabilisé les récents départs en retraite, démissions ou ruptures conventionnelles. Une porte a peut-être également été entre-ouverte au sujet du dispositif APLD, pour lequel milite aussi Martial Bourquin, « afin de conserver emplois et compétences au sein de l’entreprise », écrit-il. « Je vous demande de surseoir à ce projet de plan social et d’étudier les autres dispositifs », invite finalement Martial Bourquin.
En outre, l’intersyndicale se dit prête à négocier un plan de départs volontaires si cela permet de trouver les économies réclamées par la direction et justifiées par la crise sanitaire liée à la pandémie du covid-19. Représentants du personnel et élus remarquent également que la reprise de l’activité automobile, notamment chez PSA à Sochaux qui a annoncé le retour de l’équipe de nuit le 31 août, était un bon signal pour l’activité de Flex-N-Gate.
Si aucun accord de méthode n’intervenait, le plan de sauvegarde de l’emploi devrait être effectif mi-septembre. Dans son périmètre France, qui comprend trois entités, l’équipementier Flex-N-Gate emploie 1 200 salariés, dont 780 à Audincourt.