Le Trois –

Alstom : chômage partiel dès la rentrée dans les ateliers de Belfort

Le site Alstom de Belfort, avenue des Trois-Chênes.

La première réunion sur la mise en place d’une activité partielle sur le site d’Alstom Belfort s’est tenue ce lundi. L’usine est confrontée à une sous-charge d’au moins 18 mois, dès la rentrée, même si la commande ukrainienne et la maintenance du tramway de Lyon ouvre des perspectives. Selon des documents que Le Trois a pu consulter, l’activité partielle doit débuter le 1er septembre. Pour une période de 36 mois. 40 % des effectifs du site sont concernés. Enquête.

La première réunion sur la mise en place d’une activité partielle sur le site d’Alstom Belfort s’est tenue ce lundi. L’usine est confrontée à une sous-charge d’au moins 18 mois, dès la rentrée, même si la commande ukrainienne et la maintenance du tramway de Lyon ouvre des perspectives. Selon des documents que Le Trois a pu consulter, l’activité partielle doit débuter le 1er septembre. Pour une période de 36 mois. 40 % des effectifs du site sont concernés. Enquête.

La signature d’un accord-cadre sur l’achat de 130 locomotives par l’Ukraine, qui doit garantir 6 à 7 ans de travail à Belfort (notre article), avait permis de pousser un ouf de soulagement dans la cité du Lion, mi-mai, qui s’ajoutait à la confirmation de la fabrication des motrices du TGV M. L’horizon s’éclaircissait (notre article). L’annonce, ce mardi matin, d’un nouveau contrat de maintenance du tramway lyonnais (lire par ailleurs) complète les bonnes nouvelles. Mais malgré tout, Belfort va affronter une période très délicate de sous-charge, qui débute à l’été et ne prendra fin qu’à l’automne 2023, quand le contrat ukrainien sera totalement sur les rails ; ce ne sont, qui plus est, que des prévisions, la signature du contrat avec l’Ukraine n’étant pas signé entre Alstom et l’opérateur du réseau.

Le contrat avec Sytral, l’opérateur des transports en commun de la métropole lyonnaise, sera assuré par la branche Services d’Alstom Belfort, qui embauche 70 personnes en CDI aujourd’hui (plus une quinzaine en intérim), sur les 753 personnes que compte le site, tous les contrats confondus (CDI, CDD, apprentissages, intérimaires et prestataires). « [Ce contrat] conforte la charge sur la partie Services, apprécie une porte-parole de l’industriel, qui ajoute : C’est la première fois que Services Belfort remporte un contrat tramway. » En plus de ce contrat, Alstom enregistre une activité complémentaire sur le contrat de locomotives suisses et quelques opérations sur le projet de tramway de Cologne (lire par ailleurs) confirment plusieurs sources.

208 personnes concernées par le chômage partiel

Ces activités supplémentaires et particulièrement la signature du contrat lyonnais ne permettent toutefois pas de compenser la sous-charge. « L’activité des Services semble être un pilier important de la croissance, mais elle ne compense pas suffisamment la diminution des opérations de grande vitesse et locomotives », écrit Alstom dans un document que Le Trois a pu consulter ; c’est le projet de mise en œuvre d’une activité réduite pour le maintien de l’emploi.

Selon ce document, 208 personnes sont concernées par la mise en place de cette activité partielle, soit 42,2 % des effectifs de l’entreprise, hors prestataires et intérimaires. L’usine compte, à fin avril, 493 salariés, dont une écrasante majorité en CDI (95,9 %). S’ajoutent 130 prestataires et 130 intérimaires. La période du dispositif d’activité partielle sera validée pour 36 mois ; elle court du 1er septembre 2021 au 31 août 2024. Au cours de ces 36 mois, on ne peut excéder 24 mois d’activité partielle.

En 2021-2022, le taux moyen d’activité est envisagé à hauteur de 73,3 %, de 46,40 % en 2022-2023 et de 50,81 % en 2023-2024 selon ce document de travail que Le Trois a pu consulter. Le creux est vraiment en 2022-2023. On a des disparités selon les secteurs. Ce sera 100 % d’activité partielle pour l’approvisionnement ou le magasin, par exemple, en 2021-2022, contre près de 25 % pour la tôlerie ou 90,73 % pour les essais. La moitié des effectifs concernés par l’activité partielle sont ceux de la production : chaudronnerie, manutention, tôlerie, peinture…

Belfort va participer à la modernisation du tramway de Lyon (©Alstom)

Passerelles vers Services

Les contrats supplémentaires enregistrés vont cependant permettre « à quelques personnes de basculer » des ateliers vers l’activité Services confirme Eddy Cardot, de la CGT, notamment des ouvriers de chaudronnerie ou de peinture note-t-il. « Dans les discussions, on regarde toutes les passerelles possibles pour éviter de chômer », poursuit le cégétiste. « Mais c’est limité », modère Alain Lugenbuhler, de la CFDT. « Cela reste bien inférieur à notre problème, même si c’est positif », poursuit-il, tout en regrettant qu’aucun transfert de charge ne soit opéré depuis le site de Valencienne (Nord), très occupé actuellement. « Moyennant des investissements en outillages et en formation, il aurait pu être possible d’envisager de transférer une partie de l’activité. La direction d’Alstom considère que cela coûte trop cher », regrette le délégué CFDT.

Des formations, obligatoires lorsque l’on active un dispositif d’activité partielle de longue durée, seront également mises en place pendant cette période. Ces formations doivent doter les salariés de compétences permettant de répondre aux « défis technologiques et environnementaux », insiste Alstom. La formation doit être « qualifiante », met en garde Eddy Cardot, et pas seulement là « pour occuper les gens ».

Préparer le contrat ukrainien

Au-delà de la sous-charge, c’est la gestion de cette période qui inquiète les syndicats. À l’été 2022, le contrat doit commencer avec l’Ukraine. Ce sont les pré-séries. Les séries doivent débuter en 2023, avec une charge bien supérieure aux capacités actuelle de l’usine. « Nous sommes dans une situation assez contradictoire avec une période de sous-charge avec du chômage partiel prévu de l’été 2021 à l’été 2024, modulé selon les secteurs, tout en chevauchant une période de surcharge qui devrait nécessiter un renforcement des équipes et des compétences afin d’éviter un travail dans des conditions catastrophiques », analyse Alain Lugenbuhler, qui craint un recours massif, alors, à la prestation. Il redoute aussi des accidents du travail car les conditions de travail ne seront pas optimales.

Ce contrat ukrainien implique plusieurs éléments, analyse André Fages, de la CFE-CGC. Le premier est le maintien de l’emploi, avec de la charge, et ce qui lui est consécutif : le maintien des compétences pour assurer ce contrat. La CGT réclame des embauches pour anticiper cela ; « je n’ai pas senti la direction fermée à ce sujet », témoigne Eddy Cardot. Dans ce document interne que Le Trois a pu consulter, Alstom évoque 29 départs à la retraite d’ici 2 ans. Et n’envisage pas de les remplacer, « à l’exception des compétences critiques », écrit l’industriel.

Les syndicats répètent l’importance d’investir, « pour garantir l’avenir du site », résume André Fages. Il y a eu des investissements sur la partie Services, en témoigne l’agrandissement du bâtiment situé derrière la place du Général-Meyer et visible depuis le pont Legay. « Mais il n’y a pas eu d’investissements similaires sur le reste du site », observe Alain Lugenbuhler. Cette situation de sous-charge « n’est pas à ce stade de nature à compromettre la pérennité du site », rassure toutefois de son côté Alstom.

Des contrats complémentaires

Des contrats vont permettre de limiter, à la marge, la sous-charge. Selon nos informations, 5 locomotives fabriquées dans le cadre du contrat avec l’opérateur Suisse SBB vont bénéficier d’une mise à jour avec les options installées sur les derniers trains fabriqués pour cette livraison. Un contrat qui se termine et qui consistait à fabriquer 47 locomotives. Belfort va aussi participer à la fabrication du tramway de Cologne, sur de la « pré-série », précise Eddy Cardot. C’est du travail pour un semestre, de février à l’été 2022, pour 5 personnes détaille André Fages. Selon nos informations, c’est la défaillance d’un sous-traitant qui permet à Belfort de récupérer une partie de cette charge du tramway de Cologne. Sur ces deux contrats complémentaires, Alstom « ne confirme pas ».

 

C’est peut-être là que se glisse la subtilité du dossier. Le site est pérennisé. Mais avec quelle vision ? C’est cette question que veut mettre sur la table André Fages. Il évoque la taille critique de l’usine. Aujourd’hui, le site compte près de 500 personnes, hors intérimaires et prestataires. Est-ce la taille nominale pour la direction ? Ou l’imagine-t-elle plus importante pour l’avenir, compte tenu des contrats qui sont enregistrés ? Ces questions ont des répercussions sur la manière de gérer cette période de sous-charge, en investissant ou non dans les équipements et le personnel, en formant et en recherchant de nouveaux contrats. Et les syndicats aimeraient bien des réponses. « On étudie toutes les possibilités pour conforter la charge », répond simplement une porte-parole. « La direction a engagé les discussions avec un accord qui n’apporte pratiquement rien par rapport au minimum légal », souffle Alain Lugenbuhler, qui redoute des négociations difficiles. La prochaine réunion est programmée vendredi.

Alstom modernise les tramways de Lyon

C’est une bonne nouvelle pour le site de Belfort, même si cela ne résout pas sa sous-charge liée à la baisse de l’activités locomotives. Sytral, l’opérateur des transports en commun de la métropole de Lyon, a choisi Alstom pour la modernisation, à mi-vie, de 47 tramways, mis en service entre 2001 et 2004, roulant sur les lignes T1 et T2 du réseau lyonnais. Un contrat qui avoisine 42 millions d’euros. Le but est d’allonger de 10 ans la durée de vie de ces équipements, leur permettant de rouler jusqu’en 2040. Le premier tramway modernisé sera livré au printemps 2022. « Un véritable « lifting » des tramways va ainsi être réalisé́ avec le remplacement des éclairages intérieurs et extérieurs, des assises de siège, des barres de maintien, des planchers et des revêtements de sol ou encore l’application de la nouvelle livrée pour une harmonisation esthétique avec les rames de dernière génération », écrit Alstom dans un communiqué de presse. Et d’ajouter : « Certains composants vont être rénovés ou modernisés, tels que le câblage, les coffres de traction, la climatisation, etc. La structure de caisse des rames sera quant à elle contrôlée et réparée au besoin. » Belfort assurera la gestion du projet et l’industrialisation de la rénovation des rames pour la pré-série et la série détaille Alstom. C’est la première fois que la branche Services, mis en place après 2016, remporte un marché tramway. Elle n’intervenait, auparavant, que sur des locomotives et des TGV.

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